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Indicateurs de variabilité génétique - races ovines allaitantes - Edition 2016

La croissance des effectifs contrôlés induit de meilleurs indicateurs

Publié le par Coralie Danchin-Burge (Institut de l'Elevage)
Biodiversité et paysage Ressources génétiques Choix des reproducteurs Ovin viande
Alors qu'on constate une baisse des effectifs au contrôle de performances, la situation individuelle est plus encourageante: on dénombre plus de races avec des effectifs croissants que de races en déclin. En revanche les races qui diminuent sont souvent celles qui ont les plus grandes démographies, d'où la baisse globale constatée. L'accroissement démographique est en général bon signe pour la variabilité génétique, et cela transparait dans les résultats avec un accroissement global du nombre d'ancêtres efficaces. A l'inverse la forte augmentation des effectifs en races à petits effectifs se fait pour le moment au détriment de l'information - les nouveaux élevages enregistrés n'ayant souvent pas d'animaux filiés en début de programme - et on constate pour ces races une petite dégradation des connaissances des généalogies.

(Rappel: un guide de compréhension des indicateurs est disponible ici)

 

Les bilans par race se trouvent dans les documents suivants :

 

Races ovines bouchères Races ovines rustiques et prolifiques Races ovines à petits effectifs françaises ou étrangères
Berrichon du Cher, Charmoise, OIF, Mouton Charollais, Mouton Vendéen, Rouge de l'Ouest, Roussin, Suffolk et Texel Bizet, BMC, Causses du Lot, Est à Laine Mérinos, Grivette, Lacaune viande, Limousine, Mérinos d'Arles, Noir du Velay, Préalpes du Sud, Rava, Romane, Tarasconnaise Avranchin, Berrichon de l'Indre, Bleu du Maine, Boulonnaise, Clun-Forest, Cotentin, Dorset-Down, Finnoise, Hampshire, Martinik,  Romanov, Solognote, Southdown

 

Une situation paradoxale

 

Alors qu'on constate une baisse des effectifs au contrôle de performances, la situation individuelle est plus encourageante: on dénombre plus de races avec des effectifs croissants que de races en déclin. En revanche les races qui diminuent sont souvent celles qui ont les plus grandes démographies, d'où la baisse globale constatée. Ce sont les races à très petits effectifs (moins de 1 000 brebis nées entre 2011 et 2015) qui connaissent la meilleure croissance (+ 17%) suite à des efforts notables de plusieurs OS - GEODE en particulier - pour inciter le plus d'éleveurs possible à faire a minima un suivi de reproduction.

 

L'accroissement démographique est en général bon signe pour la variabilité génétique, et cela transparait dans les résultats avec un accroissement global du nombre d'ancêtres efficaces. A l'inverse la forte augmentation des effectifs en races à petits effectifs se fait pour le moment au détriment de l'information - les nouveaux élevages enregistrés n'ayant souvent pas d'animaux filiés en début de programme - et on constate pour ces races une petite dégradation des connaissances des généalogies.

 

 

Evolution des indicateurs en huit ans

 

On sait que le nombre de brebis enregistrées au contrôle de performance est en diminution. Cela impacte principalement les races rustiques (22% de baisse entre la population analysée 2004/2007 et celle de 2011/2015) tandis que les races à petits effectifs ont connu globalement une augmentation des effectifs enregistrés (+24 %). Pour les races en sélection, cette diminution ne s'accompagne pas, heureusement, d'une baisse d'information des généalogies enregistrées. Chez les races bouchères, on remontait en moyenne 8,3 générations d'une brebis née entre 2004 et 2007, aujourd'hui on remonte plus de 10,1 générations. En races rustiques, on est passé de 5,0 à 5,9.

 

Le tableau ci-dessous reprend les évolutions de deux grands indicateurs, Ae, le nombre d'ancêtres efficaces, qui trace les goulets d'étranglement par où est passée la race, et Ne, la taille efficace de la population, qui reflète les tendances d'accroissement de la consanguinité (voire les guides ad hoc pour plus d'explications).

 

Moyenne
par groupe
de races
Ae
2004/2007
Ae
2011/2015
Ne
2004/2007
Ne
2011/2015
Races à PE 32 42 83 104
Races bouchères 69 61 254 240
Races rustiques 98 97 252 265

 

Les indicateurs des races à petits effectifs se sont améliorés entre les deux périodes pour ces indicateurs, dans des proportions équivalentes. C'est principalement l'accroissement des effectifs qui a permis cela, mais il faut noter aussi que la plupart des gestionnaires se sont emparés sérieusement de la question de la gestion de la variabilité génétique en mettant en place des actions concrètes comme la gestion des sorties des béliers. Il faut aussi noter un petit artefact qui est l'enregistrement important en proportion d'animaux sans généalogies, et qui sont considérés comme non apparentés au reste de la population.

 

Pour les races rustiques, la situation est assez stable (Ae) voire en augmentation (Ne) malgré les pertes d'effectifs. C'est entre ces deux périodes que le plan national d'éradication de la tremblante a pris tout son effet, avec des corollaires positifs pour la variabilité génétique. Les races rustiques ayant souvent des taux faibles d'animaux résistants à la tremblante quand le programme a démarré, beaucoup de gestionnaires ont dû s'employer à élargir les origines recrutées dans les centres de béliers. Par ailleurs cette réflexion sur le recrutement des béliers s'est souvent accompagnée de la mise en place de mesures pour préserver le maximum d'origines, comme la méthode des groupes, et des conseils d'achats en fonction des origines à la sortie de centre. Ce travail a payé et permet de conserver une situation globalement saine.

 

C'est pour les races bouchères que les indicateurs se sont les plus dégradés, en particulier le nombre d'ancêtres efficaces. Si on peut évoquer les baisses d'effectifs pour expliquer ce résultat, cette réponse n'est pas suffisante puisque comme on l'a vu, avec une situation encore plus problématique, les races rustiques ont maintenu leurs indicateurs. Deux facteurs principaux expliquent cette tendance: la première est, bien évidemment, la pression de sélection qui est plus importante pour ce groupe. L'autre point également est que la gestion de la variabilité génétique reste un sujet peu abordé dans ces races, en dehors de l'application pour certaines de la méthode des groupes pour essayer de conserver le maximum d'origines. Néanmoins le niveau des indicateurs reste globalement assez élevé et ne nécessite pas la mise en place urgente de plan d'action. Un petit bémol néanmoins pour la race Berrichon du Cher, qui commence à aborder une zone d'inconfort, avec par exemple seulement 9 ancêtres différents qui expliquent 50% de la variabilité génétique des brebis nées entre 2011 et 2015.