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De la graine de soja locale pour les vaches laitières de Nouvelle-Aquitaine

Publié le par Adèle Marsault (Institut de l'Elevage)
Alimentation - Abreuvement Bovin lait
L’intégration de graines de soja locales dans l’alimentation des vaches laitières permet d’améliorer l’autonomie protéique des élevages. Cela répond à un double enjeu, stratégique et climatique. Stratégique, car l’autonomie permet aux éleveurs de se mettre à l’abri des flambées de prix des matières premières, voire des ruptures d’approvisionnement. Climatique, car la filière laitière est la première filière d’élevage importatrice de tourteau de soja OGM, qui est souvent issu de la déforestation des forêts primaires d’Amérique du Sud. Plus localement, dans le nord de la région, l’AOP Beurre Charentes-Poitou intègre désormais le non OGM dans son cahier des charges, ainsi qu’un plafond sur le recours aux concentrés azotés non issus de la zone d’appellation. Un travail a été mené pendant deux ans pour évaluer la fpertinence technique et économique de l’intégration de soja dans les rations des vaches laitières et dans les assolements, ainsi que l’impact environnemental.

Les enquêtes montrent que l’incorporation de graines de soja dans la ration des vaches en lactation fonctionne si on respecte les fondamentaux zootechniques de calcul des rations. Les éleveurs utilisent la graine de soja en moyenne à hauteur de 1 kg/VL/jour. Tous les types de systèmes sont représentés : éleveurs productifs, herbagers, bios. Le toastage de la graine semble avoir peu d’intérêt en bovin lait. Les analyses montrent une amélioration d’une quarantaine de PDI « protégées » dans le rumen, ce qui, pour 1 kg de graines distribuées, contribue trop peu à l’amélioration de la ration pour espérer un gain visible donc un retour sur investissement. Le gain d'appétence peut néanmoins être utile lorsque la graine est distribuée au robot de traite. De plus, le gain de valeur alimentaire peut être affecté par les conditions de toastage, notamment dans le cas d’un toaster mobile. Le projet a permis d’établir une valeur alimentaire solide de la graine de soja crue.

 

L’intérêt économique est souvent limité si l’on opte pour une approche globale intégrant les ventes en moins de la culture remplacée (souvent du maïs grain). De plus, il doit souvent remplacer le tourteau de soja OGM dans la ration, qui est l’un des correcteurs azotés les plus compétitifs. La graine de soja est néanmoins rentable en agriculture biologique et quand elle permet de réduire l’huile de palme en plus du correcteur azoté, dans les élevages qui en utilisent. Il peut également faciliter l’accès à certains cahier des charges (AOP ou non OGM), qui peuvent financer le surcoût. Le surcoût éventuel doit être replacé dans le contexte de l’exploitation (quel % de l’EBE?). Les atouts agronomiques du soja sont difficilement chiffrables, et certains éleveurs peuvent choisir d’accepter ce surcoût pour répondre à leurs objectifs d’autonomie ou de réduction de leur impact environnemental.

 

L’utilisation de soja local permet de réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de façon parfois significative. Une exploitation conventionnelle avec un bon rendement en soja qui remplace du tourteau importé peut réduire ses émissions de 5 700 kgeqCO2/an/ha de maïs converti en soja, soit l’équivalent d’une maison d’habitation chauffée au gaz pendant 1 an. Mais le gain sera bien moins important si la graine de soja remplace du tourteau de colza, beaucoup moins émetteur, où en agriculture biologique. Cela préserve également la qualité de l’eau grâce à la réduction des nitrates, ce qui fait du soja une culture particulièrement intéressante en zone de captage.

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