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Statistiques générales de l’inséminations sur femelles laitières Campagne IA 2020-2021

Bilan des inséminations animales bovines 2021

Publié le par Sandra Dominique (Institut de l'Elevage)
Choix des reproducteurs Reproduction Ressources génétiques Bovin lait
Les statiques des inséminations animales sur femelles laitières se présentent désormais à l'échelle de la campagne d'inséminations : IA d'octobre 2020 à septembre 2021. Sur cette nouvelle campagne d'inséminations 2020-2021, les inséminations animales sur femelles laitières continuent de baisser : -1,4% par rapport à la campagne 2019-2020. C'est une baisse moins forte que lors de la campagne précédente (rappel : -3,8%). Retrouvez dans cet article les statistiques nationales des choix de reproduction en première insémination des éleveurs laitiers. Des annexes à l'échelle de l'année civile 2021 sont aussi disponibles en fin de page.

Notre étude analyse l’activité des inséminations premières (IAP) et nous permet de mettre en évidence les choix génétiques réalisés en première intention par les éleveurs lors de la mise à la reproduction de leurs femelles sur la campagne d’inséminations d’octobre 2020 à septembre 2021. Ces statistiques sont obtenues à partir des données enregistrées par les entreprises de mise en place (EMP) dans le Système National d’Information Génétique des bovins (SIG) au 15 avril 2022. 

1) VOLUME DES INSEMINATIONS SUR FEMELLES LAITIERES

Volume et proportion des inséminations sur femelles laitières
  Nb IA totales Nb IA sur femelles laitières % IA sur femelles laitières
Inséminations animales totales (IAT) 6 583 929 5 838 041 89%
Inséminations animales premières (IAP) 3 627 626 3 098 158 85%

La grande majorité des inséminations réalisées par un taureau d'insémination enregistré en monte publique concernent les femelles laitières. C’est le mode de reproduction privilégié dans cette filière.

Parmi les inséminations premières sur femelles laitières, le choix majeur est une IA en race pure. Si la grande majorité (89%) des génisses laitières sont inséminées en première intention en race pure, presque 1/3 des vaches laitières (30%) sont inséminées avec un taureau d’une autre race (laitière ou allaitante).

Les éleveurs affichent une nette préférence pour l’utilisation sur leurs génisses d’un taureau de même race. Cela s’explique principalement par le besoin de renouvellement des troupeaux qu’apporteront les veaux nés de ces génisses. En effet, la jeune génération représentée par les génisses est le support majoritaire du progrès génétique d’un élevage. La proportion d’inséminations en semence sexée plus importante sur génisses que sur vaches laitières appuie aussi ces propos ; de même que le développement de la pratique du génotypage par les éleveurs des races qui en disposent.

2) EVOLUTION DES INSEMINATIONS SUR FEMELLES LAITIERES

Ce graphique permet de constater le déclin progressif du nombre d’inséminations réalisées sur femelles laitières. La campagne record en nombre d’inséminations est celle de 2014-2015. Depuis cette campagne, on constate une baisse de 7% d’IAP (-240 000 IAP) et -10% d’IAT.

Évolution de la proportion de chaque type d'inséminations premières sur femelles laitières
% IAP2010-20112011-20122012-20132013-20142014-20152015-20162016-20172017-20182018-20192019-20202020-2021
Race pure88%88%87%86%83%81%81%79%79%77%75%
Croisées lait4%4%5%5%5%5%5%6%6%6%6%
Croisées Vainde8%8%8%8%9%12%13%14%15%17%19%

Le graphique ci-dessus et le tableau de la proportion tenue par chaque type d’inséminations premières par campagne permettent d’observer une préférence grandissante des IA en croisement viande, dès la première insémination chez les femelles laitières. Cette tendance croît plus rapidement en proportion sur les inséminations totales : 25% des IAT en 2021 contre 12% en 2011. Mais en volume, sur la dernière campagne, presque 1 IAP sur 5 a été réalisée avec un taureau de race à viande sur une femelle laitière. Un article spécifique au croisement viande sur femelles laitières sera disponible d’ici la fin d’année dans le dossier Bilan des inséminations animales bovines 2021.

