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Les filières Bovins Lait aux Etats-Unis (472-octobre)

Dossier Economie de l'Elevage - N°472 - Octobre 2016

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Bovin lait
Les États-Unis ont plus que doublé leurs exportations de produits laitiers en 10 ans et assurent aujourd’hui 15% des échanges mondiaux. Ce dossier présente la filière laitière étatsunienne et les atouts expliquant ce dynamisme sans faille : du maillon production compétitif et entreprenant à l’aval de la filière constitué à la fois de coopératives incontournables pour la collecte et jouant un rôle croissant à l’export et de groupes privés cherchant avant tout à profiter d’un marché domestique très dynamique. Il analyse également la politique laitière étatsunienne très structurante et dresse les perspectives de la filière pour les 10 prochaines années.

La filière laitière étatsunienne connait un dynamisme solide et ininterrompu depuis le milieu des années 2000. Le 3ème producteur mondial de lait, derrière l’UE et l’Inde, est ainsi devenu le 3ème exportateur mondial de produits laitiers, après l’UE et la Nouvelle-Zélande : avec plus de 10% de sa collecte exportée, il assure désormais 15% des échanges mondiaux. Il dispose de nombreux atouts qui expliquent ce dynamisme sans faille.

 

En premier lieu, un maillon production entreprenant qui repose sur deux modèles d’exploitations à capitaux toujours majoritairement familiaux. D’un côté des exploitations de taille moyenne et autonomes sur le plan fourrager dans l’Est et près des Grands Lacs. De l’autre de grands ateliers quasi hors-sol dans l’Ouest qui reposent sur l’utilisation de salariés hyperspécialisés. Ces exploitations hyper-productives ont longtemps été le moteur de la croissance laitière. Mais la cherté et la volatilité croissante des aliments du bétail depuis 2008 et la rareté de la ressource en eau dans l’Ouest ont redonné des atouts au bassin laitier du Corn belt et des Grands Lacs. Les exploitations qui se développent aujourd’hui cherchent à bénéficier à la fois de l’hyper productivité permise par la grande taille et de la proximité -sinon l’autonomie- en fourrages, grains et coproduits. Elles savent aussi profiter de réglementations environnementales a minima dans des états qui cherchent à attirer de l’activité.

 

Par ailleurs, la politique laitière fédérale demeure à la fois sécurisante et stimulante pour les producteurs. La filière bénéficie d’un marché intérieur très protégé aux frontières. Les éleveurs peuvent compter sur un mécanisme de mise en marché qui leur assure une certaine équité et une liberté de production, au prix, il est vrai, d’une certaine rigidité peu propice aux innovations dans la transformation. Les éleveurs ont également accès à un dispositif d’assurance de leur marge alimentaire en cas de crise, même si les niveaux de soutien se sont avérés peu protecteurs ces deux dernières années.

 

La filière laitière peut en outre compter sur un vaste marché intérieur en forte croissance grâce au dynamisme de sa démographie, mais aussi grâce à celui de la consommation, notamment en matière grasse laitière. La très bonne valorisation du beurre sur le marché intérieur permet ainsi aux excédents de protéines laitières d’être compétitifs le marché mondial, malgré l’appréciation récente du dollar.

 

Enfin, la filière possède un maillon transformation hétérogène, mais solide. D’une part, l’implantation de nombreux grands groupes laitiers internationaux contribue au dynamisme de la demande domestique et aussi à celui de la production intérieure. D’autre part, les coopératives laitières, maillon quasi incontournable dans la collecte, jouent un rôle majeur dans la transformation et l’export de commodités laitières.

 

Au final, le dynamisme du secteur laitier étatsunien semble promis à un bel avenir à moyen terme, tant selon les prévisions de l’USDA que celles de la FAO-OCDE. La consommation domestique restera le principal moteur mais une croissance plutôt soutenue de la production devrait permettre aux États-Unis de renforcer leurs exportations de protéines laitières, lactose et fromages.