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Fiche n°10 - Un usage important des vermifuges est-il dangereux ?

Publié le par Nadine Ravinet
Santé Bovin lait Bovin viande

Oui ! La lutte contre les strongles gastro-intestinaux repose essentiellement sur l’utilisation des médicaments vermifuges (anthelminthiques) appliqués aux animaux (voir fiche n°9). Mais ce recours très fréquent, peu raisonné, voire excessif, aux molécules strongylicides se heurte à plusieurs limites, et surtout au risque d’apparition de résistance des parasites à ces médicaments.

L'essentiel

  • L’utilisation importante des anthelminthiques induit une forte pression de sélection sur les populations de parasites et favorise ainsi l’émergence de parasites résistants aux molécules initialement actives. Des baisses d'efficacité des anthelminthiques chez les bovins sont déjà constatées depuis plusieurs années dans de nombreuses régions du monde, y compris en France (voir fiche n°11). Trop utiliser les anthelminthiques c’est donc mettre en danger l’efficacité de ces médicaments sur le long terme.

 

  • Les résidus de certains anthelminthiques, particulièrement les avermectines (ivermectine, doramectine, éprinomectine), rejetés dans les matières fécales des animaux traités, sont susceptibles d’exercer des effets délétères prolongés sur des espèces non-cibles, notamment sur les organismes coprophages (bousiers).

 

  • En empêchant de manière prolongée le contact avec les parasites, une utilisation trop fréquente et inappropriée des molécules rémanentes chez les jeunes bovins peut retarder l’installation de l’immunité. Pour obtenir une illustration, cliquez ici et voir fiche n°3).

 

  • Une utilisation trop systématique des anthelminthiques, selon des protocoles de traitement invariables et répétés d’une année à l’autre, pose aussi le problème de la concordance entre les dates de traitements et les dates auxquelles le risque parasitaire est effectivement réel.

 

  • Enfin, une utilisation massive des molécules antiparasitaires n’est pas en adéquation à la demande sociétale croissante de pouvoir disposer de produits issus de l’agriculture « durable », produits provenant d’élevages dans lesquels les intrants chimiques sont raisonnés et donc contrôlés.

     

Voir figure n°27

 

 

 

Ainsi, l’utilisation trop systématique et insuffisamment raisonnée des anthelminthiques pour lutter contre les strongyloses digestives doit être remise en question. Elle ne constitue une solution efficace pour lutter contre les strongles gastro-intestinaux qu’à court terme.

 

Pour réussir à la fois à…

  • maintenir les animaux en bonne santé,
  • sécuriser la production en maintenant de bonnes performances,
  • favoriser le développement de l’immunité,
  • éviter le développement des résistances aux anthelminthiques (donc préserver l’efficacité à long terme des médicaments dont on dispose),
  • éviter l’impact des anthelminthiques sur l’environnement,

 

… il faut utiliser ces médicaments antiparasitaires avec parcimonie et à bon escient.

 

Il faut donc optimiser et rationaliser leur usage en se posant deux questions fondamentales :

« Qui traiter ? » et « Quand traiter ? » (voir fiche n°13).