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L’arbre, nouvel élément productif des fermes laitières ?

Publié le par Adèle Marsault (Institut de l'Elevage)
Agroforesterie Bien-être Biodiversité et paysage Climat Bovin lait
Dans un contexte de changement climatique, d’appauvrissement des sols et de diminution des ressources en eau en en énergies fossile, la réintégration de l’arbre dans le paysage fait partie des réponses que peut apporter l’agriculture. De nombreux agriculteurs souhaitent renouer avec d’anciennes pratiques liées à l’exploitation de l’arbre, mais d’autres demandent encore à être convaincus. En effet, l’arbre est un investissement sur du long terme qui demande une réelle réflexion et un suivi dans le temps.

Un atout bien-être

Avec +4°C en moyenne attendu en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire en 2100, il est essentiel d’adapter les systèmes d’élevage pour maintenir des températures confortables pour les animaux. En effet, la vache laitière produit beaucoup de chaleur par la rumination et a peu de moyens physiologiques pour l’évacuer, elle est donc en inconfort à partir de 25 °C. Lors du pâturage estival, la réintégration des arbres dans les parcelles permet de tamponner les températures extrêmes tout en maintenant de l’humidité localement. Le projet PARASOL a par exemple trouvé une diminution de 6°C sous le couvert d’arbres intraparcellaires en Auvergne. Les haies permettent aussi d’abriter les animaux du vent et de la pluie.

Un complément nutritif

Les feuilles d’arbre ont déjà été utilisées par le passé pour traverser les grandes sécheresses de l’histoire. Aujourd’hui, l’objectif est de ne plus sacrifier l’arbre, mais de prélever les feuilles sur le pied sans remettre en cause sa survie. Dans ces conditions, le rendement est faible (environ 1 kgMS/arbuste/an), mais s’ajoute au rendement de la prairie sans mobiliser d’espace supplémentaire. Et surtout, la feuille d’arbre présente d’excellente valeur nutritive. Sur la ferme expérimentale OasYs de l’INRAE de Lusignan, le saule marsault et le murier blanc présentent une valeur en MAT entre 17 et 18% quand la luzerne à la même période (fin d’été) n’est qu’à 16%, et la valeur énergétique est également supérieure.

Un atout agro-climatique

Les arbres et plus particulièrement les haies sont un rempart contre l’érosion des terres agricoles. Lors des fortes pluies qui vont devenir de plus en plus fréquentes, les racines retiennent la terre en permettent une meilleure infiltration de l’eau en profondeur. Le retour des arbres et des haies dans les terres est aussi un moyen d’augmenter le stockage de carbone par l’agriculture. 1 km linéaire de haies stocke l’équivalent de 4600 kg de CO2 par an, soit la moitié de l’empreinte carbone annuelle d’un français moyen. Les arbres et les haies hébergent également de nombreux oiseaux et petits mammifères, mais aussi bien sûr des insectes pollinisateurs essentiels à l’agriculture. Or la restauration de la biodiversité est un autre enjeu majeur du XXIe siècle.

Une diversification des revenus

La production de bois sur l’élevage permet une diversification des revenus ou une source d’économies. Le bois déchiqueté peut être utilisé comme litière, ce qui permet d’améliorer l’autonomie des élevages en zone bocagère. Il peut aussi être utilisé pour chauffer la ferme. La production de bois d’œuvre ou la plantation d’arbre fruitiers sont plus exigeants techniquement et nécessitent d’y consacrer plus de temps, mais peuvent représenter une source de revenu intéressante.