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2016 : l'année économique bovins lait. Perspectives 2017 (476 - Février 2017)

2016 : de la dépression... aux incertitudes de marchés en 2017

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage), Benoît Rouyer (CNIEL)
Marchés Lait et viande Bovin lait
2016 aura été une année noire pour les éleveurs laitiers : nouvelle dégradation du prix du lait et mauvaise production fourragère ont encore davantage dégradé la situation économique des exploitations. La collecte s’est repliée en France, décrochant carrément en fin d’année. Le repli a été plus modeste en Europe mais a tout de même permis un redressement partiel des cours : grâce à une bonne demande, les prix des matières grasses ont vivement rebondi et entraîné le prix du lait à la hausse. Ceux des protéines restent convalescents malgré le retrait de 350 000 t de poudre à l’intervention. Le cheptel a été préservé mais beaucoup d’exploitations sont sous perfusion des banques ou des fournisseurs et 2017 s’annonce aussi cruciale qu’incertaine.

2016 aura été une année noire pour les éleveurs laitiers qui produisent du lait conventionnel. Après une crise d’une longueur inédite, ils ont encaissé de nouvelles chutes de revenu, au point qu’il est tombé dans le rouge pour la plupart d’entre eux. En plus d’une nouvelle dégradation du prix du lait, l’année climatique atypique a fortement affecté la qualité et la quantité de fourrages. En outre, les exploitations diversifiées ont subi la double, voire la triple peine, avec la baisse concomitante des produits grandes cultures et de la viande. Seuls les éleveurs « bio » ou ceux produisant du lait pour certaines AOP s’en sortent indemnes.

 

Le reflux de la collecte n’est advenu qu’au second semestre 2016, mais il a été brutal, en France comme en Europe. Confrontés à des trésoreries extrêmement dégradées, les éleveurs français et européens ont finalement réduit les charges opérationnelles, surtout alimentaires, et les investissements en matériel. Le plan européen d’incitation à la réduction volontaire des livraisons, très tardif, a probablement accentué le ralentissement à l’automne. Cependant, les producteurs semblent avoir préservé leur potentiel de production dans l’attente de jours meilleurs. Les cessations laitières ont été modérées et les cheptels nationaux (avec les génisses en France) n’ont presque pas reculé en un an.

 

Le ralentissement de la collecte européenne a partiellement rétabli les marchés. D’un côté, les moindres fabrications européennes de beurre, face à une demande internationale très ferme, ont provoqué une tension des cours. De l’autre, faute de reprise sensible de la demande, le marché des protéines laitières est resté convalescent, malgré le soutien apporté par le retrait de 350 000 t à l’intervention.

 

L’année 2017 reste très incertaine. La remontée du prix du lait devrait relancer la production laitière dans la plupart des pays européens, même s’il reste loin de son niveau de 2014. Toutefois, le marché des protéines risque de redevenir rapidement surabondant, face une demande internationale stagnante.

 

Sans un redressement solide et durable de l’économie laitière, on peut redouter, en France comme en Europe, la recrudescence des cessations laitières. Fragilisées par deux années de crise, de nombreuses exploitations laitières sont désormais sous perfusion financière des banques et des fournisseurs, malgré les aides accordées aux éleveurs et les efforts consentis par certaines laiteries. 2017 s’annonce comme une année cruciale !