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Lundi 5 mai 2020 Risque zéro/principe de précaution… analogies Covid/crise ESB

Publié le par Joël Merceron (Institut de l'Elevage)
Autre filière Bovin lait Bovin viande Equin Caprin Ovin lait Ovin viande Veau de boucherie
Dans les filières bovines, avec la gestion des crises ESB (vache folle), nous connaissons bien les questions de risque zéro et de principe de précaution. Quel parallèle faire avec la crise du Covid ? C’est bien évidemment sans commune mesure. En 2020, la pandémie est planétaire, les conséquences économiques sont mondiales. La maladie et les risques du Covid sont réels, bien plus graves et surtout immédiats. Il faut chercher les analogies entre ces deux crises dans les regards et les réactions de la société.
  • Tout d’abord, la problématique « le risque 0 n’existe pas » n’est ni compréhensible ni admise. Dans notre société hypersécurisée, nous ne voulons prendre aucun risque. Aucun pouvoir ne peut assumer une quelconque part de risques.
  • L’influence prépondérante des médias qui, sous de bonnes intentions d’informer, lancent des alertes et attisent les polémiques. Tout le monde veut et croit tout savoir. Par rapport à la crise de 2000, c’est encore plus vrai aujourd’hui avec les réseaux sociaux et leurs lots de fake news
  • Une autre similitude serait sur l’enchaînement, l’entrainement et l’emballement des mesures prises. La voix populaire fait office d’étincelle. Alors que le sujet serait de conserver la tête froide et de relativiser, tout le monde se dit chercheur, épidémiologiste ou ministre. L’expertise, le rationalisme et même le bon sens doivent pourtant guider les choix politiques.
  • En France, le principe de précaution est une valeur cardinale. Les polémiques, la recherche de responsables et de boucs-émissaires hantent la classe politique et inhibent l’action. Animées le plus souvent par des considérations électorales, elles peuvent faire faire de mauvais choix au gouvernement, aux élus et aux maires.
  • La peur des conséquences demain sur ce qu’on ne connaît pas aujourd’hui. Depuis l’affaire du sang contaminé, tous les responsables se sentent fébriles sur les problématiques de santé avec le risque de se retrouver devant un tribunal plusieurs années après. Est-il logique que le gouvernement soit déjà sous le coup de plusieurs plaintes à propos du coronavirus ? Peut-on agir et décider sereinement quand vous pouvez tous les jours être la cible de ces recours en justice ?

 

Ayons tous l’humilité d’admettre l’incertitude et le manque de connaissance sur cette épidémie que personne ne connaissait il y a 6 mois. Faisons confiance aux décideurs, évitons les « y a qu’à, faut qu’on ». Chacun à son niveau, acceptons l’idée que le risque zéro n’existe pas, tout en prenant le juste niveau de précaution, sans en demander plus.

 

Osons vivre, c’est le premier des risques.

 

(Article paru dans le courrier des lecteurs de Ouest France du 18 mai)