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Dossier Annuel Ovins, Année 2022 - Perspectives 2023 (Dossier Economie de l'Elevage n° 539 - Avril 2023)

Dossier Economie de l'Elevage n° 539 - Avril 2023

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Coûts de production Marchés Lait et viande Revenu des éleveurs Ovin lait Ovin viande
2022 a réservé son lot de surprises aux filières ovines comme à d’autres. Les prix des produits ont continué leur progression entamée dès 2021. Mais avec +2,3% pour le lait de brebis et +8,3% pour les agneaux, ces hausses sont restées relativement modestes par rapport à celles d’autres produits de l’élevage. Surtout elles sont bien inférieures à l’alourdissement des charges consécutif à l’inflation des intrants et matières premières, qui s’est accélérée avec l’invasion russe en Ukraine. Les revenus des éleveurs en 2022 ont baissé pour tous les systèmes, ovins viande comme lait, dans une fourchette comprise entre -5 000 et -10 000 euros par UMO exploitant.

Les éleveurs, confrontés à un manque de fourrages suite à la sécheresse de l’été, ainsi qu’à la hausse du prix des aliments, n’ont souvent pas eu d’autre choix que de réformer plus vite les brebis, aussi bien en élevage laitier qu’allaitant. Le cheptel français de brebis et agnelles s’est réduit de -6% fin 2022. La collecte laitière s’est repliée de -2,7% sur la campagne d’octobre à septembre. Les abattages d’agneaux ont également fléchi de -4% d’une année sur l’autre. Et malgré la hausse de réformes, la production française de viande ovine a reculé en 2022 de -3% /2021.

Dans un contexte de réduction du pouvoir d’achat des ménages, on pouvait craindre le repli de la demande de produits festifs comme la viande d’agneau. La réduction de consommation des ménages a été significative mais est restée plutôt bien alignée avec celle de l’offre, concourant finalement à des prix soutenus en 2022, en particulier pour l’agneau. Point d’alerte : la consommation de viande ovine des Français a été encore plus que précédemment couverte par des viandes importées. De tels flux se sont renforcés dans un contexte international particulièrement lourd, aussi bien au niveau européen qu’international, la demande chinoise étant réduite par les confinements.

En 2023, l’offre européenne devrait se réduire et si la demande chinoise repart, c’est autant d’agneau néozélandais qui ne parviendrait pas sur nos étals. La baisse du cheptel semble toutefois plus sensible en France qu’ailleurs en Europe. Les risques de décrochage de la production ovine française sont donc réels.