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2017 : l'année économique bovins lait. Perspectives 2018 (486 - février 2018)

Redressement des marchés en 2017. Équilibre précaire en 2018.

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage), Benoît Rouyer (CNIEL)
Marchés Lait et viande Coûts de production Revenu des éleveurs Bovin lait
2017 marque la fin de deux ans de crise sévère pour les producteurs laitiers français. Le redressement du prix du lait et une bonne année fourragère ont permis un rebond de la collecte au 2nd semestre et une nette amélioration des revenus des éleveurs mais la situation financière reste critique dans bon nombre d’exploitations françaises. Le rebond plus vif de la collecte européenne a contribué à détendre le marché du beurre porté par une demande très dynamique, et à plomber celui des protéines, déjà sous la pression des abondants stocks d’intervention. L’ampleur de la hausse de production européenne en 2018 sera déterminante sur l’évolution des marchés et du prix du lait.

2017 marque la fin de deux ans de crise sévère pour les producteurs laitiers français. Le redressement significatif du prix du lait, couplé à une bonne année fourragère et un retour à la normale des rendements des grandes cultures, a permis un rebond de la collecte au 2nd semestre et une nette amélioration des revenus des éleveurs. Mais une année de bons résultats ne suffira pas à redresser la situation financière critique dans laquelle se trouvent bon nombre d’exploitations. La situation est toutefois hétérogène en Europe, où les Irlandais et les Néerlandais (mais également les Polonais) ont engrangé l’an passé de très bons revenus. Cela les a poussés à poursuivre leur expansion, même aux dépens de leurs engagements environnementaux...

 

Malgré une collecte annuelle légèrement supérieure à celle de 2016 et une nouvelle érosion de la consommation intérieure, la France n’est pas parvenue à maintenir son excédent commercial laitier qui a reculé pour la 3ème année consécutive. Les exportations ont nettement progressé vers les pays tiers mais les importations en provenance des autres pays membres de l’UE ont bondi, notamment pour combler un déficit croissant en matières grasses mais également en fromages ingrédients et frais.

 

L’année aura été marquée par une déconnexion toujours plus nette entre le marché du beurre, très tendu grâce à une demande dynamique, et celui de la protéine laitière, plombé par les stocks abondants de poudre maigre à l’intervention. Cette situation inédite, qui semble s’installer dans le temps, complique la valorisation du lait et l’adaptation aux besoins des marchés par les transformateurs.

 

L’Union européenne a confirmé le rôle clef qu’elle tient depuis le démantèlement des quotas dans l’équilibre des marchés laitiers mondiaux. Le net ralentissement de sa collecte fin 2016 a largement contribué au redressement du prix du lait. Le rebond de la collecte en 2017 dans presque tous les États membres a détendu le marché du beurre en fin d’année et plombé encore davantage celui des protéines, même si une grande part du supplément de lait a été transformé en fromages dont la demande mondiale reste très dynamique.

 

En 2018, l’ampleur de la croissance de la production européenne et les choix de la Commission européenne en matière de commercialisation des stocks d’intervention auront un impact majeur sur les cours des produits laitiers et le prix du lait, alors que la production océanienne reste limitée par des aléas climatiques en cet automne austral.