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Statistiques des inséminations sur femelles laitières en croisement laitier, campagne 2023

Bilan des inséminations animales bovines 2023

Publié le par Sandra Dominique (Institut de l'Elevage)
Choix des reproducteurs Performances et phénotypes Reproduction Bovin lait
Les années passent et se ressemblent pour les tendances d'utilisation du croisement laitier. Tout comme la campagne précédente, cela représente 6% des 2 978 523 inséminations premières réalisées sur femelles laitières sur la campagne 2023. Retrouvez dans cet article, et son document associé en fin de page, les statistiques nationales des inséminations en croisement laitier sur femelles laitières.

Les données de cet article sont obtenues à partir des données enregistrées par les entreprises de mise en place (EMP) dans le Système National d'Information Génétique des bovins (SIG) au 15 avril 2024 ainsi que par les éleveurs inséminateurs (IPE). Les résultats sont présentés à l'échelle de la campagne d'inséminations animales : du 1er octobre 2022 au 30 septembre 2023.

Le volume d'inséminations en croisement laitier et son évolution

Parmi les inséminations sur femelles laitières par un taureau enregistré en monte publique, que ce soit en insémination première (IAP) ou sur les inséminations totales (IAT), les IA en croisement laitier représentent 6% des inséminations. Cela correspond à la proportion d’IA croisées lait observée sur la campagne précédente.

 

Volume et proportion d'IA croisée lait

 

IA sur femelles laitières Nb IA totales Nb IA croisées lait % IA croisées lait
Inséminations animales premières 2 978 523 185 936 6.2%
Inséminations animales totales 5 650 280 347 068 6.1%

Le nombre d’inséminations en croisement laitier a une tendance à la hausse jusqu’en 2018-2019, campagne où le nombre d’IAT croisées lait est le plus important avec environ 377 000 doses mises en place. Une augmentation des volumes de croisement laitier et une baisse du nombre d’IA totales entraînent une hausse progressive de la proportion d’IA en croisement laitier sur femelles laitières jusqu’en 2018-2019.

A partir de la campagne 2019, on constate une accélération de la baisse du nombre d’IA totales sur femelles laitières : -8% entre la campagne 2019 et 2023. Malgré une popularité croissante, le croisement laitier ne peut rivaliser avec la baisse globale de l’insémination. Sur la même période, le volume d’IA croisée lait baisse aussi de -8%. Ainsi, le volume de croisement laitier baisse mais la proportion se maintient.

D'après la carte, la part d'IAP croisées est plus forte (entre 7% et 16% des IAP sur femelles laitières) dans les régions de Normandie, des Hauts de France et du Grand Est. Depuis 5 ans ce sont les départements de la Charente, l'Yonne et les Ardenes qui présentent la plus forte hausse : +2% en 5 ans, une hausse plutôt modeste. Le département de la Somme quand a lui a connu une baisse du même ordre de grandeur depuis les cinq dernières années. Pour le reste des départements, les évolutions sont diverses, en hausse ou baisse, à des niveaux inférieurs.

 

Qui sont les élevages qui font du croisement laitier ?

Plus de la moitié (53%) des cheptels réalisant au moins 10 IAP sur femelles laitières (35 861 élevages) ont utilisé au moins une fois de la semence d’un taureau d’une autre race laitière. On comptabilise environ 415 troupeaux en France dont l’intégralité des IAP sont réalisées en croisement laitier (1% des troupeaux laitiers à plus de 10 IAP lait). Peu d’éleveurs réalisent plus de la moitié de leurs IAP laitières en croisement laitier. On observe plus souvent des croisements laitiers sur quelques femelles du cheptel.

D’après ces chiffres, on peut supposer que le croisement laitier est une pratique qui intrigue les éleveurs : nombreux sont ceux qui s’essayent à la pratique sur quelques femelles de leurs troupeaux, mais très peu d’entre eux se sont engagés entièrement dans une stratégie de croisement sur l’intégralité de leur troupeau.

 

Quelle dynamique des races sur les inséminations premières croisées lait ?

Entre 2013 et 2019, on observe une hausse de 26% du nombre d'inséminations premières en croisement laitier.

A partir de 2019, la dynamique de l’évolution des IAP croisées lait se stabilise. On note un volume d'abord constant (environ 185 000 IAP croisées lait par an) puis en légère baisse.

 

Parmi les IAP croisées lait mises en place, on observe une évolution de la répartition des races de femelles inséminées. Les femelles croisées laitières (code race=39) ont toujours représenté la majorité des femelles inséminées en croisement laitier. Entre 2013 et 2019, période où le dynamisme du croisement laitier est fort, le volume d’IAP croisées sur femelles Prim’Hosltein augmente fortement jusqu’à représenter 25% des femelles inséminées en croisement laitier. Durant cette période, les volumes sur femelles croisées sont plutôt stables.

Depuis 2019, avec des volumes globaux qui se sont stabilisés, le nombre d’IAP croisées lait sur Prim’Hosletin diminue pour laisser plus de place aux femelles croisées qui voient leur nombre d'IAP croisés lait augmenter.

Avec ces observations, on peut émettre l’hypothèse qu’il y a eu une période de conversion de troupeaux Prim’holstein vers des troupeaux croisés et qu’au sein de ces troupeaux aujourd’hui, les Prim’holstein initialement présentes ont laissé place aux femelles croisées.

Le volume de croisement laitier sur femelles Montbéliarde est particulièrement stable au cours des années. Toutefois, les femelles Normande et Pie-rouge sont de moins en moins sujettes au croisement laitier en IAP.

Quelle part d'activité des taureaux laitier représente le croisement laitier ?

Les différentes races de taureaux laitiers ne sont pas utilisées avec la même intensité en croisement laitier. La proportion des doses des taureaux des races Prim’holstein, Montbéliarde, Normande, Abondance et Tarentaise utilisés sur des femelles laitières d’autres races est faible (<=10%). A côté de cela, entre 35% et 40% des doses des taureaux de race Brune, Simmental et Jersiaise sont réalisées sur des femelles d’autres races laitières.

On observe une proportion plus forte de doses en croisement laitier chez les races à plus faibles effectifs et régionales : entre 50% et presque 80% de l’ensemble de leurs doses sur femelles laitières. Il y a une proportion bien plus forte d’IA de retour que d’IA première. Parmi les troupeaux de race laitière, comme la Montbéliarde, on observe l’utilisation, à la suite d’un échec d’insémination d’une dose avec un taureau de la race régionale. Cette stratégie est visible avec les taureaux de race Vosgienne sur des femelles Montbéliarde dans l’est de la France mais aussi avec des taureaux de race Ferrandaise dans la région du Puy-de-Dôme.

En 2013, 81% des IA en croisement laitier étaient assurées par un taureau Prim'holstein, Montbéliard ou Normand. Ces trois races représentent 69% des IA croisées lait en 2023, leur part d'activité a décliné de -12% au profit des taureaux Rouge-Scandinace ou Jersiais par exemple.

Quels sont les croisements entre races les plus courants ?

Le croisement entre femelles croisées et taureaux Prim’holstein est le plus populaire (36%). Les taureaux Montbéliards connaissent aussi une grande popularité à la fois sur femelles croisées (11%) et sur femelles Prim’holstein (6%). On note que 36% des IAP croisées lait sont réalisées sous diverses races supports.

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