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Statistiques des inséminations sur femelles allaitantes 2020

Bilan des inséminations animales bovines 2020

Publié le par Denis Faradji (Institut de l'Elevage), Sandra Dominique (Institut de l'Elevage)
Choix des reproducteurs Evaluations et index Génomique Reproduction Ressources génétiques Bovin viande
Les inséminations animales sur femelles allaitantes connaissent une baisse de -2,6% entre 2019 et 2020. Cette année, 551 711 femelles de races allaitantes ont été inséminées dans 36 052 élevages. Retrouvez dans cet article, et son document associé en fin de page, les statistiques nationales des inséminations sur femelles allaitantes ainsi qu'un focus sur les inséminations en base de sélection.

En 2020, environ 6 694 000 inséminations totales (IAT) ont été réalisées sur le cheptel bovin français, parmi lesquelles 776 600 inséminations totales sur des femelles de races allaitantes, ce qui représente 11,6% des IAT.

Le graphique suivant présente l'évolution du nombre d'inséminations animales bovines en France depuis 10 ans et la part que représente les inséminations dans le cheptel allaitant. L'activité sur femelles allaitantes est en très légère baisse depuis plusieurs années : -1,2% sur 10 ans. Le nombre d’inséminations totales baisse depuis 2015 et la proportion de femelles allaitantes inséminées évolue peu.

Part des femelles allaitantes sur le nombre d’inséminations premières réalisées en France

L’insémination est une pratique minoritaire chez les éleveurs allaitants.

Entre 2010 et 2015 le nombre de femelles allaitantes inséminées est plutôt stable autour de 622 000 inséminations premières. A partir de 2015 on note une baisse de plus en plus marquée. En effet, entre 2015 et 2020, le nombre de femelles inséminées baisse de -12% (- 72 200 IAP). Cette année encore, entre 2019 et 2020, on constate une baisse de -2,6%, soit 21 000 femelles allaitantes inséminées en moins.

Ce retrait est à mettre en relation avec les contextes de changements climatiques et économiques que connaissent la filière et la décapitalisation observée notamment au sein du troupeau allaitant. Les premiers résultats du recensement agricole 2020, ainsi que les travaux sur les projections démographiques des chefs d'exploitations , présentés lors du récent Grand Angle Viande, sont informatifs à cet égard.

Les races de femelles mises à la reproduction par insémination

Les inséminations animales sur femelles allaitantes sont majoritairement réalisées sur des femelles de race :

  • Charolaise avec 43% des IAP
  • Limousine avec 18% des IAP
  • Blonde d’Aquitaine avec 17% des IAP
  • Aubrac avec 5% des IAP

Ces quatre races représentent 83% des femelles allaitantes inséminées en France en 2020.

Principaux taureaux utilisés chez les races les plus représentées

L’insémination est un mode de reproduction qui, au-delà de créer la génération future, permet aux éleveurs de répondre aux besoins d’amélioration génétique de leurs troupeaux. Nous présentons ci-dessous les principaux taureaux utilisés en 2020 pour les 4 races allaitantes les plus utilisées.

AUBRAC

En race Aubrac, les 5 taureaux les plus utilisés réalisent 41% des IAP en race pure.

Blonde d'Aquitaine

En race Blonde d’Aquitaine, les 5 taureaux les plus utilisés réalisent 26% des IAP en race pure. La présence des index IABvbf indique que les taureaux peuvent être utilisés pour la production de femelles de renouvellement et/ou la production de veaux sous la mère, selon leurs niveaux sur IFNAIS et dans le cadre d’accouplements correctifs, sur les caractères CRsev et DMsev.

Charolaise

En race Charolaise, ces 10 taureaux représentent 28% des inséminations premières réalisées en race pure. La race Charolaise offre une forte diversité en choix de taureaux ce qui explique la diffusion d’un top 10 et non d’un top 5 qui ne couvrirait que 17% des IAP. Parmi ces 10 taureaux, on constate que la plupart sont relativement âgés, ils ont confirmé dans les élevages, présentent des coefficients de détermination (CD) élevés et répondent aux attentes de leurs utilisateurs. C’est le cas par exemple, pour GIONO et DANDY, qui présentent des niveaux génétiques bons à élevés sur l’ensemble des caractères, ainsi que des pedigrees originaux qui facilitent leurs utilisations. Les autres taureaux répondent soit à la demande des éleveurs sur les facilités de naissance, pour une utilisation sur génisses et/ou sur vaches, soit ils sont « originaux ». Souvent ils répondent à ces deux attentes. La présence d’un taureau Sans Cornes (NIRVANA P) indique l’attrait croissant des éleveurs pour ce gène qui, de ce fait, se diffuse dans la population Charolaise.

