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Marchés mondiaux des produits laitiers en 2012 (435-mai)

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Bovin lait
L’année laitière 2012 a été contrastée à plus d’un titre. La demande mondiale en produits laitiers demeure ferme, mais l’ajustement délicat entre disponibilités et besoins alimente la volatilité des marchés. La situation économique des éleveurs laitiers s’est détériorée dans la plupart des grands bassins de production, en raison de l’envolée des charges et de l'érosion du prix du lait entre juillet 2011 et juin 2012.

L’année 2012 a de plus connu une chronologie très contrastée. Sur le premier semestre, la production, notamment dans les cinq grands bassins excédentaires (Argentine, Australie, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, UE), était encore dynamique et les disponibilités supplémentaires étaient alors supérieures à la demande solvable. Ainsi, les échanges internationaux plafonnaient d’autant plus que les importateurs se montraient attentistes face à la lente dégradation des cours mondiaux, amorcée dès la mi 2011. Ceux-ci glissèrent progressivement jusqu’à la fin du premier semestre. Les cours mondiaux du beurre et de la poudre maigre ont respectivement chuté de 40%, à 3 065 $/tonne, et de 25%, à 2 560 $/tonne, entre juillet 2011 et juin 2012.

 

Ensuite, l’effacement saisonnier de la Nouvelle-Zélande ainsi que le ralentissement puis l’arrêt de la croissance de la production dans l’UE et aux USA ont stabilisé l’offre exportable sur le marché mondial. Celle-ci est devenue inférieure à la demande internationale qui était toujours bien orientée, ce qui a contribué au redressement des cours sur le second semestre. Ainsi les cours mondiaux du beurre et de la poudre maigre ont rebondi respectivement de 17%, à 3 600 $/tonne, et de 35%, à 3 450 $/tonne.

 

L’année 2012 a une nouvelle fois mis en lumière l’extrême sensibilité des marchés des produits laitiers à de faibles variations de l’offre face à une demande plutôt rigide (peu élastique aux variations de prix) dans les pays industrialisés et à une demande dynamique dans les pays émergents, en premier lieu en Chine, mais plus sensible aux prix.

 

Un petit excès d’offre dans les principaux bassins d’exportation, entre 1 et 2 millions de tonnes sur le premier semestre 2012, a eu un effet levier considérable sur les prix. De même, un déficit d’offre début 2013, provoque un rebond et une envolée tout aussi spectaculaires des cours mondiaux. La collecte agrégée des cinq principaux pays exportateurs a fléchi de 2% d’un hiver à l’autre (avec correction de l’effet année bissextile). Elle entraine une quasi pénurie d’ingrédients laitiers sur le marché mondial, d’autant plus que les stocks étaient déjà bas. Les importateurs ont anticipé et exacerbé la nouvelle tendance. Ils achètent à tout va depuis début 2013. Et les touristes chinois s’en mêlent. Ils ramènent dans leurs valises des boîtes de lait infantile, produit devenu rare et prisé des jeunes parents chinois.

 

La fermeté, voire la nouvelle envolée, des marchés devrait se prolonger, sauf événement imprévu, jusqu’au retour de la Nouvelle-Zélande. D’ici l’automne, le prix du lait à la production redeviendra stimulant et relancera les productions européenne et étatsunienne, d’autant que le prix de l’aliment du bétail s’annonce un peu moins élevé, si les prévisions de bonnes récoltes céréalières se confirment.

 

Le probable rebond de la production peut engendrer, à l’horizon de un an, un nouveau cycle : excès d’offre, chute des cours puis baisse du prix du lait. Nous n’en sommes pas là. La volatilité, désormais chronique, des marchés agricoles montre les limites du seul ajustement par les prix de l’offre à la demande dans le cas du lait : produit fragile, pondéreux et, qui plus est, à cycle de production long. Ce nouvel aléa est indéniablement problématique pour les opérateurs, éleveurs comme transformateurs, qui doivent bénéficier d’un minimum de lisibilité et de stabilité pour investir. Ils vont devoir, chacun à leur niveau et ensemble, prendre des dispositions pour en limiter les effets, à défaut de pouvoir agir sur les causes.

 

La volatilité des marchés ne doit cependant pas occulter une autre réalité plus prometteuse : la croissance forte de la demande solvable en produits laitiers dans les pays émergents, souvent plus rapide que celle de leur production nationale. Ces pays importent déjà de plus en plus de produits laitiers en complément de leur production nationale. Ils contribuent à la progression rapide des échanges internationaux, supérieure depuis 2005 à celle de la production mondiale. Cette évolution est une indéniable opportunité pour les filières européennes et les opérateurs laitiers qui sauront concilier expansion et gestion de la volatilité des marchés.