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2015 : l'année économique bovins lait. Perspectives 2016 (465-février 2016)

2015, de la dérégulation... aux désordres des marchés en 2016

Publié le par Benoît Rouyer (CNIEL), Philippe Chotteau, Sébastien Bouyssière (Institut de l'Elevage), Jean-Luc Reuillon, Mélanie Richard-Lenfant, Benoît Rubin (Institut de l'Elevage), Gérard You
Marchés Lait et viande Bovin lait
L’abolition des quotas n’a pas tardé à produire ses effets et on assiste à une compétition intra-européenne effrénée : cheptel étoffé, afflux de lait, dégradation des marchés, chute du prix du lait. En l’absence de régulation, rien ne laisse entrevoir à ce jour une inversion de tendance et 2016 s’annonce encore plus difficile pour les éleveurs laitiers que 2015.

Impatiement attendue par les pays laitiers les plus dynamiques, l’abolition des quotas n’a pas tardé à produire ses effets et on assiste à une compétition intra-européenne effrénée. S’y étant préparés ces dernières années, les éleveurs nord-européens ont même lâché les vannes un peu tôt, dès fin 2013, pour profiter de prix du lait alors record. Ils ont dû freiner sévèrement à l’hiver 2014-2015 pour limiter les pénalités de dépassement, très dissuasives face au prix du lait déjà largement réajusté à la baisse fin 2014. Mais ils n’ont pas pour autant entamé leur potentiel de production. Les cheptels sont restés étoffés et la collecte européenne a redémarré au printemps 2015, malgré des prix du lait de plus en plus déprimés, fortement au Nord et plus modérément à l’Est et au Sud. Ces prix bas, loin de dissuader la production, poussent les récents investisseurs à diluer leurs charges fixes dans davantage de volumes, du moins là où les transformateurs n’imposent pas de restrictions de collecte.

 

Mais l’afflux de lait supplémentaire pèse sur un marché déjà très lourd. La consommation européenne de produits laitiers ne progresse que mollement. L’UE a eu beau gagner en compétitivité grâce à la dépréciation de l’euro, ses exportations se heurtent à une demande mondiale poussive, qui souffre de la contraction des achats chinois, de l’embargo russe et du ralentissement des économies pétrolières. Résultat : les stocks de produits de report se sont à nouveau alourdis en UE et les cours des ingrédients laitiers ont continué à dégringoler.

 

En l’absence de régulation, rien ne laisse entrevoir à ce jour une inversion de tendance et 2016 s’annonce encore plus difficile pour les éleveurs laitiers. Les revenus des éleveurs français ont été divisés par deux en 2015, le léger recul du prix des intrants restant très loin de compenser l’effondrement des recettes. La crise, peut-être moins aigüe qu’en 2009, s’annonce plus longue et plus profonde.

 

De nombreuses exploitations sont fragilisées, en France comme ailleurs en Europe et toute la question est de savoir combien de temps elles peuvent résister dans une conjoncture qui restera dégradée en 2016. Dans l’immédiat, les États et parfois les transformateurs coopératifs prennent des mesures, en ordre dispersé, pour aider les éleveurs à affronter cette dépression sur les marchés laitiers. Mais seule une réponse européenne pourrait être à la mesure de l’ampleur de la crise !