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Dossier annuel bovins lait, Année 2021, Perspectives 2022 (Dossier Économie n° 527 - Février 2022)

2021 : Production laitière émoussée par la hausse des coûts - 2022 : Quelle reprise en temps de guerre ?

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Circuits commerciaux Coûts de production Bovin lait
2021 aura finalement été une année de transition entre deux années exceptionnelles. En France, les éleveurs ont bénéficié faiblement et tardivement du redressement des marchés des produits laitiers puis du prix du lait. En 2022, la reprise attendue de la production laitière en France et dans l’UE risque de tourner court. Avec la guerre en Ukraine, la flambée et la volatilité des marchés des grains et de l’énergie risquer d’exacerber la compétition entre productions végétales et laitières.

2021 aura finalement été une année de transition entre deux années exceptionnelles.

La pandémie avait imposé des confinements, des fermetures de restaurants, des limitations de circulation qui bouleversèrent les modes de consommation et les chaînes d’approvisionnement en 2020 même si la consommation de produits laitiers s’était globalement maintenue.

La crise sanitaire s’est prolongée en 2021, mais l’économie mondiale a connu un brutal retour de croissance. La forte et rapide reprise entraîna l’envolée des cours de l’énergie, des métaux, du fret, puis des grains. Cette flambée, qui s’est rapidement répercutée sur les prix des intrants et les coûts de production, provoqua dans un premier temps un ralentissement de la production laitière en France, mais aussi en Allemagne, malgré une très bonne année fourragère. Dans le même temps, la forte reprise de la demande chinoise, combinée à un ralentissement des disponibilités mondiales, a asséché le marché et entraîné une envolée des cours des commodités laitières puis du lait de vache.

En France, le prix du lait s’est apprécié moins vite qu’ailleurs et plus tardivement (2nd semestre), si bien que les marges laitières sont restées médiocres tout au long de l’année. Ainsi, l’amélioration du revenu estimé des exploitations laitières suivies dans le réseau Inosys découle surtout de la hausse des ventes de céréales. Avec des disponibilités laitières réduites, les transformateurs laitiers ont dans l’ensemble privilégié les produits finis. La consommation de produits laitiers a retrouvé les tendances d’avant la pandémie. La demande en produits « bio », qui avait été boostée par la pandémie, a décroché et provoqué un excès d’offre, obligeant les collecteurs à stopper les conversions, à freiner et à contenir les livraisons. Au global, le commerce extérieur en produits laitiers de la France s’est dégradé sous l’effet d’exportations réduites et d’importations plus dynamiques.

Dans l’UE-27, la production laitière a aussi légèrement reflué d’une année sur l’autre, même si diversement selon les pays. Une première depuis la crise laitière de 2009 ! Les exportations de produits laitiers ont ainsi sensiblement baissé en volume, mais se sont maintenues en valeur grâce à la remontée des cours.

En 2022, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, le monde occidental a basculé dans une autre ère. Tous les marchés et les fondamentaux de l’économie mondiale sont chamboulés. Si les perturbations directes sur le commerce extérieur de l’UE-27 en produits laitiers seront probablement modestes (cf note publiée le 11 mars sur idele.fr), les impacts indirects, liés à la flambée des marchés des grains et des intrants (énergie, engrais) s’annoncent majeurs. La pérennité des activités d’élevage en général, et laitier en particulier, est en question face à des prix des grains qui promettent d’être durablement élevés, notamment dans les régions de polyculture-élevage et en pleine transition démographique.

À court terme, la reprise de la production laitière qui était attendue dans l’UE-27 risque d’être obérée. Sans aucune visibilité sur l’ampleur et les effets multiples lors de l’édition de cette publication.