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[3R 2024] Prévalence de Yersinia enterocolitica dans les fèces de bovins prélevés à l’abattoir

Publié le par Clémence Bièche-Terrier (Institut de l'Elevage)
Hygiène et sécurité Qualité des produits carnés Bovin viande
Les résultats du projet EVANHOTY (Évaluation de l’implication des filières porcine et bovine dans les yersinioses humaines en France et de l’évolution de Yersinia enterocolitica par l’utilisation de techniques moléculaires discriminantes) ont fait l'objet d'une communication aux journées 3R 2024 sous forme de poster.

INTRODUCTION

Yersinia enterocolitica (Ye) est une bactérie pathogène zoonotique reconnue troisième agent responsable de diarrhée humaine d'origine bactérienne en Europe (EFSA et ECDC, 2022), et pouvant faire partie de la flore digestive commensale des animaux de rente, notamment les porcs et les bovins. Dans le cadre du projet « EVANHOTY : Évaluation de l’implication des filières porcine et bovine dans les yersinioses humaines en France et de l’évolution de Ye par l’utilisation de techniques moléculaires discriminantes », une des premières étapes a consisté à évaluer la prévalence de ces pathogènes dans les fèces des bovins à l’abattoir, étape la plus à risque de contamination carcasses et donc des viandes.

 

MATERIEL ET METHODES

Des prélèvements de 25 g de matières fécales par incision de l’ampoule rectale ont été réalisés sur 420 bovins au stade de l’éviscération blanche. Ces prélèvements ont été répartis sur 14 mois, entre 3 abattoirs de 3 bassins de production différents : Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine. Les informations sur les animaux prélevés ont été enregistrées et concernaient la catégorie animale, la race, l’âge à l’abattage, la région de naissance de l'animal et la région du dernier détenteur.

La recherche et l’isolement de Yersinia enterocolitica dans les fèces de bovin ont été réalisés selon la norme en vigueur NF EN ISO 10273:2017. Les souches suspectées Ye ont été confirmées pour le genre Yersinia et l’espèce enterocolitica et biotypées par des tests biochimiques et moléculaires. Les souches pathogènes confirmées ont été mises en collection et adressées au Centre National de Référence (CNR - Institut Pasteur, Paris).

 

RESULTATS ET DISCUSSIONS

Sur les 420 prélèvements analysés, aucune souche de Ye n’a été isolée. La prévalence individuelle des gros bovins prélevés à l’abattoir est donc de 0% IC95%[0-0,69].

Ce résultat interpelle du fait que les bovins sont connus pour héberger Ye de façon commensale. Le CNR a notamment en collection plusieurs dizaine de souche Ye d’origine bovine isolées en élevages entre 1994 et 2010. Deux études anglaises indiquent une prévalence de Ye chez les bovins de 6,3 et 4,5% sur matière fécale (McNally et al, 2004 ; Milnes et al, 2008), et une étude allemande donne une prévalence de 1,6% (Schmid et al, 2013). Les auteurs s’interrogent donc sur deux aspects : 1) la possibilité d’un portage de Ye au niveau des amygdales des bovins, et 2) la possibilité que les portages fécaux de Ye par les bovins ne soient pas asymptomatiques (cas rapporté d’isolement de Ye issues d’animaux malades) ce qui exclurait donc ces animaux des filières viandes.

 

CONCLUSION

Cette étude n’a pas permis d’isoler de souche de Ye des fèces de bovins à l’abattoir, donnant donc une prévalence nulle pour ce pathogène au stade de l’abattoir.

 

Cette étude a été réalisée grâce au financement de France AgriMer.

 

EFSA, ECDC. 2022. EFSA Journal.

McNally A, Cheasty T, Fearnley C, Dalziel RW, Paiba GA, Manning G, Newell DG. 2004. Lett Appl Microbiol. 39(1):103-8.

Milnes AS, Stewart I, Clifton-Hadley FA, Davies RH, Newell DG, Sayers AR, Cheasty T, Cassar C, Ridley A, Cook AJ, Evans SJ, Teale CJ, Smith RP, McNally A, Toszeghy M, Futter R, Kay A, Paiba GA. 2008 Epidemiol Infect. 136(6):739-51.

Schmid A, Messelhäusser U, Hörmansdorfer S, Sauter-Louis C, Mansfeld R. 2013. J Food Prot.76(10):1697-703