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Dossier annuel bovins viande - Année 2021- Perspectives 2022

Dossier Économie de l'Élevage n°526 - Janvier 2022

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage), Equipe Inosys Réseaux d'Elevage
Coûts de production Revenu des éleveurs Marchés Lait et viande Bovin viande
Après le choc des confinements en 2020, le commerce de viande bovine s’est partiellement rétabli en 2021. La reprise des échanges a été toutefois limitée par le manque de disponibilités en France comme en Europe, conséquence de plusieurs années de décapitalisation. Les prix des bovins finis ont fortement progressé, alors que ceux des broutards stagnaient. Mais les coûts de production se sont envolés, dans le sillage de toutes les matières premières. Résultat : les revenus des naisseurs sont restés à bas niveau, quand ceux des polyculteurs-éleveurs et des naisseurs-engraisseurs se redressaient.

Tout le monde se souvient des débats nourris sur « le monde d’après » au 1er semestre 2020, lors du déclenchement de la pandémie de COVID 19. Alors qu’elle est encore loin d’être terminée, le monde s’est réveillé des confinements avec une soif inextinguible de consommation. Cela s’est d’abord traduit par une envolée des prix du fret, de l’énergie (pétrole et surtout gaz), des engrais (nitratés et phosphatés), des métaux… Face aux craintes de pénurie, et malgré des fondamentaux des marchés des grains plutôt équilibrés au niveau mondial, cette flambée des matières premières a provoqué des réflexes de stockage de précaution, surtout en Chine, transmettant l’inflation aux prix des grains et des tourteaux. Tout cela a entraîné une envolée des coûts de production, notamment dans les exploitations de viande bovine. Ainsi l’IPAMPA a grimpé de 14,3 % d’un mois de novembre à l’autre.

La reprise de la restauration à partir de la fin du printemps 2021, en France comme ailleurs en Europe, a stimulé la demande en viandes bovines. Les prix se sont envolés, tout particulièrement ceux des vaches laitières, qui manquaient partout. Les prix des jeunes bovins ont suivi à partir de l’été. Ainsi, d’un mois de janvier à l’autre, la vache P gagnait 66 centimes et la vache R seulement 35 centimes en France, tandis que le JB R gagnait 72 centimes. Par contraste, les cotations des broutards ont très peu progressé.

Malgré une année climatique correcte après 3 années de sécheresse, les revenus estimés des systèmes naisseurs spécialisés sont restés scotchés à bas niveau dans les Réseaux INOSYS en 2021, en moyenne sous les 20 000 € par UMO dans cet échantillon de fermes performantes. Seuls les revenus des fermes mixtes, avec engraissement ou ventes de céréales, ont pu progresser.

Le commerce extérieur a rebondi en 2021. Les exportations sont revenues à un très bon niveau et les importations ont repris avec la restauration. La décapitalisation laitière s’est poursuivie à un rythme soutenu, et elle s’est accélérée côté allaitant, limitant la baisse de la production. Cependant, cette baisse devrait s’accélérer en 2022 après la disparition de 651 000 vaches en 5 ans. Nous estimons que la production reculera de -1,7% cette année. Comme les prévisions vont dans le même sens en UE, cela pèsera sur la consommation. La hausse des coûts et des prix sera-t-elle transmise au long de la filière ? C’est tout l’enjeu de la loi EGALIM 2 qui s’applique depuis le début de cette année, avec ses impacts attendus sur les revenus des éleveurs. Car la concurrence des cultures pourrait accentuer encore les fondamentaux de la décapitalisation dans les régions mixtes.

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.