3) REPRESENTATION SPATIALE DES IAP SUR FEMELLES LAITIERES EN FRANCE

 

La carte ci-dessus présente la répartition en France du nombre d’IAP réalisées sur femelles laitières par canton (dégradé bleu) ainsi que l’évolution du nombre d’IAP par département depuis la campagne 2010-2011 (cercles de couleur). Les zones où le nombre d’IAP est les plus élevé sont celles avec une forte densité de vaches laitières comme le Grand-Ouest, le Nord et l’Est.

Les zones où le cheptel laitier est peu représenté (Sud-Ouest notamment) ont connu une très forte baisse. Les vaches laitières étaient peu nombreuses et le sont de moins en moins dans cette zone. La région Auvergne-Rhône-Alpes, où les densités sont plus fortes, a connu une forte érosion, entre -10% et -19% d’IAP selon les départements. La Bretagne a connu, en proportion, une baisse moins forte de son volume d’inséminations premières avec notamment -6% pour le Finistère, -4% pour le Morbihan et -1% pour les Côtes d’Armor.

Hormis la Vendée et la Sarthe, la région des Pays-de-la-Loire semble avoir plutôt maintenu, voire légèrement augmenté son volume d’IAP en 10 campagnes. Dans cette zone du Grand-Ouest, 5 départements présentent une évolution positive : la Manche (+13%), l’Ille-et-Vilaine (+6%), la Mayenne, l’Orne et la Loire-Atlantique (+4% chacun). Le Nord, déjà département à forte tendance laitière en 2010-2011, a connu une hausse de 24% en 10 campagnes. Les départements de l’Est de la France, avec une prédominance laitière et de nombreuses AOP (= appellation d’origine protégée), connaissent eux aussi des évolutions positives avec par exemple le Doubs qui voit son nombre d’IAP augmenté de 14% et le Bas-Rhin de 16%.

D’après cette carte, la baisse globale du nombre d’IAP en France est partagée sur le territoire. Certaines zones ont connu de fortes baisses, d’autres se sont plutôt maintenues et d’autres se sont développées. Cette évolution concorde avec les observations d’un cheptel laitier en baisse mais qui a tendance à se concentrer de plus en plus dans des élevages augmentant leurs effectifs. Les zones très laitières ont une dynamique qui persiste.

4) INSEMINATIONS PAR TYPE ET RACE DE FEMELLE

Nombre et proportion des types d'inséminations premières par race de femelles
 

Nb IAP

Race pure

% IAP

Race pure

Nb IAP

Croisées viande

% IAP

Croisées viande

Nb IAP

Croisées lait

% IAP 

Croisées lait

Nb IAP

TOTALES

Prim'holstein1 668 65082%330 42116%43 4902%2 042 561
Montbéliarde360 92668%162 65131%9 3012%532 878
Normande203 95587%25 70111%3 6622%233 318
Abondance21 73069%9 28429%4782%31 492
Brune17 19378%4 17419%6033%21 970
Simmental française17 24680%3 95218%4472%21 645
Jersiaise16 29786%2 14211%5633%19 002
Pie rouge8 58965%2 15716%2 50419%13 250
Tarentaise8 57988%1 07511%1261%9 780
Vosgienne2 69686%37312%602%3 129
Bretonne Pie Noir84594%374%152%897
Bleue du Nord51582%6610%508%631

À l’échelle nationale, toutes races confondues, 75% des IAP sur femelles laitières ont été réalisées en race pure. Certaines races sont plus utilisatrices de croisement viande comme les Abondances (29%) ou les Montbéliardes (31%). Les femelles de race Pie-rouge présentent le taux le plus faible d’IAP en race pure (65%) parmi les races présentées. Cela est dû aux nombreux croisements laitiers (19% des IAP) réalisés notamment avec des taureaux de race Prim’Holstein. Les IAP des grandes races laitières, Prim’Holstein et Normande, présentent des taux d’utilisation en race pure élevés, surpassant les 80%.

