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Viande bovine : le Mercosur privilégie toujours plus d’export (Dossier Economie de l'Elevage n° 533 - Octobre 2022)

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Coûts de production Marchés Lait et viande Revenu des éleveurs Bovin viande
Le Mercosur est la 1ère origine mondiale pour les exportations de nombreux produits agricoles, dont le bœuf. En 2021, les 4 pays membres du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) fournissaient ainsi le 1/3 du marché mondial. Ces 4 pays se respécialisent depuis 30 ans dans les produits primaires, agricoles et miniers, accroissant leur dépendance aux importations des produits industriels et de services. Leurs exportations se focalisent sur les marchés émergents, en particulier la Chine. Cela a été la destination de 55% des exportation de viande bovine en 2021. Néanmoins, les volumes et surtout la valeur des exportations de bœuf vers l’UE restent très importantes. Après la levée de l’hypothèque Bolsonaro, l’arrivée de Lula à la présidence du Brésil pourrait être le prétexte à la relance de l’Accord commercial entre UE et Mercosur. Un accord que l’on présente souvent, non sans raison même si cela reste réducteur, comme «automobiles européennes contre bœuf mercosurien». Ce dossier détaille les points forts de la compétitivité de la viande bovine issue du Mercosur, mais aussi ses points aveugles, comme son rôle persistant dans la déforestation et le différentiel considérable des règles de production (santé animale et humaine, bien-être animal, traçabilité…).

Empêtrés dans des crises politiques, économiques et sociales à répétition, les économies des membres du Mercosur continuent de souffrir. Les politiques visant à l’industrialisation et au développement des services (en Argentine et surtout au Brésil) de la deuxième moitié du 20ème siècle sont désormais lointaines. Les économies se sont notamment recentrées sur l’exportation de matières premières dont l’« ogre chinois » est plus que jamais friand.

Ce mouvement de « reprimarisation » des puissances économiques du bloc sud-américain et la spécialisation des filières agricoles et agro-alimentaires qui en découle se réalise au détriment de l’environnement, du développement d’autres secteurs économiques, des classes moyennes urbaines mais aussi de la paysannerie familiale et des peuples indigènes. La production de viande bovine n’échappe pas à ce mouvement alors que, faute de pouvoir d’achat, la consommation intérieure est atone. Les exportations atteignent ainsi des niveaux records, notamment vers la Chine dont les achats de boeuf sur le marché mondial ne cessent de progresser. Si les exportations de viande bovine du Mercosur à destination de l’Union européenne oscillent entre 200 000 et 250 000 téc chaque année, elles devraient augmenter à moyen terme.

En effet, l’élection de Lula au Brésil pourrait désormais relancer le processus de ratification du projet d’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’UE de juin 2019. L’entrée en vigueur de nouvelles concessions sur la viande bovine (nouveau contingent et baisse des droits de douane) mettrait le marché européen, destination de choix pour la valorisation des aloyaux (filet, faux-filet, entrecôtes et bavette), face à des volumes plus importants de viandes très compétitives. Les exportations sont majoritairement réalisées par des groupes de taille gigantesque, comme JBS, dont les standards de production restent très en deçà des normes communautaires. Et les engagements de réduction, voire d’interdiction, de déforestation en Amérique du Sud restent loin d’être effectifs. Le défrichage de la végétation native reste soutenu au Brésil, mais également en Argentine et au Paraguay. Si l’Amazonie focalise l’essentiel de l’attention des médias, d’autres écosystèmes sont concernés à commencer par le Cerrado, le Chaco ou le Pantanal. L’application de l’accord commercial entre les deux blocs mettrait ainsi en compétition des viandes aux modes de production totalement différents alors que la mise en oeuvre de clauses miroir réellement effcaces par les autorités européennes reste très hypothétique et largement critiquée dans les instances internationales comme à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.