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Fiche n°8 - Les outils diagnostiques utilisables en routine: utilité, interprétation, limites.

Publié le par Nadine Ravinet
Santé Bovin lait Bovin viande

 

A l’heure actuelle, la coproscopie, le dosage de pepsinogène sérique et la mesure du taux d'anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank sont les trois analyses de laboratoire utilisables en routine. Il faut bien connaître leur utilité et leurs limites pour les utiliser à bon escient et interpréter les résultats rigoureusement.

 

 

 

L'essentiel

  • La coproscopie consiste en la recherche et la quantification des œufs de strongles digestifs excrétés dans les matières fécales des bovins.
    • En présence d'une baisse de l’état général et de troubles digestifs chez des jeunes bovins non immuns au pâturage, la coproscopie peut être utilisée pour confirmer une suspicion de strongylose digestive.
    • En l’absence de signe clinique, la coproscopie n’est pas un outil fiable pour décider qui et quand traiter pour éviter l'impact de l'infestation sur la croissance des jeunes et sur la production laitière des adultes.

 

  • Le taux de pepsinogène sérique est un marqueur des lésions de la caillette, et un indicateur de la charge parasitaire chez les jeunes bovins. En effet, le pepsinogène est une enzyme de la caillette (digestion des protéines) qui peut passer dans la circulation sanguine lorsque la paroi de la caillette est lésée.
    • C’est l’examen à réaliser sur les génisses en fin de saison de pâturage pour :
      1. évaluer l’intérêt d’un traitement anthelminthique à la rentrée en stabulation
      2. évaluer rétrospectivement si le plan de contrôle de l’infestation a été efficace au cours de saison de pâturage.
    • Ce dosage ne peut être utilisé chez les vaches faute de seuils d’interprétation valides chez les adultes.

 

  • Le niveau d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank est un reflet du niveau d’exposition du troupeau de vaches laitières aux strongles digestifs. Il est mesuré par technique ELISA sur un échantillon de lait de tank. Le résultat s’exprime en Ratio de Densité Optique (RDO, souvent appelé « DO »).
    • En fin de saison de pâturage, le niveau d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank peut faire partie des critères à considérer pour décider de traiter (ou pas) les vaches adultes.
    • Mais ATTENTION, les travaux scientifiques récents indiquent que ce résultat ne doit pas être pris en compte seul (Résultat CASDAR parasitisme) : la prise en compte simultanée du statut immunitaire du troupeau de vaches (via le TCE, voir fiches n°6 et n°19) permettrait de mieux identifier les troupeaux dans lesquels le traitement des vaches adultes peut entraîner une augmentation de production laitière.

 

 

Vous trouverez ci-dessous un tableau synthétique de l’utilité et des limites de chacune des ces analyses de laboratoire (vous pouvez également le consulter en cliquant ici)

Analyses de laboratoireMarqueur de…A utiliser…

Limites de cet outil diagnostique

Quand ?

Sur quels animaux ?

Pour quoi ?

Chez les génisses

Chez les vaches adultes

 

Coproscopie

Résultat exprimé en nombre d’œufs par gramme de fèces (opg)

La présence de vers adultes dans le tube digestif

En cours de saison de pâturage

Sur des génisses présentant des troubles digestifs

Pour confirmer ou infirmer une suspicion de strongylose digestive clinique

 

•Inutilisable pour savoir quand traiter en l'absence de signe clinique

 

•Inutilisable pour évaluer si un traitement est nécessaire à la rentrée en stabulation.

•Inutilisable pour confirmer ou infirmer une suspicion d’ostertagiose de type 2 en fin d’hiver – début de printemps (voir fiche n°2)

 

•Inutilisable pour identifier les vaches qui pourraient avoir une augmentation de production laitière après traitement (mauvais indicateur de traitement sélectif) (Résultat CASDAR parasitisme)

 

•Pas de relation entre le résultat coproscopique et la charge parasitaire

 

Dosage de pepsinogène sérique

Résultat exprimé en milli-unité tyrosine (mUTyr)

L’étendue et la gravité des lésions de la paroi de la caillette

En cours de saison de pâturage (été – automne)Sur des génisses présentant des troubles digestifsPour confirmer ou infirmer une suspicion de strongylose digestive clinique (ostertagiose de type 1)

 

Il faut toujours doser le pepsinogène sérique sur plusieurs génisses d’un même lot, et rester prudent dans l’interprétation si un seul animal présente  un taux élevé.

Les seuils d’interprétation utilisés pour les jeunes bovins ne sont pas transposables chez les bovins adultes.

Attention: les seuils d'interprétation sont variables suivant la méthode de dosage utilisées au laboratoire: renseigner vous auprès du laboratoire.



•Inutilisable pour identifier les vaches qui pourraient avoir une augmentation de production laitière après traitement (mauvais indicateur de traitement sélectif) (Résultat CASDAR parasitisme)

• La relation entre le taux de pepsinogène et la charge parasitaire est inconstante chez les vaches adultes



A la rentrée en stabulationSur les génisses (1ère et 2ème saison de pâturage) : au minimum 5 génisses d’un même lotPour quantifier la charge parasitaire et évaluer s’il est nécessaire de les traiter
A la fin de l’hiver-début du printempsSur des génisses ayant pâturé l’automne précédent et présentant des troubles digestifsPour confirmer ou infirmer une suspicion d’ostertagiose de type 2 (voir fiche n°2)

Mesure du niveau d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank

Résultat exprimé en Ratio de Densité Optique (RDO)
L’exposition moyenne du troupeau de vaches laitières aux strongles digestifsA l’automneVaches laitière (prélèvement de lait de tank)

•Pour évaluer l’exposition moyenne du troupeau de vaches laitières aux strongles digestif pendant la saison de pâturage.

•Pour identifier les troupeaux où la production laitière peut être améliorée après traitement strongylicide (un des critères à prendre en compte).

•A ne pas interpréter de manière isolée : prendre en compte en parallèle la conduite de pâturage et le statut immunitaire du troupeau via le TCE (Résultat CASDAR parasitisme)

•Des réactions croisées sont possibles avec la grande douve

 

 

Pour en savoir plus sur chacun de ces trois outils diagnostiques, cliquez sur les liens ci-dessous :