Limousine

En race Limousine, les 5 taureaux les plus utilisés réalisent 22% des IAP en race pure. Pour cette race on observe dans ce top 5 que les taureaux utilisés possèdent également des index aptitudes bouchères pour la production de veaux sous la mère (4/5), et 3 taureaux qui ont un profil « renouvellement femelles ». Parmi eux, un taureau avec un niveau très élevé sur la facilité de naissance, et un reproducteur homozygote Sans Cornes (NESONO PP), qui témoigne que la diffusion de ce gène répond à une attente des éleveurs Limousin.

Pratique de l’insémination dans les élevages de la base de sélection

On définit ici les IA en base de sélection comme les IA réalisées dans des élevages dont, à la date de l'IA, un contrat au contrôle de performance (VA4 ou VA0) et un contrat à la Certification de la Parenté Bovine (CPB) sont actifs.

Pour décrire la pratique de l’insémination au sein du troupeau allaitant, il est nécessaire d’observer qu’elle est son utilisation, dans les élevages qui composent la base de sélection. Les reproducteurs mâles qui en sont issus, sont potentiellement diffusés au sein de cette même base de sélection ou dans les élevages commerciaux, par insémination pour un petit nombre d’entre eux et par saillie naturelle, la pratique étant majoritaire dans la filière allaitante.

Sur l’ensemble des femelles allaitantes inséminées en race pure, 39% des inséminations premières sont réalisées sur des femelles appartenant à la base de sélection, cela concerne 23% des élevages qui pratiquent l’insémination.

Découvrez dans la diapositive suivante un zoom sur ces inséminations en base de sélection :

 

Au sein de ces 4 races, le nombre d’IAP réalisées sur les femelles de la base de sélection représente de 32% (race Blonde d’Aquitaine) à 44% (race Aubrac) de l’ensemble des inséminations premières réalisées en race pure. En termes de nombre d’élevage, la part varie de 17% (race Blonde d’Aquitaine) à 24% des élevages (race Aubrac). La pratique de l’IA est plus intense dans les élevages de la base de sélection, on insémine en moyenne dans ces élevages 2,5 fois plus que dans les élevages commerciaux.

On constate que les 3 races les plus utilisatrices de l’IA réalisent entre 30% et 40% de leurs IAP en « base de sélection », quand les races Parthenaise et Gasconne dépassent les 60% !

Les élevages de la base de sélection, pratiquant l’insémination, sont plus représentés dans les troupeaux de grande taille (>=70 vêlages).

Répartition spatiale des inséminations sur femelles allaitantes

On réalise des inséminations sur femelles allaitantes dans tous les départements qui en détiennent à des degrés très divers. Globalement, l’activité est plus intense dans les départements Bretons, ceux du nord et de l’est de la France, éloignés des berceaux des races, notamment pour les races Charolaise et Limousine.

On constate que les départements qui constituent le berceau de la race Limousine ont une utilisation faible, inférieure à 8 IAP/100 vaches allaitantes, à l’exception de la Corrèze (8 à 15 IAP/100 vaches).

Dans les départements qui constituent l’aire du berceau Charolais, à l’exception de la Nièvre, l’indicateur est de 8 à 15 IAP/100 vaches sur les départements du Cher, de l’Allier et du Puy-de-Dôme. Les départements de Côte d’Or et de Saône-et-Loire se situent dans la classe 15 à 20 IAP/100 vaches et les départements du Rhône et de L’Yonne dépassent quant à eux ces niveaux, la Loire dépasse 25 IAP/100 vaches.

 

Périodicité de l’activité insémination

Les IA sont réalisées préférentiellement entre les mois de novembre et de mars, avec un pic important sur une plage qui part du 15/10 au 01/02, période de reproduction des élevages qui pratiquent le vêlage d’automne. 75% des IAP sont réalisées dans cet intervalle de 5 mois.

