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Utilisation des plaquettes de bois en élevage caprin

Résultat d'une enquête en ligne 2022

Publié le par Hélène Le Chenadec (Institut de l'Elevage), Claire Boyer (Institut de l'Elevage / Le Pradel), Alice Pradier (Ferme Expérimentale du Pradel)
Qualité des produits laitiers Agroforesterie Caprin
Le projet CaLiBois (Caprin – Litière – Bois) a permis de tester l’utilisation des plaquettes de bois en sous-couche d’une litière paillée à la ferme expérimentale caprine du Pradel. Cet article présente les résultats d’une enquête en ligne diffusée en amont de l’essai aux éleveurs caprins, afin de recenser leurs pratiques et leurs attentes autour de l’utilisation de plaquettes de bois. Ce projet est piloté par Idele avec la participation de la ferme expérimentale du Pradel et est financé par l’ANICAP.

En préalable à l'essai à la ferme expérimentale du Pradel, nous avons souhaité interroger les éleveurs caprins afin de recenser les pratiques et les attentes autour de l’utilisation de plaquettes de bois, seul ou en complément de la litière paillée.

MERCI À TOUS les éleveurs ayant RÉPONDU À L'ENQUÊTE !

 

95 éleveurs caprins ont répondu à l’enquête en ligne diffusée en 2022. Parmi eux, 10 producteurs ont déjà utilisé des plaquettes de bois, et leurs réponses ont appuyé l’élaboration du protocole de l’essai à la ferme expérimentale du Pradel. Les autres répondants ont permis de dresser un bon état des lieux des préoccupations concernant l’utilisation des plaquettes de bois, ainsi que des attentes, de la production des plaquettes à la gestion du fumier.

Retours des éleveurs caprins utilisant les plaquettes de bois

Profil des 10 répondants utilisant dans plaquettes de bois

Les 10 répondants utilisant des plaquettes de bois produisent en moyenne 80 400 L de lait par an. Presque tous livrent du lait en filière lait cru (9/10), et 7 producteurs sur 10 sont des producteurs fermiers.

Pour tous les répondants, les plaquettes de bois sont utilisées en sous-couche lors du renouvellement de la litière, complétées par une surcouche de paille. Les réponses présentées correspondent donc uniquement à ce type de litière.

Une ressource déjà disponible sur l’exploitation

La principale motivation d’utilisation des plaquettes de bois pour les litières est la valorisation de la ressource arborée, déjà présente sur l’exploitation, telles que les haies. Pour la moitié des répondants, les plaquettes de bois sont donc produites sur l’exploitation. Les autres éleveurs s’approvisionnent auprès de fournisseurs de plaquettes (3/10), de scieries à proximité (2/10), ou encore auprès de voisins agriculteurs ou des déchèteries (1/10).

D’autres motivations rentrent également en jeu pour l’utilisation des plaquettes de bois, comme la disponibilité et le coût de la paille, ainsi que le confort des animaux. Les plaquettes de bois sont également utilisées en sous-couche pour des fonctions de drainage, d’absorption des jus, d’isolation en nursery, ou encore pour faciliter le curage lorsque le sol est en terre battue.

Des plaquettes de bois utilisées principalement pour les chevrettes et chevreaux

Parmi les répondants, la litière avec des plaquettes de bois est principalement utilisée pour les jeunes, et notamment les chevrettes (9/10), même si tous les types de caprins peuvent être concernés : chevreaux, chèvres et même boucs. Un des élevages utilise les plaquettes pour l’ensemble des caprins, et un autre uniquement pour les femelles.

Quelles plaquettes de bois utiliser ?

D'après les travaux du Ciirpo menés en filière ovine, toutes les essences d’arbres peuvent être utilisées, avec pour conditions de composter les plaquettes issues de troncs d’essences de bois dur ou de résineux.

En moyenne, les plaquettes de bois utilisées mesurent environ 3 cm (ce qui correspond aux recommandations), avec des tailles allant de 1 à 5 cm.

