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Fiche n°11 - Qu'est ce que la résistance des strongles digestifs aux vermifuges ? Est-elle fréquente chez les bovins ?

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Santé Bovin lait Bovin viande

Pour une population de parasites donnée, la résistance à un anthelminthique donné correspond à l’existence d’une plus grande proportion de parasites capables de survivre au traitement avec cet anthelminthique par rapport à une population normale de référence (considérée comme sensible à cet anthelminthique). Ce caractère est héritable : la descendance de cette population de parasites sera elle aussi résistante à l’anthelminthique considéré.

 

Les signalements de résistances aux anthelminthiques chez les strongles digestifs des bovins sont moins fréquents et plus récents que chez les petits ruminants. Mais les cas sont de plus en plus nombreux, et le développement de la résistance aux anthelminthiques est probablement plus ancien (et plus fréquent) chez les bovins que les signalements ne le laissent penser.

 

L'ESSENTIEL

 

  • Au sein d’une population parasitaire globalement sensible à un anthelminthique donné, il existe toujours une très faible proportion de vers présentant une aptitude génétique à résister à l’action de cet anthelminthique. Ces vers pourront être sélectionnés par les traitements s’ils sont utilisés de manière excessive.

     

     

 

  • En effet, ces parasites survivent au traitement et auront ensuite une descendance résistante à cet anthelminthique. Petit à petit, la proportion de parasites résistants peut ainsi devenir majoritaire, et les traitements ne seront plus efficaces.

     

     

 

  • Concernant un anthelminthique, on parle classiquement de résistance dès lors que la réduction de l’excrétion d’œufs dans les fèces (ou du nombre de vers présents chez les bovins) est inférieure à 95% après traitement.

     

     

 

  • La probabilité d’apparition de population de parasites résistants est d’autant plus grande que :

    • La fréquence des traitements est élevée,
    • La même famille d’anthelminthique est très souvent utilisée (avermectines +++),
    • Les traitements ont une activité persistante dans le temps (traitements rémanents),
    • Les traitements pour-on sont souvent utilisés,
    • Les traitements sont sous-dosés (mauvaise appréciation du poids des animaux, variabilité d’absorption des médicaments pour-on),
    • L’ensemble du troupeau (lot) est traité : absence de conservation de population refuge (c’est quoi une population refuge ? Cliquez ici)

  • Les anthelminthiques les plus impliqués dans ces résistances sont les lactones macrocycliques (ivermectine, moxidectine…). Ceci est inquiétant car le marché des anthelminthiques chez les bovins est largement dominé par cette famille depuis leur introduction au début des années 80.


  • Le retour à la sensibilité d’une population de parasites ayant évolué vers la résistance ne semble pas être possible, même en l’absence d’anthelminthique. Il faut donc prévenir l’apparition de ces résistances ! Cette prévention repose sur la conservation de populations refuges de parasites (c’est quoi une population refuge ? cliquez ici (Comment faire pour conserver ces populations refuges, voir fiche n°12)

  • Depuis 2000-2005, de nombreux cas de résistances aux anthelminthiques ont été rapportés pour les strongles digestifs de bovins.

    • Les pays les plus concernés sont la Nouvelle-Zélande (jusqu’à 90% des fermes), l’Argentine et le Brésil.

    • En Europe, des cas ont aussi été signalés au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et en Suède.

    • En France, on ne dispose que de très peu de données : une enquête récente (2013) a mis en évidence des baisses d’efficacité de l’ivermectine et de la moxidectine, suggérant de possibles résistances.

     

     

  • Il y a cependant plus de signalements « ponctuels » que d’enquêtes à large échelle évaluant la fréquence de ces résistances aux anthelminthiques, ce qui empêche d’avoir une vision précise de l’importance du phénomène.

     

     

  • Le strongle digestif le plus souvent impliqué dans les résistances aux anthelminthiques est Cooperia (strongle digestif de l’intestin, voir fiche n°1). Mais Ostertagia (strongle digestif de la caillette, voir fiche n°1), le plus pathogène, a également été retrouvé dans les populations de vers résistants.

  • La ressource anthelminthique peut être considérée comme limitée voire même figée… Les délais de développement de nouveaux anthelminthiques peuvent être très longs. Il est donc illusoire de penser que l’on puisse répondre facilement à l’apparition de résistance aux anthelminthiques par l’arrivée de molécules ayant un mode d’action différent.

 

Pour en savoir plus sur la résistance aux anthelminthiques chez les bovins, cliquez ici.