5) RESULTATS DES TAUX DE NON-RETOURS 18-90 JOURS PAR RACE DE FEMELLE

En considérant l’intégralité des femelles laitières, les génisses inséminées présentent un TNR18-90j de 68% et les vaches un TNR18-90j de 57%, soit 11 points supérieurs pour les génisses.

Taux de non-retour 18-90j des IAP par race et rang de vêlage de femelles laitières
 GénissesVaches
 Nb IAPTNR18-90jNb IAPTNR18-90j
Prim’holstein563 27667%1 479 69355%
Montbéliarde124 97769%408 64663%
Normande63 56869%169 78060%
Croisé39 45572%125 49663%
Abondance5 79572%25 85962%
Brune5 81867%16 15860%
Simmental française4 70271%16 98664%
Jersiaise5 23968%13 76962%
Pie rouge3 18270%10 06957%
Tarentaise2 45170%7 32963%
Vosgienne  2 38467%

Ce tableau permet d’apprécier les résultats de fertilité de chaque race de femelles laitières à la suite d’une insémination. Le taux de non-retour 18-90j estime le pourcentage de femelles n’ayant pas eu d’IA de retour après leur IAP dans les 18-90 jours suivants cette première insémination. Elles sont donc supposées gestantes. Cet indicateur ne prend pas en compte les retours par monte naturelle ou en dehors du délai.

Les races apparaissant les plus fertiles, d’après cet indicateur, sont les génisses de race Abondance et croisées suivies des la Simmental française, Pie rouge et Tarentaise. Les vaches Vosgienne présentent le plus haut taux de non-retour 18-90j parmi les races laitières (67%) : c’est 12 points de plus que les vaches Prim’holstein ayant le TNR18-90j le plus bas (55%).

D’après le Bilan génétique des inséminations premières de l’année 2021, on peut constater que l’évolution de l’effort du choix des taureaux selon leurs index sur les caractères fonctionnels, tels que l’index de synthèse REPRO, est différente selon les races. Pour les races présentant ici de bons résultats de TNR18-90j sur vaches (>= 63%) comme la Simmental française où la Tarentaise, les BGIAP de ces races montrent une évolution des index REPRO des taureaux utilisés en IAP plutôt faible. Pour le BGIAP de la race Prim’Holstein, l’évolution des index REPRO des taureaux utilisés en IAP est forte, ce qui montre l’importance de ce caractère dans le choix des améliorations futures de cette race, lui faisant défaut aujourd’hui.

6) QU’EN EST-IL DES STATISTIQUES D’UTILISATION PAR RACE DE TAUREAUX ?

En complément de cette analyse de la reproduction des femelles laitières par insémination, vous retrouverez le bilan génétique de l’insémination (BGIAP) qui présente par race, pour chaque caractère, l’évolution de la moyenne des index des taureaux utilisés, pondérée par le nombre d’IAP réalisées par chacun d’eux ainsi que le top 5 des taureaux les plus utilisés : Collection BGIAP

Le bilan d’indexation laitière, publié chaque année aussi, apporte un constat objectif de l’évolution génétique des principales races laitières de France, basé sur les évaluations réalisées par l’INRA et les index publiés par l’Institut de l’Elevage. Il permet de faire le point des tendances pour chaque caractère indexé et pour les populations de taureaux et de vaches. Il est complété par le niveau génétique et l'effet troupeau moyen des élevages par département et pour l'année la plus récente : Collection Bilan d'indexation laitières

De plus, le tableau de bord des inséminations reprend le comptage des inséminations par race et catégorie de taureau, la répartition géographique des inséminations ainsi que le niveau génétique des mères supports et des informations sur les troupeaux : Collection Tableaux de bord