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Dossier Pays-Bas - La filière caprine (N° 504 - Décembre 2019)

Dossier Economie de l'Elevage - N° 504 - Décembre 2019

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Caprin
En quelques décennies, les Pays-Bas sont devenus un acteur majeur sur le marché du lait de chèvre de l’UE. Toujours conquérante, la filière caprine est cependant rattrapée par les problématiques sanitaires et environnementales.

En quelques décennies, les Pays-Bas sont devenus un acteur majeur sur le marché du lait de chèvre de l’UE. En dépit d’un cheptel caprin relativement réduit, 590 000 têtes, ils se sont hissés au rang de 3ème rang européen, derrière la France et l’Espagne, avec près de 15% de la production européenne de lait de chèvre. La production de lait de chèvre, quasi inexistante dans les années 90, a connu depuis un essor fulgurant. Le secteur s’est révélé une alternative aux autres productions d’élevage, plus particulièrement au lait de vache, lors des grands « chocs » politiques (mise en place des quotas laitiers ; mise en œuvre de la Directive Nitrates) et sanitaires (crise de l’ESB). La filière s’est ainsi progressivement construite, d’abord pour répondre à la demande des transformateurs français puis à une industrie néerlandaise naissante.

 

L’amont s’est structuré sur des exploitations familiales de grande taille, avec des systèmes relativement homogènes, hors-sol, simples et efficaces. Si le système alimentaire est coûteux, les performances économiques reposent sur une très forte productivité du travail, qui a poussé les structures à s’agrandir fortement. La rentabilité de la production observée depuis les 5 dernières années, grâce à une conjoncture caprine extrêmement favorable, a fait sortir la filière caprine de son statut de simple alternative. De nombreux éleveurs ont investi pour développer leur production et de nombreux investisseurs se sont impliqués dans la filière, ce qui a provoqué une accélération rapide de la croissance de la production.

 

L’aval s’est structuré autour d’un nombre réduit de transformateurs qui bénéficient en outre de frais de collecte faibles, dans un pays dont la superficie ne représente que le treizième de celle de la France. Très orientées vers l’exportation de lait vrac dans un premier temps, pour compléter les besoins des transformateurs français notamment, les entreprises laitières se sont progressivement impliquées dans la transformation du lait de chèvre. La gamme de produits néerlandais s’est élargie : des fromages à pâtes pressées traditionnels, type gouda de chèvre, aux fromages lactiques d’inspiration française, principalement pour le marché européen mais aussi vers les pays tiers. A ces fabrications fromagères, se sont rajoutées les fabrications de poudres de lait, autrefois considérées comme un produit de dégagement, qui sont récemment devenues le moteur de la transformation néerlandaise… pour répondre à la demande chinoise de poudres de lait infantile en plein boom.

 

L’ensemble des évolutions décrites ci-dessus témoignent d’une filière dynamique, qui a su se développer, évoluer et s’adapter pour diversifier ses produits et ses débouchés. Néanmoins, alors que les grandes filières d’élevage (bovin lait, porc et volaille) sont aujourd’hui très impactées par la réduction draconienne des émissions d’azote et de phosphore, la filière caprine semble avoir perdu son statut de production « refuge ». Autrefois « sous les radars », elle est aussi progressivement rattrapée par des questions sanitaires, environnementales mais aussi sociétales qui pourraient conditionner son développement futur. À tel point que l’avenir de la filière néerlandaise pourrait se situer désormais… dans les Flandres belges voisines.