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2017 : l'année économique ovine. Perspectives 2018 (488 - avril 2018)

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Coûts de production Revenu des éleveurs Ovin lait Ovin viande
2017 a pris toute la filière ovine à rebours. Des prix de contre-saison encore plus bas qu’en 2016, venant après une année fourragère 2016 pénalisante, avec un engorgement du marché durant tout le 1er semestre. Et à l’inverse, un été et un automne plutôt favorables pour la production d’agneaux, malgré une sécheresse marquée dans le Sud-Est. Le tout se traduit par un bilan de production qui recule à nouveau de 1,1% en téc, mais de 2,8% pour les seuls abattages d’agneaux. Avec des importations de viande tout juste stabilisées, la consommation française de viande ovine s’érode de nouveau de plus de 1%.

Les revenus des exploitations orientées viande suivies dans le cadre des Réseaux d’élevage INOSYS ont été généralement stables, sauf pour les fourragers les plus intensifs, voire en nette hausse pour les pastoraux, grâce à la convergence des aides découplées. Les revenus des mixtes bovins-ovins sont souvent supérieurs à ceux des spécialisés naisseurs bovins des mêmes régions, alors que ceux des ovins-cultures se redressent après une année 2016 très difficile. Malgré tout, le cheptel ovin allaitant s’affiche encore en forte baisse, -3,7% d’un mois de décembre à l’autre. Seule la région PACA reste à l’écart de la décapitalisation, où la production ovine est sans doute encouragée par les bons revenus des pastoraux, malgré la progression des dégâts causés par le loup.

 

La collecte de lait de brebis est restée historiquement élevée en France (276 millions de litres selon FranceAgriMer pour la campagne 2016/17), malgré un recul dans le rayon de Roquefort. La consommation française de fromages est très dynamique (+5,5% en volume), en particulier pour les pâtes pressées non cuites. Les exploitations ovins lait des Réseaux d’élevage INOSYS verraient leurs revenus stables ou en augmentation, notamment dans les Pyrénées Atlantiques. Le cheptel laitier est stabilisé à l’échelle nationale, avec toujours une progression hors bassins traditionnels.

 

2018 s’annonce très propice pour la production de viande ovine en UE après déjà une progression en 2017 outre-Manche. Les experts s’attendent à une progression de 5 à 7% au Royaume-Uni et en Irlande, mais à une baisse marquée dans l’Hémisphère Sud, stimulant les prix face à la permanence de la demande chinoise. La France devrait malheureusement s’inscrire à rebours de cette dynamique dans le sillage de la décapitalisation de 2017. L’annonce de la fin des compléments de primes « contractualisation » et « nouveaux producteurs » en 2018 est déplorable dans ce contexte.

 

Le Plan de Filière publié par Interbev fin 2017 arrive à point nommé pour envoyer un message positif pour les installations ovines. Plus que jamais, l’enjeu démographique est crucial pour l’ensemble de la filière ovine, viande comme lait, alors que les signaux de marché sont au vert en 2018 !