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La filière laitière fermière face aux périodes de fortes chaleurs liées au réchauffement climatique

Résultat d'une enquête en ligne 2021

Publié le par Sabrina Raynaud (Institut de l'Elevage), Hélène Le Chenadec (Institut de l'Elevage), Cécile Laithier (Institut de l'Elevage), Sylvie Morge (PEP Caprins Rhônes Alpes), Vivien Benezech (Ferme Expérimentale du Pradel), Nathalie Morardet (Association de filière Caprin Auvergne Rhône-Alpes), Claire Boyer (Institut de l'Elevage / Le Pradel), Philippe Thorey (Institut de l'Elevage / Le Pradel), Estelle Boulu (FNEC), Céline Delbes (INRAE Aurillac (15)), Yves Gaüzère (ENILBIO Poligny), Sandrine Anselmet (C.A. Isère (38)), Laurent Balmelle (Cap'Pradel)
Produits laitiers fermiers Qualité des produits laitiers Climat
Comment les périodes de fortes chaleurs liées au réchauffement climatique impactent la transformation laitière à la ferme ? Premiers éléments avec une enquête en ligne réalisée en 2021 auprès de la filière.

Réchauffement climatique et transformation laitière fermière

En préalable à un projet de recherche, nous avons voulu savoir comment les périodes de fortes chaleurs liées au réchauffement climatique pouvaient jouer sur la transformation laitière à la ferme, grâce à une enquête en ligne auprès des producteurs diffusée par l’intermédiaire du réseau des techniciens Produits Laitiers Fermiers et du site idele.fr au printemps 2021.

Merci à tous ceux qui ont répondu à l'enquête !

288 personnes ont répondu à ce questionnaire, dont 267 producteurs et 15 techniciens Produits Laitiers Fermiers. 65 % des producteurs ayant répondu à l’enquête élevaient des chèvres, parfois avec des brebis et/ou des vaches. 84 % d’entre eux fabriquaient au moins des fromages lactiques, et 39 % des produits frais.

84 % des répondants confrontés à des effets négatifs lors d’épisodes de fortes chaleurs

Seulement 45 personnes (16 %) n’ont pas observé de difficultés pour l’activité de transformation à la ferme lors des épisodes de fortes chaleurs. L’enquête a montré que 84 % des 267 producteurs ayant répondu avaient déjà été confrontés à des effets négatifs des épisodes de forte chaleur, avec dans l’ordre : des difficultés pour maintenir les températures technologiques dans les pièces de fabrication, des consommations électriques plus élevées, des difficultés au moment de la fabrication ou de l’affinage des fromages…. Ces difficultés vont avoir des répercussions directes sur la qualité des fromages produits, mais aussi bien sûr sur les conditions de travail des producteurs, même si l’un d’entre eux nous dit que « les animaux souffrent plus que les produits laitiers » en périodes de fortes chaleurs. Des défauts importants sur les fromages ou des pannes des équipements de climatisation peuvent même à l’extrême conduire à jeter des journées entières de fabrication.

Dégradation de la qualité des produits et des conditions de travail : quelles solutions mises en place par les producteurs ?

Les répondants à l’enquête ont également listé certaines solutions pour faire face aux épisodes de forte chaleur, mais les données nous manquent parfois pour les dimensionner correctement : amélioration de l’isolation, climatisation, ventilation… Des solutions moins pérennes ont également été envisagées pour adapter les bâtiments et les pratiques existants pour les producteurs qui n’envisagent pas à court terme de rénovation majeure de leurs installations : ombrage et adaptation du pâturage pour les animaux, matériels pour refroidir le lait ou climatiser les locaux, pose de volets, végétalisation, adaptations technologiques…

CLIMLACTIC : impacts des périodes de forte chaleur dues au changement climatique sur la transformation fromagère fermière en technologie lactique

Les impacts listés par les producteurs ayant répondu à cette enquête doivent cependant être caractérisés plus finement et quantifiés. Le projet CLIMLACTIC (2022-2024) voit alors le jour.

Ce projet vise à réaliser un état des lieux dans une dizaine de fermes des conséquences des épisodes de forte chaleur liés au changement climatique d’une part sur la qualité physico-chimique et microbiologique du lait de chèvre et la transformation lactique fermière et d’autre part sur les consommations d’électricité, puis à recenser les solutions technologiques et énergétiques existantes ou en pistes de recherche avec des experts. Certaines solutions technologiques seront testées à la ferme du Pradel. Ces résultats et solutions seront largement diffusés dans les filières laitières fermières après avoir été mis en forme (fiche techniques, tableaux de solutions, vidéos de témoignages).

Ce projet est piloté par l’Institut de l’Élevage, avec la Chambre d’agriculture de l’Ardèche et de l’Isère, le Syndicat Caprin de la Drôme, la Ferme expérimentale caprine du Pradel, l'INRAE Aurillac et l'ENILBIO Poligny, l’ANICAP, Cap’Pradel et AURAE. Il a reçu le soutien du dispositif PEPIT de la région Auvergne Rhône-Alpes.