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Les fromages AOP, moteurs de l'essor de l'Italie laitière - (Dossier Economie n°522 - Septembre 2021)

Dossier Economie de l'Elevage n°522 - Septembre 2021

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Coûts de production Marchés Lait et viande Bovin lait
Depuis la suppression des quotas laitiers, la filière laitière italienne connaît un essor à faire pâlir d’envie l’Allemagne et la France, et ses principaux partenaires commerciaux. En cinq ans, la production laitière a bondi de +10%, si bien que le solde commercial en produits laitiers est devenu excédentaire pour la première fois en 2020.

La production laitière a surtout progressé dans la plaine du Pô (à cheval sur 5 régions administratives de l’Italie du Nord) où se situe l’essentiel de la production nationale. Les leviers ont été l’amélioration génétique des troupeaux, le recours intensif à la complémentation alimentaire, et des investissements techniques et matériels importants. Malgré des coûts de production plus élevés qu’en Europe du Nord et de l’Ouest, les élevages laitiers d’Italie du Nord bénéficient d’une très bonne valorisation de leur lait, transformé en fromages AOP. Les emblématiques Grana Padano, Parmigiano Reggiano et Gorgonzola absorbent 40% du lait italien et sont très prisés à l’export.

La hausse de la collecte laitière a d’un côté permis d’accroître les fabrications de fromages à valeur ajoutée et de l’autre de réduire les importations de produits de base, notamment du lait vrac bon marché, qui entrent dans les fabrications de laits conditionnés et autres produits frais. Ainsi, la France, a subi une forte dégradation de son solde commercial en produits laitiers, devenu négatif depuis 2018 sous l’effet d’un fort ralentissement de ses exportations, parallèlement à des achats croissants de fromages AOP italiens.

Le dynamisme de la production italienne pourrait toutefois buter plus ou moins rapidement sur certaines limites. En Italie du Nord, le dynamisme de l’économie accentue la pression sur un marché foncier agricole devenu prohibitif. Restreints par la faible surface allouée aux cultures céréalières, les élevages laitiers recourent à des achats croissants d’aliments concentrés, massivement importés, qui gonflent les coûts de production et rendent les élevages italiens très sensibles à la volatilité des marchés des grains. En outre, le développement rapide de la production laitière a dégradé la qualité de l’eau et accru les émissions de particules fines.

Si pour l’instant c’est surtout la valeur du foncier qui pèse sur le développement de la production laitière, les attentes sociétales et les réglementations environnementales plus contraignantes pourraient à terme devenir les principaux facteurs limitants la croissance de la production laitière italienne.