Suivi agroclimatique de l'année 2024
Bilan climatique de 2024
Avec une température moyenne de 13,9 °C et une anomalie de + 0,9 °C par rapport à la normale 1991–2020, l’année 2024 se situe au 4e rang des années les plus chaudes, ex aequo avec 2018, derrière 2022 et 2023, depuis le début des mesures en 1900
Avec une température moyenne de 13,9 °C et une anomalie de + 0,9 °C par rapport à la normale 1991–2020, l’année 2024 se situe au 4ème rang des années les plus chaudes, ex aequo avec 2018, derrière 2022 et 2023, depuis le début des mesures en 1900. L'hiver 2024 a été marqué par une douceur extrême, avec un mois de février particulièrement chaud. Dès avril, des conditions printanières se sont installées, avec des températures dépassant les 25 °C sur une grande partie du pays. L'été a débuté avec des températures proches des normales, mais une première vague de chaleur intense a touché le pays fin juillet, suivie d'une seconde plus modérée en août, notamment dans le Sud-Est. L'automne a été également doux, avec une arrivée tardive des premières gelées généralisées à la mi-novembre.
Avec plus de 1 000 mm en moyenne sur le pays, l’année 2024 a été excédentaire de 15 %, et se classe parmi les 10 années les plus pluvieuses depuis 1959.
L'année 2024 a été marquée par des précipitations abondantes et régulières. Après un hiver proche des normales, le printemps 2024 a été le plus arrosé depuis 2008, avec un mois de mars exceptionnellement pluvieux. Après un été, lui aussi, proche des normales et marqué par des épisodes orageux, le mois de septembre a connu des précipitations record, devenant le plus pluvieux depuis 25 ans. En octobre, plusieurs épisodes pluvieux majeurs ont frappé l’Hexagone, notamment un épisode très intense en Ardèche. Certaines villes ont dépassé le cumul annuel de pluie dès fin septembre, et malgré un déficit en novembre et décembre, 2024 fait partie des 10 années les plus pluvieuses depuis 1959. En conséquence, les sols sont restés plus humides que les normales pendant huit mois en 2024, du jamais vu depuis plus de trente ans.
Conséquences sur les prairies au fil de l'année
Un hiver pluvieux qui a compliqué la mise à l’herbe
L’hiver 2023-2024 a été particulièrement doux et pluvieux : il se place à la 3ème place des hivers les plus doux avec une température moyenne supérieure de 2 °C à la valeur de saison. Les précipitations ont été réparties de manière contrastée sur le pays. Février a été le mois le plus pluvieux de cet hiver avec un excédent de 50 % à l’échelle nationale et des cumuls excédentaires sur la majeure partie du pays. Par conséquent, les nappes phréatiques se sont globalement bien remplies, à l’exception de l’ancienne région Languedoc-Roussillon et du Sud du Massif central, et les sols sont très humides. L’herbe a continué à pousser cet hiver sur certaines régions et le démarrage en végétation a été plus précoce qu’à l’accoutumée grâce aux températures douces. Mais l’excès d’eau a limité la portance des parcelles, empêchant la mise à l’herbe des animaux dans un très grand nombre de régions.
De la douceur et beaucoup de pluie EN MARS : toujours pas de mise à l’herbe sur une grande moitié Nord
Le mois de mars a été caractérisé par des températures proches des valeurs de saison en début et fin de mois, entrecoupé d’un épisode de douceur marqué. Côté précipitations, les pluies ont été très abondantes, dépassant la normale de 85% à l’échelle nationale. La situation des prairies ne s’était alors pas grandement améliorée depuis mi-mars. La pluie a persisté et empêché les sols de ressuyer correctement. Sur une grande moitié Nord de la France, les éleveurs n’ont pas amorcé la mise à l’herbe et ont continué à nourrir les animaux en bâtiment pour ne pas risquer d’abîmer les parcelles. Pourtant, les températures étonnamment douces ont permis à la pousse de l’herbe de décoller et d’avancer rapidement en stade. Dans le Sud, la portance était suffisante en plaine dès fin-mars à début-avril et les animaux ont pu sortir rapidement. La situation était un peu plus délicate en altitude.
Encore et toujours de la pluie EN avril qui complique la fauche et les semis
Le mois d’avril a été contrasté, avec une première quinzaine nettement au-dessus des valeurs de référence suivie d’une seconde quinzaine plus fraîche, avec un retour du gel (y compris en plaine) et de la neige en montagne. Côté précipitations, le cumul était proche des valeurs de référence mais d’importantes disparités régionales étaient à noter, avec des régions déficitaires (Sud-Est et Sud-Ouest par exemple), et d’autres où les précipitations ont été abondantes. Conséquence de ces conditions météo, la croissance de l’herbe a été moins explosive qu’à l’accoutumée. Les animaux ont été globalement tous maintenant dehors mais ils étaient encore nombreux à rentrer occasionnellement en bâtiment à cause de la pluie ou à être complémentés à l’auge. Les hauteurs d’herbe en entrée de parcelle étaient souvent élevées, entraînant des refus dans bien des cas. Les parcelles ont été marquées par ce pâturage printanier ainsi que par les fauches précoces qui n’ont pas toujours été faites sur des sols totalement ressuyés. La quantité d’herbe récoltée a été satisfaisante mais la qualité n’a pas toujours été au rendez-vous, notamment au niveau de la MAT.
