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Dossier annuel ovins, Année 2021 - Perspectives 2022

Dossier Economie de l'Elevage n°529 - Avril 2022

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Coûts de production Marchés Lait et viande Revenu des éleveurs Ovin lait Ovin viande
En 2021, comme lors des années précédentes, l’offre de viande ovine n’a pas répondu à une demande mondiale qui reste extrêmement dynamique, notamment en Asie et en Amérique du Nord. Cela fait flamber le prix de l’agneau comme des animaux de réforme. L’indice déflaté de la FAO pour la viande ovine, descendu à 80 fin 2015, oscille désormais entre 100 et 110 après avoir atteint 125 en septembre dernier. Ce manque d’offre a surtout affecté la Nouvelle-Zélande alors que l’Australie recapitalise, profitant d’une accalmie dans les sécheresses qui s’intensifient avec le changement climatique.

En Europe, le Brexit officialisé en janvier 2021 aura déstabilisé les flux, avec une anticipation des sorties irlandaises et surtout britanniques en 2020, qui s’est traduite par une pénurie d’offre en 2021 avec une chute des abattages au Royaume-Uni (-10%) et en Irlande (-4%). Les importations du Continent étaient donc en fort recul, d’autant plus que la logistique demeurait fortement perturbée. Malgré un sursaut de l’offre nationale (+2%), les prix ont flambé en France comme dans le reste de l’UE. La cotation de l’agneau français a ainsi atteint 8 €/kg éc fin 2021.

Elle est encore pratiquement à ce niveau fin juin 2022, en hausse de +13% d’un mois de juin à l’autre. Cependant, les coûts de production ont flambé bien davantage. L’indice des prix des intrants (IPAMPA) s’était déjà envolé avec la reprise post pandémique et les pénuries multiples, de +13,5% sur un an en décembre 2021 pour les éleveurs d’ovins viande et de +13,2% pour les ovins laitiers. L’invasion de l’Ukraine a mis le feu aux prix des aliments, de l’énergie et des engrais. En avril 2022, l’IPAMPA ovins viande était en hausse annuelle de +19,2% et l’IPAMPA lait de brebis de +20,0% ! L’inquiétude des éleveurs est d’autant plus vive que le printemps a été particulièrement sec dans la quasi-totalité des régions françaises et qu’on ne voit pas la fin de l’inflation.

C’est dans ce contexte que la Commission européenne s’affirme en passe de finaliser un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande (et une offre de 38 kt à droit nul en 7 ans qui s’ajouterait aux 126 kt du contingent actuel)… Si la Nouvelle-Zélande privilégie actuellement les marchés chinois et étatsuniens, ne remplissant plus le contingent européen, qui peut anticiper les soubresauts géopolitiques de la décennie à venir ? Une nouvelle incertitude qui s’ajoute à celles, plus actuelles, de la conjoncture économique et météorologique.

Et pourtant la souveraineté alimentaire, dont l’élevage ovin reste un maillon important, est redevenue stratégique, après plusieurs décennies de libéralisation durant lesquels les gouvernants avaient cru pouvoir la reléguer dans les archives de l’Histoire !