Dossier annuel caprins, Année 2021 - Perspectives 2022 - (Dossier économie n°528 - Mars 2022)
2021 : Entre renationalisation de l'approvisionnement et hausse ralentie de la collecte - 2022 : Les défis de la hausse des coûts et de la compétition des grandes cultures
L’an passé, le prix du lait avait bien augmenté de +4% à l’échelle du pays. Grâce à une année fourragère enfin correcte, cela avait permis une collecte en très légère hausse (+1%). Parallèlement, la transformation a encore une fois drastiquement réduit ses importations de caillé congelé, privilégiant ainsi l’affichage de l’ « origine France » pour ses fabrications. La hausse des prix payés pour le lait de chèvre en Espagne et sa convergence avec le prix français ont sans doute dissuadé les importations de lait et de caillé ramenées à 8% de l’approvisionnement en lait de chèvre. L’industrie de transformation a ainsi réduit ses fabrications de fromages de -1% et de laits conditionnés de -4%. En revanche, celles de produits ultra frais, très minoritaires, ont rebondi de +3%.
L’indice du prix de vente industriel des fromages de chèvre n’a progressé que de +1,3% en 2021 (et +2,3% pour les fromages sous marques nationales). Même si la fin des confinements successifs a signifié un retour des achats de la restauration hors domicile, cette faible inflation des prix de vente pose problème dans un contexte de forte hausse des coûts, au niveau des élevages comme de la transformation (transport, gaz, emballages…). Toute la filière attend donc beaucoup de l’application de la loi EGALIM 2. Face aux impacts de la guerre en Ukraine, le Ministre de l’Economie a ainsi exigé de tous les partenaires, distributeurs et transformateurs, qu’ils renégocient les contrats de vente conclus avant le 28 février dernier.
Nos estimations de revenus des exploitations caprines en 2021 indiquent une stagnation générale par rapport à 2020, sauf dans 2 cas. Celui des polyculteurs-éleveurs avec une part importante de cultures de vente, dont le revenu aurait atteint un record à la hausse. Et, à l’inverse, celui des livreurs du Sud-Est, dont les revenus seraient retombés au bas niveau de 2019. Quant aux fromagers, le maintien de leur revenu dépend en particulier de leur capacité à passer des hausses de prix à leurs clients.
Ce contexte est inquiétant à plusieurs titres. La compétition avec les ateliers de productions végétales est relancée comme au début de la décennie passée. Cela est particulièrement aigu au moment de choisir les investissements, et notamment lors des reprises d’exploitation. Or nous sommes en pleine transition démographique, que d’aucuns qualifient de « papy boom ». Il est donc plus urgent que jamais d’envoyer des signaux encourageant la pérennité de la filière, qui passent d’abord par des hausses de prix à tous les stades.