Mise en place et gestion de la litière composée de plaquette de bois et de paille

Pour mettre en place la sous-couche de plaquettes, la majorité des répondants (7/10) utilise le godet du tracteur. Les conceptions des bâtiments impliquent sans doute quelques contraintes, car certains éleveurs disposent également de petits tas (à l’aide de remorques ou des seaux), puis nivellent au râteau. L’épaisseur de plaquettes de bois est très variable chez les répondants, de 2 à 30 cm, avec une tendance plus forte à 10 cm (3/10).

 

Zoom sur la mise en place des plaquettes de bois au Pradel

  • Utilisation d’un chargeur et d’un tracteur, mobilisant 2 à 3 personnes pendant une heure
  • Environ 10 m3 de plaquettes de bois
  • Réparties sur 75 m²
  • En une couche de 12 cm d’épaisseur en moyenne sur un sol en terre battue inégal (épaisseur varient de 9 à 16 cm)
 

Un point important sur l’utilisation des plaquettes de bois est le taux de matière sèche. Les références du Ciirpo mentionnent au moins 80 % de matière sèche lors de l’utilisation des plaquettes de bois. Parmi les répondants, seuls 3 ont connaissance du taux de matière sèche des plaquettes utilisées, à savoir 80 et 85 %.

 

 
  • Au Pradel, les plaquettes, qui lors de la mise en place paraissaient légèrement humides, ont un taux de matière sèche de 60 %
 

Par rapport à la mise en place d’une litière paillée, quelques éleveurs témoignent utiliser environ la moitié à 1/3 de paille en moins avec la mise en place d’une sous-couche de plaquettes de bois. La fréquence de paillage est ensuite assez variable chez les répondants (tous les jours à une fois par semaine). Indépendamment de l’utilisation des plaquettes de bois, cette fréquence est variable selon la période de l’année, si les animaux ont accès au pâturage ou non, selon l’âge et le sexe des animaux (chèvre, chevrette, chevreau et bouc).

 
  • Au Pradel, 160 kg de paille ont été apportés après la mise en place d'une sous-couche de plaquettes (contre 250 à 300 kg habituellement). La même fréquence de paillage qu’en routine a ensuite été appliquée, à savoir tous les 3 jours (lundi, mercredi, vendredi).
 

Quels avantages par rapport à une litière 100 % paille ?

Les répondants ont observé plusieurs différences par rapport à la gestion d’une litière paillée, en particulier concernant l’état de la litière. Leurs observations témoignent d’une litière plus sèche. Certaines font également mention d’une meilleure absorption des jus, d’un moindre paillage et d’une température plus basse.

Du fait de cette litière moins humide et plus propre, le bien-être des animaux semble amélioré, toujours d’après le témoignage des éleveurs. La sous-couche de plaquettes de bois contribuerait aussi à mieux isoler du sol, fournissant un bon matelas. Pour un éleveur laissant une partie de stabulation en copeaux uniquement, les animaux ont le choix au niveau du couchage, entre les plaquettes de bois et la paille. Au moment du curage, les chèvres glissent moins sur le béton lorsqu’il y a des plaquettes de bois.

Si la majorité des éleveurs n’observent pas de conséquence sur le temps de travail, d’autres mentionnent une économie de paille et de temps. Le chantier du curage paraît également facilité avec la sous-couche de plaquettes de bois : le fumier est plus facile à enlever, ne colle pas au béton et le sol est plus propre après le curage. Une odeur moins forte au curage est également mentionnée, pour les chèvres et pour les chevreaux.

Comment gérer le fumier composé de bois et de paille ?

8 répondants sur 10 indiquent gérer le fumier composé de plaquettes de bois et de paille comme un fumier pailleux. Les autres pratiques mentionnées sont le compostage et l’épandage sur les parcelles.

De nombreuses questions autour des plaquettes de bois

85 producteurs caprins ont répondu aux questionnaires en ligne et ont exprimé de nombreuses questions concernant l’utilisation des plaquettes de bois. La production moyenne de l’échantillon est de 97 000 L de lait par an, 73 % sont des producteurs fermiers et 88 % d’entre eux sont en filière lait cru.

De nombreuses questions exprimées quant à l’utilisation des plaquettes de bois, de leur production jusqu’à la gestion du fumier, ont été résumé par les deux graphique ci-dessous.