Retour

Dossier annuel Bovins viande : Année 2022 - Perspectives 2023 (Dossier économie n°536 - Janvier 2023)

Dossier économie n°536 - Janvier 2023

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Coûts de production Marchés Lait et viande Circuits commerciaux Bovin viande
2022 a été très compliquée pour les éleveurs bovin viande alors même que les prix payés n’avaient jamais été aussi élevés. La sécheresse et l’inflation sur les intrants ont en réalité mis les revenus à dure épreuve. La décapitalisation s’est accélérée. Le marché a manqué de viande française, mais malgré cela et malgré la baisse de de pouvoir d’achat liée à l’inflation, la consommation de viande bovine s’est maintenue en faisant appel à plus d’import. La production baissera de nouveau en 2023 et les importations pourraient poursuivre leur hausse.

2022 aura été une année paradoxale. Des prix jamais atteints pour les bovins en France (un PMP* de 4,97 €/kg en moyenne, +30% /2021) et en Europe (un JBR à 4,96 €/kg)… mais face à un IPAMPA mesurant l’inflation des intrants lui aussi record (+20% en un an). Si on y ajoute une sécheresse estivale ayant débuté dès juin, 2022 aura été une année très compliquée pour les éleveurs.

La hausse des prix de toutes les matières premières alourdit l’inflation plus vue depuis très longtemps pour les consommateurs français, de 6,7% en rythme annuel et même de 13% pour l’alimentation et la viande bovine. Et pourtant, la consommation de bœuf aurait légèrement progressé l’an passé.

Inflation des charges plus effets de la sécheresse signifient des revenus stagnant à des niveaux très modestes pour les naisseurs spécialisés INOSYS (moins de 18 000 €/ travailleur familial), et plus bas encore pour les engraisseurs de veaux sous la mère. À l’inverse, l’embellie des revenus est proportionnelle à la part de céréales de vente. Ceux des polyculteurs-éleveurs bovins seraient ainsi record en 2022.

Dans ces conditions, comment s’étonner de la décapitalisation allaitante, qui s’est encore accélérée à -3% en 2022 ? Comme la restructuration laitière s’approfondissait également à -2%, le cheptel de vaches aura donc perdu 190 000 têtes en un an et près de 840 000 en 6 ans.

Cette décapitalisation avait d’abord permis de maintenir le même niveau de production, jusqu’en 2021. Mais en 2022, la chute a été brutale : -4,7%, avec un fort recul des abattages de mâles et de réformes laitières doublé d’un allégement des carcasses lié à l’inflation sur les grains. De même, les disponibilités en broutards ont fortement reculé, aboutissant à des exports en baisse de -7%. La baisse de la production de veaux de boucherie a même atteint -7%. Le manque de disponibilités en France s’est traduit par une forte augmentation des importations, favorisée par le rebond de la restauration après 2 années de Covid et malgré une production européenne en baisse.

La visibilité reste quasi nulle sur les évolutions géopolitiques mondiales et les marchés des matières premières, avec des perspectives économiques médiocres selon la Banque Mondiale. La Commission parie sur une stabilisation des abattages européens. En France, nous prévoyons une moindre baisse de la production qu’en 2022 (-1,6% en 2023) sauf pour les vaches laitières en repli plus marqué. Les aides ne vont pas augmenter avec la réforme de la PAC. La demande française de bœuf semble solide en comparaison d’autres protéines animales, surtout pour le haché. Du coup les importations devraient encore augmenter pour la satisfaire, faute de disponibilités locales… Paradoxe toujours !

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.