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Marchés mondiaux des Produits Laitiers : Année 2022 - Perspectives 2023 (Dossier Economie de l'Elevage n° 540 - Mai 2023)

Dossier Economie de l'Elevage n° 540 - Mai 2023

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Circuits commerciaux Coûts de production Marchés Lait et viande Revenu des éleveurs
En 2022, la production laitière mondiale a été encore moins dynamique qu’en 2021, malgré des prix des commodités laitières et du lait à la production qui ont atteint des records historiques.

Elle n’a significativement progressé qu’en Asie, en premier lieu en Inde, 1er pays laitier au monde, mais aussi en Chine où les transformateurs laitiers chinois investissent dans des méga-élevages, de plusieurs dizaines de milliers de vaches. En revanche, la production annuelle a plafonné ailleurs, notamment dans les principaux bassins laitiers excédentaires.

L’invasion d’une partie de l’Ukraine par la Russie n’a pas eu de répercussion majeure sur la géographie des échanges internationaux. Certes les flux de produits laitiers ont fléchi vers la Russie, notamment en provenance d’Argentine et de Nouvelle-Zélande. Cependant les volumes en jeu étaient plutôt modestes au regard des flux en provenance de Biélorussie, devenue le fournisseur presque exclusif de la Russie.

En revanche, elle a exacerbé et accéléré le redressement des cours des intrants (énergie, engrais, grains…) déjà à l’oeuvre depuis la reprise économique de 2021, qui faisait suite au trou d’air de l’économie mondiale en 2020. Amorcée mi-2021, la forte hausse des coûts de production a dans un premier temps plutôt pénalisé, jusqu’à la mi-2022, la production laitière dans les grands bassins. Les moindres disponibilités laitières ont alors tendu les cours des commodités laitières, au plus haut au 2ème trimestre, puis entraîné le prix du lait vers des sommets historiques. Cela a relancé la production aux États-Unis puis dans l’UE-27, mais pas en Océanie où des incidents climatiques majeurs ont ašecté la production laitière, toujours très météo sensible.

En 2022, la demande en produits laitiers a aussi diversement évolué : aux États-Unis et en Europe la consommation a plutôt bien résisté à l’inflation alimentaire. En Chine, en revanche, elle a été pénalisée par la succession de confinements partiels et l’activité ralentie de la restauration. Résultat : la Chine, le principal moteur des échanges internationaux, a fortement réduit ses achats.

Tous produits laitiers confondus, les échanges internationaux ont reculé au 1er semestre, en raison de disponibilités réduites. Ensuite, au 2nd semestre, ils ont retrouvé de la vigueur grâce au sursaut de la production dans les bassins excédentaires de l’hémisphère Nord.

Dans le détail, ceux de beurre et de matière grasse anhydre ont légèrement progressé pour cause de demande toujours ferme et croissante dans les bassins excédentaires de l’hémisphère Nord (UE-27 et États-Unis). Les échanges internationaux d’ingrédients secs (caséines et poudres de lait) ont cependant reculé faute de demande dynamique dans les principaux bassins déficitaires : en Asie, mais aussi Afrique où, à l’exception de l’Algérie, la demande en poudres de lait (principaux produits importés) est très sensible aux prix.

Début 2023, les marchés des produits laitiers ont retrouvé un certain équilibre, avec des cours ramenés à des niveaux modérés de début 2021. Cependant, ils pourraient encore se déprécier dans le sillage des cours des grains et de l’énergie, notamment si la consommation de produits laitiers reste ralentie. Auquel cas, avec un prix du lait ramené au niveau -modéré- de 2021, la production laitière pourrait au mieux se stabiliser dans l’ensemble des grands bassins excédentaires….