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Dossier Chine - Filière laitière (Dossier Economie de l'Elevage - N°492 - Octobre 2018)

La filière laitière chinoise, 10 ans après le scandale de la mélamine

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Bovin lait
Dix ans après le scandale de la mélamine, la filière laitière chinoise n’est pas encore rétablie et la Chine est devenue le premier importateur mondial de produits laitiers. Ce dossier présente l’état du secteur laitier chinois pour mieux comprendre ses faiblesses mais également les décisions mises en œuvre pour tenter de reconquérir les parts de marché perdues : de la forte restructuration de l’amont plombé par une double perte de compétitivité, prix et hors prix à la montée en gamme des produits en passant par les investissements à l’étranger. Malgré tous les efforts entrepris par les Autorités et les acteurs de la filière, les importations devraient continuer à croître dans les années à venir.

Après une croissance fulgurante au cours des années 2000, la production laitière chinoise a été stoppée net en 2008 par le scandale de la mélamine qui ébranla tout le secteur laitier. Dix ans plus tard, les séquelles sont encore visibles et la filière laitière n’est toujours pas en ordre de marche.

 

Face à la défiance des consommateurs chinois à l’égard de certains produits laitiers nationaux, le gouvernement chinois a repris en main le secteur avec l’objectif de relancer la production, de rassurer les consommateurs et de reconquérir les parts de marché perdues. Le maillon production a subi une restructuration profonde au profit d’exploitations laitières de très grande taille, souvent intégrées verticalement, censées garantir la sécurité sanitaire et accroître rapidement la production nationale. La transformation a aussi profondément changé et vu émerger des global players.

 

Si cette restructuration a permis de rationaliser les deux maillons de la filière, celle-ci se retrouve déséquilibrée. L’amont laitier souffre de coûts de production élevés (foncier, alimentation animale) qui le rend peu compétitif face aux importations. Les grands élevages de plusieurs milliers de vaches tardent à devenir rentables et les petits élevages familiaux arrêtent par milliers chaque année faute de perspectives. La production laitière n’a ainsi pas progressé en 10 ans et reste proche des 30 millions de tonnes.

 

À l’inverse, les transformateurs laitiers ont pu en partie profiter de la hausse de la consommation à travers le développement des produits haut de gamme et l’innovation. Les deux grands leaders laitiers nationaux, Yili et Mengniu, ont accru leur domination sur le secteur, poussant les entreprises de moindre envergure à investir d’autres segments de marché (lait pasteurisé, lait de chèvre, lait de Yak) pour échapper à une confrontation directe. Enfin, les grands transformateurs chinois se sont aussi développés en investissant à l’étranger pour approvisionner le marché chinois en produits laitiers étiquetés « importés ». Mais cette stratégie accentue le cercle vicieux dans lequel les importations croissantes freinent le développement de la filière chinoise et tirent les importations pour satisfaire la demande croissante.

 

Car la consommation chinoise de produits laitiers ne cesse de progresser, en volume et plus encore en valeur. Si elle est encore faible (30 kg de lait/hab./an), elle se diversifie vers les produits fermentés qui connaissent une croissance fulgurante. Ainsi, le marché chinois des produits laitiers devrait devenir le premier marché mondial en 2022, devant celui des États-Unis.

 

Cette croissance de la demande devrait profiter en grande partie aux laits étrangers, l’écart grandissant entre production et consommation devant vraisemblablement être comblé par des importations, notamment de beurre et crème et de fromages. Devenu 1er importateur mondial de produits laitier en 2011, la Chine ne peut se passer de ces achats sur le marché international. Les marchés internationaux des produits laitiers continueront donc, au cours des prochaines années, de dépendre toujours plus de la demande chinoise mais aussi des décisions des autorités chinoises.