Dossier Annuel Caprins - Année 2024 - Perspectives 2025
Dossier Economie de l'Elevage - N° 558 – Avril 2025
En 2024, la production de lait de chèvre a décroché par manque de fourrages de qualité et en raison de conditions météorologiques défavorables. Les fortes chaleurs de l’automne 2023 avaient impacté les mises à la reproduction, décalant légèrement les mises bas début 2024. Puis l’humidité, le manque d’ensoleillement et les fourrages médiocres ont eu pour conséquences une collecte en recul de 3% /2023 et, au final, deux pics de lactation significativement écrêtés.
Malgré un recul du panier de charges de l’IPAMPA, les coûts de production ont poursuivi leur augmentation sous les effets conjugués de la hausse de coûts non inclus dans l’IPAMPA tels que le prix des fermages, les travaux par tiers, le SMIC. La baisse de production par chèvre a également eu un effet négatif sur le revenu.
Le prix payé aux producteurs a montré une petite hausse, grâce au taux de matière grasse élevé sur le second semestre, les négociations commerciales 2024 ayant abouti à une stabilité des prix des produits au lait de chèvre.
Si les charges opérationnelles ont sensiblement baissé, l’augmentation continue et régulière des charges de structure a détérioré le revenu des livreurs spécialisés. En systèmes avec grandes cultures, les rendements et les prix en baisse ont fait décrocher les revenus. La conjoncture porteuse en viande bovine n’a pas permis de maintenir un revenu positif en 2024 pour les systèmes « livreurs et bovins viande ». Seuls les fromagers ont pu tirer leur épingle du jeu, à condition d’avoir réussi à augmenter les prix des fromages d’au moins 5% !
La production industrielle de fromages (+1%) s’est adaptée à la reprise de la consommation de produits au lait de chèvre en 2024. Les exportations ont également été plus dynamiques. À l’inverse de 2023, les stocks ont fondu pour répondre à la demande intérieure et à l’export.
Cependant, cette hausse des ventes en volume ne s’est pas traduite par une augmentation en valeur, les consommateurs ayant adopté de nouvelles habitudes de consommation : achats plus fréquents de quantités réduites, préférence pour les produits à marques de distributeurs au détriment des marques nationales… Les volumes commercialisés sous label AOP et bio sont en baisse.
2025 s’annonce morose côté production. La menace des maladies vectorielles, dont les effets sont encore mal évalués, et les débuts de lactation difficiles, ne laissent pas entrevoir un redressement des livraisons. Les transformateurs devront ajuster leurs approvisionnements entre stocks et importations en fonction de l’évolution de la collecte. Côté consommateurs, si l’inflation est stabilisée, les conflits commerciaux mondiaux vont influencer le moral des ménages et leurs comportements d’achats, mais impossible à ce stade de savoir dans quel sens.