 

Résultats des taux de non-retour sur les différentes races de femelles allaitantes

Sur l’ensemble des femelles allaitantes, on trouve 77% de taux de non-retour chez les génisses et 78% chez les vaches.

Ces résultats de taux de non-retours 18-90j bien supérieurs à ceux des IA sur femelles laitières sont à tempérer. En élevage allaitant, le nombre de retours réalisés par IA est bien inférieur à l’élevage laitier car, pour garantir l’objectif prioritaire d’obtenir des vêlages groupés et de maitriser le budget consacré à la reproduction (frais de mise en place et paillettes), les retours avec un taureau de saillie naturelle sont privilégiés. Retrouvez le pourcentage de vaches fécondées à la première insémination sur Reproscope.

Le détail par race de femelle et parité (génisses/vaches) est disponible dans le document PDF.

 

Pour l’année 2020, les résultats se trouvent majoritairement au-dessus de la moyenne 2010-2019 hormis entre les mois de juillet à septembre. En effet l’été 2020 a été marqué par un temps chaud et sec accompagné d’un déficit hydrique. Des conditions climatiques qui ne sont pas adaptées à une bonne fertilité des femelles et endommagent la qualité des fourrages. La fin d’année civile est marquée par un dépassement des taux maximum mesurés entre 2010 et 2019.

Dans un contexte où les conditions climatiques ne cessent de se dégrader vers des sécheresses, il est nécessaire de se poser des questions sur la gestion de la reproduction des animaux d’élevage dans les années à venir. Des projets sont en cours, notamment CAICalor, dont l’un des objectifs est de mesurer l’impact du réchauffement climatique sur les performances de production et reproduction des bovins. Pour toutes les mises à la reproduction en été, que va-t-il advenir des résultats de reproduction ? Nos femelles et nos taureaux seront-ils en mesure d’assurer la reproduction ? Où le réchauffement climatique nous amènera-t-il à revoir les stratégies de reproduction dans les élevages ?

Activité insémination animale en fonction de la saison des vêlages des troupeaux

Si l’on se concentre sur les élevages en vêlages groupés, selon la saison de vêlages choisie, la reproduction par IA n’est pas équivalente. En effet, la proportion d’éleveurs pratiquant l’IA est supérieure chez les élevages ayant des vêlages d’automne (58%) et des vêlages d’hiver (44%). La proportion de troupeaux de plus grande taille en volume d’IAP est plus élevée chez les élevages en vêlages groupés d’automne.

L’insémination animale est donc un atout pour les élevages de grande taille en vêlages groupées car cela permet de s’affranchir de la disponibilité d’un taureau de monte naturelle pour assurer une mise à la reproduction groupée des femelles.

 

Dans quels troupeaux sont réalisées les inséminations ?

Si le nombre d’élevages diminue lorsque le nombre de vêlages est plus important, la part des élevages qui font de l’IA augmente. Les élevages qui réalisent plus de 100 vêlages sont les moins nombreux, et 40% d’entre eux réalisent des inséminations. Sur l’ensemble des inséminations premières, les élevages de taille [40-69 vêlages] réalisent la majorité des inséminations sur femelles allaitantes.

La part du croisement chez les femelles allaitantes

Le croisement entre races allaitantes est peu pratiqué et reste stable à hauteur de 14% des IAP sur femelles allaitantes. 54% des IAP croisées sont réalisées sur des femelles elles-mêmes croisées.

Si l’on ne considère pas ces inséminations-là, les croisements les plus populaires par ordre décroissant sont :

  • 13 000 femelles Aubrac X taureau Charolais
  • 5 500 femelles Salers X taureau Charolais
  • 3 650 femelles Limousine X taureau Blond d’Aquitaine
  • 3 600 femelles Limousine X taureau Inra95

Rapport entre le nombre de femelles mises à la reproduction par IA et le nombre de vêlages

Dans la globalité, le rapport entre nombre d’IAP sur génisses et le nombre de génisses vêlées est de 37%. Pour les vaches, le rapport entre nombre d’IAP sur vaches et le nombre de vaches vêlées est de 16%. Les génisses sont donc plus souvent choisies pour être mises à la reproduction par insémination en élevage allaitant.

 

Retrouvez plus de détails et de graphiques dans le document associé