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Dossier annuel Bovins viande - Année 2023 - Perspectives 2024

Dossier Economie de l'Elevage n° 546 Janvier 2024

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Circuits commerciaux Coûts de production Marchés Lait et viande Politiques agricoles Revenu des éleveurs Bovin viande
2023 a été d’une certaine manière une année d’absorption des chocs débutés en 2022. L’inflation, qui touchait surtout en 2022 les produits énergétiques puis alimentaires, s’est propagée dans le reste de l’économie et a affecté la demande des consommateurs. La baisse de consommation de viande bovine est significative en 2023 : -3,7% en France et - 2,9% en UE. Même chronologie du côté de l’offre : après un coup d’accélérateur en 2022, qui s’expliquait par la sécheresse et la hausse brutale des coûts, la décapitalisation s’est rapprochée du rythme tendanciel des 7 dernières années.

Les éleveurs ont nettement moins réformé de vaches en 2023 qu’en 2022. Pour la deuxième année consécutive, le repli de l’offre est conséquent en gros bovins (-4,1%). Les taurillons ont mieux résisté, grâce à des mises à l’engraissement plus dynamiques en 2022-2023. Ce mouvement conjugué à des naissances en contraction conduit à un net repli des exportations de broutards (-7%). La production de veaux continue elle aussi de diminuer (-6%), les départs en retraite non remplacés et la demande atone ayant conduit à limiter les mises en place.

Les cotations des gros bovins, qui avaient fortement progressé en 2022, ont plafonné une bonne partie de 2023. Le prix moyen pondéré des gros bovins abattus progresse de seulement 4%. Les conformations les moins élevées, en vaches comme en JB, se sont érodées en fin d’année, tout comme les prix des broutards.

La résolution progressive des tensions sur les marchés des matières premières ne s’est pas traduite par un repli des charges en élevages en 2023. L’IPAMPA viande bovine est stable en moyenne sur l’année, seules les charges de carburants se replient. Les charges de structure sont en hausse notable, en particulier le coût des investissements matériels. Selon nos estimations, les revenus des éleveurs sont donc en sensible repli : ceux des naisseurs spécialisés sont en baisse moyenne de -13% à -16%, les naisseurs-engraisseurs de JB enregistrent une baisse de -21% et les producteurs de veaux sous la mère -28%. Les polyculteurs-éleveurs accusent en outre la baisse des prix des cultures de vente, et leurs revenus s’effondrent (de -57% à -76%) après une bonne année 2022. La mise en œuvre de la nouvelle PAC aura aussi impacté les revenus des éleveurs. Selon nos estimations, la baisse cumulée des aides découplées et couplées occasionnerait une baisse des aides PAC versées aux éleveurs de -4% à -10%.

En 2024 l’inflation aura certainement moins d’effets. Nous tablons sur un quasi-maintien de la consommation (-0,5%), et une baisse des abattages plus modérée qu’en 2022 et 2023 (-1,2%), non loin des estimations de la Commission pour l’ensemble de l’UE (-1,0%). Une nouvelle fois, la robustesse de la demande et les conséquences de la décapitalisation conduiront à un probable rebond des importations. Pas de rupture en vue non plus dans la dégradation du solde commercial...

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.