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Marché mondial Viande bovine : Année 2021 - Perspectives 2022

Dossier Economie de l'Elevage n°531 Juin 2022

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Circuits commerciaux Marchés Lait et viande
Dans le chaos que sont devenus les marchés des matières premières, les viandes sont prises en tenaille entre la hausse des prix des intrants, énergie et aliments du bétail, les effets longs des épizooties (FPA, Influenza aviaire, récurrence de cas d’ESB atypique…) et les évolutions de la demande avec les stops & go de la restauration hors domicile et des confinements dans les différents pays.

Certes la viande bovine est moins dépendante des aliments du bétail que les monogastriques, mais elle est bien plus dépendante des aléas climatiques.

En 2021 et tout au long du 1er semestre 2022, les prix se sont envolés partout dans le monde, dans le sillage de ceux des grains et de l’énergie, mais aussi pour des raisons plus spécifiques, vigueur de la demande dans beaucoup de pays importateurs face à des grands exportateurs qui peinent à y répondre. Pourtant la production a repris dans les principaux pays producteurs après une forte chute en 2020. Pourtant les exportations des 10 principaux pays exportateurs sont revenues en 2021 au niveau de celles de 2019. Mais dans le même temps, malgré l’inflation qui affecte partout le pouvoir d’achat, les demandes croissent toujours. Ainsi les importations des 10 principaux pays acheteurs auraient cru 2 fois plus vite (+ 300 ktéc) en 2021 que les exportations des 10 principaux fournisseurs du marché mondial (+ 150 ktéc). Cependant, cette demande est toujours plus sino-dépendante, puisque la Chine (Hong Kong inclus) représente désormais 41% de la demande à l’importation des 10 principaux clients mondiaux.

Bonne nouvelle : cette demande chinoise n’a pas faibli malgré le retour de la production porcine dans l’Empire du milieu après la FPA. Mais l’écart de prix avec le porc s’y est nettement accru. Avec la permanence de la politique « 0 covid » et les confinements touchant les principales métropoles les plus cosmopolites et plus consommatrices de boeuf (Shanghai, Pékin), bien difficile de prévoir la demande pour la 2ème partie de l’année…

Les pays du Maghreb, du Proche et du Moyen Orient sont très touchés par la crise des grains, et, sauf pour ceux qui sont exportateurs de pétrole ou de gaz (Algérie, Libye, Irak, EUA, Arabie Saoudite…), la résistance de la demande en viandes bovines est incertaine. Le Russie est désormais un monde à part, qui cherchera à réorienter son commerce à l’Est, vers la Chine mais cela prendra du temps. La production du Mercosur est de plus en plus orientée à l’export aux dépens de la consommation intérieure, mais est de plus en plus soumise à des aléas climatiques, surtout des sécheresses favorisées par une déforestation qui reste galopante. Les 3 puissances Nord-Américaines sont de plus en plus présentes sur le marché mondial, malgré là aussi des sécheresses et des épisodes climatiques extrêmes.

L’Australie recapitalise…

L’évolution des prochains mois va s’écrire entre retour de l’inflation qui paraît durable, flambée des grains et des oléagineux, remontée des taux handicapant les investissements, aléas climatiques toujours plus fréquents, retour aussi de l’alimentation comme préoccupation majeure dans la plupart des pays. Bref, une situation qui pourrait décourager la capitalisation bovine, alors que les habitudes alimentaires favorisent la demande de boeuf dans beaucoup de pays et que l’inflation des intrants touche en premier lieu les productions de viande blanche…