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Dossier Nouvelle-Zélande - Secteur ovin. (481 - Septembre 2017)

La filière ovine néo-zélandaise a encore de la ressource !

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Ovin viande
La filière ovine néo-zélandaise, fleuron de l’agriculture dans les années 80’, s’est fait largement dépassé par l’expansion laitière. Depuis 30 ans, le cheptel de brebis a été réduit des 2/3. Cependant, la production n’a elle perdu que 31% de ses volumes, grâce à l’augmentation de la productivité. Elle se trouve pourtant reléguée vers les terres les moins favorables face à la conquête des prairies par les vaches kiwi.

La filière ovine néo-zélandaise, fleuron de l’agriculture dans les années 80’, s’est fait largement dépassé par l’expansion laitière. Depuis 30 ans, le cheptel de brebis a été réduit des 2/3. Cependant, la production n’a elle perdu que 31% de ses volumes, grâce à l’augmentation de la productivité. Elle se trouve pourtant reléguée vers les terres les moins favorables face à la conquête des prairies par les vaches kiwi.

 

Pour autant, les exploitations allaitantes (surtout spécialisées ovines dans l’île du Sud, plutôt mixtes bovins-ovins dans l’île du Nord) valorisent encore les 2/3 des prairies.

 

Les points forts de cette filière sont très nombreux, puisqu’il s’agit de l’exportateur de viande ovine leader en valeur dans le Monde (le 2ème en volume derrière l’Australie). Les coûts de production paraissent imbattables en sortie d’exploitation, 3 à 4 fois inférieurs à ceux des exploitations ovines françaises. L’industrie de l’abattage-découpe est concentrée aux ¾ dans les mains de 4 leaders, et elle est très internationalisée : 2 d’entre eux sont contrôlés par des groupes japonais et chinois. Son portefeuille clients est diversifié sur les 4 continents, mais surtout sur les marchés émergents du Sud-Est asiatique. Tout l’écosystème public privé est tourné vers l’export, avec un Gouvernement qui a conclu et négocie nombre d’accords de libre-échange bilatéraux, après la mise en sommeil de l’OMC : c’est sans doute le?pays au monde qui en a signé le plus aujourd’hui. Les organisations de R&D, de conseil et de promotion fonctionnent main dans la main pour augmenter la valeur ajoutée sur les marchés Outre-Mer.

 

Cette filière a aussi quelques points faibles. D’abord, sa sensibilité aux accidents climatiques qui ont tendance à se multiplier, même dans cet archipel au climat humide et tempéré. Ensuite, sa saisonnalité liée aux systèmes tout herbe, qui force à investir pour traiter un pic de production de décembre à mars. La très forte concurrence de la production laitière, qui ampute la production de viande ovine, aboutissant à une surcapacité avérée dans l’abattage-découpe. Le manque de main d’œuvre dans cette industrie est un problème commun en Océanie, et la filière y fait face avec de forts investissements en automatisation et en robotique. Enfin, la difficulté croissante à servir tous ses marchés cibles. La demande chinoise est tellement dynamique depuis 2012 que la Nouvelle-Zélande ne remplit qu’aux 3/4 son contingent d’exportation à droit nul vers l’UE…

 

Cela veut-il dire qu’augmenter ce contingent dans le cadre d’un futur accord entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, déjà considérable (228 ktéc, soit plus de la moitié des exportations totales du pays), serait sans risque ? Certainement non, car en cas de fermeture du marché chinois, les flux reviendraient très rapidement vers le marché européen, de loin le plus rémunérateur. Et qui sait ce qui va se passer après le Brexit, sachant que le Royaume-Uni absorbe aujourd’hui la moitié des importations de l’UE-28 ?

 

La filière ovine néo-zélandaise a donc encore de belles perspectives pour la décennie à venir. Peut-être pas d’augmentation en volume de ses exports sur un marché mondial qui parait structurellement déficitaire par rapport à une demande potentielle qui ne cesse de croître. Mais en tous cas d’augmentation en valeur sur ses différents marchés cibles. Bref, un dilemme de riche !