en mai, Faucher et semer entre les gouttes
Le mois de mai 2024 a été le 5ème mois de mai le plus pluvieux jamais enregistré : le cumul des précipitations a dépassé les valeurs de référence de 50 % à l’échelle nationale. Les températures sont restées proches des températures de saison, excepté lors du week-end de l’Ascension qui a été particulièrement ensoleillé. Avec un excédent pluviométrique atteignant les 45 % par rapport à la référence, le printemps 2024 se classe au 4ème rang des printemps les plus pluvieux sur la période 1959-2024, derrière les printemps 2001, 1983 et 2008. Ce printemps maussade n’a pas facilité la gestion de l’herbe et cette situation a perduré. Conséquence des précipitations et des températures proches de la moyenne, la pousse de l’herbe n’a pas atteint son pic habituel, entraînant une perte sèche de production pour les exploitations. Le plus gros des fauches a eu lieu le week-end de l’Ascension et les foins ont commencé au compte-goutte début juin. Si le rendement est satisfaisant, la qualité était rarement au rendez-vous du fait d’une végétation épiée. Quelques parcelles n’étaient toujours pas portantes et certains animaux étaient encore affouragés en bâtiment dans la moitié Nord. Les semis de maïs ont eux aussi été retardés et n’étaient pas encore terminés sur la majorité des régions.
Des foins compliqués à faire en juin, pour beaucoup de volume et peu de qualité
Contrairement à ce que l’on pouvait penser, les températures du mois de juin ont été conformes à la normale des 30 dernières années, et pas plus froides. Plusieurs passages pluvieux ont arrosé la France mais certains secteurs sont passés à côté des gouttes, comme sur le pourtour méditerranéen et de la Manche. D’autres secteurs ont reçu de grosses pluies d’orages et ont été inondés (Mayenne, Indre, Moselle, …). En moyenne, le cumul de précipitations du mois de juin dépassait de 20 % la normale. Ces nombreux passages pluvieux n’ont pas été favorables à la récolte des foins sur une très grande partie de la France. Les travaux ont souvent été retardés voire faits dans des conditions limites. Attention à bien surveiller la température des bottes avant de les rentrer ! Les quantités récoltées étaient satisfaisantes mais la qualité était médiocre : bien souvent l’herbe était bien trop avancée en stade faute d’avoir pu intervenir plus tôt à cause de la persistance de la pluie ce printemps. Les quantités récoltées ont permis de reconstituer les stocks fourragers bien entamés au printemps. Les semis de maïs n’étaient toujours pas terminés, ceux semés étaient très hétérogènes mais bénéficiaient des conditions humides du moment.
Un été orageux favorable au pâturage
Cet été a été plus chaud que la normale des 30 dernières années et s’est même placé à la 8ème place des étés les plus chauds depuis 1900. Si le mois de juin était proche des valeurs de saison, plusieurs vagues de chaleur se sont succédé en juillet et août, en particulier dans le quart Sud-Est de la France. La pluviométrie a, elle, été hétérogène, les passages pluvieux très fréquents jusqu’à mi-juillet ont ensuite été remplacés par des épisodes orageux localement violents. Dans l’ensemble, le nombre de jours de pluie de cet été était conforme à la saison. La pousse de l’herbe s’était maintenue aux alentours de 10 kgMS/ha/jour sur la plupart des régions cet été, les animaux ont continué à pâturer sans avoir besoin d’être affouragés au champ. Les performances des animaux ne s’en sont pourtant pas ressenties, la valeur alimentaire de l’herbe n’étant toujours pas au rendez-vous. Plusieurs coupes de foin ont été faites cet été, les granges étaient pleines mais d’un fourrage de faible qualité. À ce jour, la production des prairies était dans la moyenne des dernières années voire légèrement en dessous pour les régions habituellement poussantes, puisqu’il n’y a pas eu d’explosion de pousse au printemps. Le Sud de la France a lui bénéficié de conditions favorables, les prairies ont profité de cette année pluvieuse pour se remettre de plusieurs années sèches.
Un automne pluvieux favorable au pâturage mais qui complique les chantiers de récolte
Cette année aura définitivement été atypique. Si septembre a été dans la normale des températures des dernières années, octobre a été doux et s’est placé dans la continuité des mois d’octobre 2022 et 2023. Avec un cumul de précipitations dépassant de 60% la référence nationale, septembre 2024 se place parmi les dix mois de septembre les plus arrosés depuis 1959 et le plus arrosé depuis 25 ans. En octobre, des records ont été battus avec plus d’un mois de pluie tombé en une journée sur certaines zones lors du passage de l’ex-ouragan Kirk début octobre, lors de l’épisode cévenol qui a touché l’Ardèche entre le 16 et le 18, et lors de l’épisode méditerranéen de fin octobre. Des épisodes de fortes pluies plus fréquents et plus intenses sont une des conséquences du changement climatique. Contrairement à une année « normale », la pousse de l’herbe est restée relativement constante toute l’année. Peu de régions ont connu une flambée de croissance au printemps, l’été est resté poussant et le rebond automnal est peu marqué. Pour autant, l’herbe n’a pas été facile à exploiter : la portance des sols a retardé la mise au pâturage ce printemps, compliqué les chantiers de récolte en juin et limité le pâturage et les récoltes, particulièrement sur la moitié Nord à l’automne. Les prairies resteront durablement marquées par cette année pluvieuse. La conduite des maïs a été compliquée par la pluie au printemps qui a retardé les semis, mais aussi par la pluie cet automne qui a d’autant plus retardé les récoltes. Des coups de vent localisés ont couché certaines parcelles, notamment en Vendée et en Creuse, déclenchant des récoltes dans des conditions parfois plus que limites. Malgré des conditions peu favorables et stressantes, la plupart des ensilages ont pu être faits correctement, bien que tardivement, les quantités récoltées sont moyennes. Cette année a permis de faire beaucoup de stocks mais comparé à une année normale, ceux-ci sont moins riches, plus encombrants et moins appétants. Les rations devront être rééquilibrées par des concentrés et il faut s’attendre à des baisses de production voir des décalages de reproduction si la complémentation est insuffisante.