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Marchés mondiaux des produits laitiers. Année 2016. Perspectives 2017 (480 - juin 2017)

Le grand écart

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Bovin lait
En 2016 comme en 2015, l’Union européenne a été au cœur de l’équilibre des marchés des produits laitiers. La chute des prix payés aux producteurs a provoqué, avec retard, un fort reflux de la production laitière européenne qui a permis le redressement des cours d’autant que la demande internationale a retrouvé de la vigueur.

En 2016 comme en 2015, l’Union européenne a été au cœur de l’équilibre des marchés des produits laitiers. En 2015, le tsunami laitier déclenché par la suppression des quotas s’est échoué sur une demande internationale stagnante, coulant les marchés des ingrédients laitiers. La chute des prix payés aux producteurs a provoqué, avec retard, un fort reflux de la production laitière européenne. La plupart des éleveurs levèrent le pied, contraints par leur laiterie ou par leur banquier (faute de trésorerie). La production laitière a aussi reculé chez les principaux exportateurs de l’hémisphère Sud (Argentine, Australie, Nouvelle-Zélande, Uruguay) où les éleveurs eurent en outre à subir des aléas climatiques marqués. La collecte est en revanche demeurée dynamique aux États-Unis où les prix sont restés incitatifs grâce à la fermeté de la demande intérieure.

 

En somme, la ressource laitière des principaux bassins exportateurs a progressé marginalement en 2016, après avoir été très dynamique en 2014 et 2015. Ce retournement de situation s’est répercuté sur la production mondiale qui a progressé moins rapidement que la demande mondiale, notamment au 2nd semestre.

 

Ralentie en 2015 malgré la faiblesse des cours, la demande internationale en produits laitiers a retrouvé de la vigueur en 2016 avec la reprise des importations de nombreux pays déficitaires. La Russie, qui a maintenu l’embargo sur les produits laitiers européens, étatsuniens et australiens, a diversifié ses fournisseurs faute de disponibilités suffisantes en Biélorussie (envers laquelle les autorités sanitaires russes ont imposé des restrictions pour raisons sanitaires depuis mai 2017). La Chine a partiellement rétabli ses importations, mais les a surtout diversifiées avec davantage de beurre, de crème,

de fromages et de laits infantiles. L’Asie du Sud-Est a globalement accru ses importations tandis que les pays du pourtour méditerranéen ont repris leurs achats.

 

Les échanges internationaux de beurre, de fromages, de poudre de lactosérum et de laits infantiles ont retrouvé de la vigueur. En revanche, ceux de poudres grasses ont marqué le pas et ceux de poudre de lait écrémé ont fléchi, malgré l’offre abondante. D’un côté, la forte demande internationale en matière grasse laitière a rapidement résorbé les stocks (beurre et fromages) accumulés en 2014 et 2015, puis enflammé les cours sur un marché en quasi pénurie au 1er semestre 2017. De l’autre, la demande toujours timide en protéines laitières a pesé sur les cours, d’autant qu’elle n’a pas permis de résorber le surstock de poudre maigre (essentiellement placé à l’intervention dans l’UE).

 

Cette évolution duale des marchés handicape toujours le redressement du prix du lait (encore trop faible pour les éleveurs), mais a toutefois modestement relancé la production laitière européenne, plus que jamais au cœur de l’équilibre des marchés. Cette situation, contrastée et inédite, s’annonce compliquée à gérer pour les transformateurs qui disposeront d’une ressource laitière plus abondante au 2nd semestre 2017 dans la plupart des grands bassins excédentaires. Elle devrait limiter la hausse du prix du lait dans l’UE.