Viande bovine : le Mercosur privilégie toujours plus d’export (Dossier Economie de l'Elevage n° 533 - Octobre 2022)
Empêtrés dans des crises politiques, économiques et sociales à répétition, les économies des membres du Mercosur continuent de souffrir. Les politiques visant à l’industrialisation et au développement des services (en Argentine et surtout au Brésil) de la deuxième moitié du 20ème siècle sont désormais lointaines. Les économies se sont notamment recentrées sur l’exportation de matières premières dont l’« ogre chinois » est plus que jamais friand.
Ce mouvement de « reprimarisation » des puissances économiques du bloc sud-américain et la spécialisation des filières agricoles et agro-alimentaires qui en découle se réalise au détriment de l’environnement, du développement d’autres secteurs économiques, des classes moyennes urbaines mais aussi de la paysannerie familiale et des peuples indigènes. La production de viande bovine n’échappe pas à ce mouvement alors que, faute de pouvoir d’achat, la consommation intérieure est atone. Les exportations atteignent ainsi des niveaux records, notamment vers la Chine dont les achats de boeuf sur le marché mondial ne cessent de progresser. Si les exportations de viande bovine du Mercosur à destination de l’Union européenne oscillent entre 200 000 et 250 000 téc chaque année, elles devraient augmenter à moyen terme.
En effet, l’élection de Lula au Brésil pourrait désormais relancer le processus de ratification du projet d’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’UE de juin 2019. L’entrée en vigueur de nouvelles concessions sur la viande bovine (nouveau contingent et baisse des droits de douane) mettrait le marché européen, destination de choix pour la valorisation des aloyaux (filet, faux-filet, entrecôtes et bavette), face à des volumes plus importants de viandes très compétitives. Les exportations sont majoritairement réalisées par des groupes de taille gigantesque, comme JBS, dont les standards de production restent très en deçà des normes communautaires. Et les engagements de réduction, voire d’interdiction, de déforestation en Amérique du Sud restent loin d’être effectifs. Le défrichage de la végétation native reste soutenu au Brésil, mais également en Argentine et au Paraguay. Si l’Amazonie focalise l’essentiel de l’attention des médias, d’autres écosystèmes sont concernés à commencer par le Cerrado, le Chaco ou le Pantanal. L’application de l’accord commercial entre les deux blocs mettrait ainsi en compétition des viandes aux modes de production totalement différents alors que la mise en oeuvre de clauses miroir réellement effcaces par les autorités européennes reste très hypothétique et largement critiquée dans les instances internationales comme à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
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Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.