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Indicateurs de variabilité génétique - races ovines allaitantes - Edition 2015

Des indicateurs de bon niveau malgré des effectifs déclinants

Publié le par Coralie Danchin-Burge (Institut de l'Elevage)
Choix des reproducteurs Ressources génétiques Ovin viande

(Rappel: un guide de compréhension des indicateurs est disponible ici)

 

Deux particularités fortes du monde ovin allaitant :

  • Un ratio faible du nombre de brebis filiées par rapport au nombre de brebis enregistrées. Concrètement, cela signifie que les indicateurs concernent principalement le noyau de sélection des races ovines. Ce n'est pas le cas par exemple en bovin, où, grâce à l'IPG, l'ensemble des effectifs raciaux sont pris en compte.
  • Des populations en diminution au contrôle de performance; or il est plus compliqué de conserver une bonne variabilité génétique quand les effectifs sont en chute.

 

Les bilans par race se trouvent dans les documents suivants :

Races ovines bouchères Races ovines rustiques et prolifiques Races ovines à petits effectifs françaises ou étrangères
Berrichon du Cher, Charmoise, OIF, Mouton Charollais, Mouton Vendéen, Rouge de l'Ouest, Roussin, Suffolk et Texel Bizet, BMC, Causses du Lot, Est à Laine Mérinos, Grivette, Lacaune viande, Limousine, Mérinos d'Arles, Noir du Velay, Préalpes du Sud, Rava, Romane, Tarasconnaise Avranchin, Berrichon de l'Indre, Bleu du Maine, Boulonnaise, Clun-Forest, Cotentin, Dorset-Down, Finnoise, Hampshire, Mérinos de Rambouillet, Romanov, Solognote, Southdown

 

Races en sélection: vigilance des gestionnaires

 

Pour les races en sélection, les indicateurs semblent montrer que les gestionnaires sont vigilants dans leur gestion de la variabilité génétique: à qualité généalogique (élevée) comparable, et avec des populations presque 10 fois plus petites que celles des bovins allaitants (BA), les indicateurs des deux filières allaitantes sont à des niveaux équivalents. Par exemple, le nombre médian d'ancêtres efficaces est de 80 en ovins pour 96 en BA , la taille efficace de 239 contre 292 en BA. Et, malgré une taille de population inférieure, ce qui complique la gestion de la consanguinité, le niveau de consanguinité proche (à 3 générations) est identique et égal à 0,4 pour les deux filières. 

Un critère reste améliorable: il semble que peu d'efforts soient faits pour optimiser au minimum la consanguinité des produits à naître. En effet la consanguinité moyenne de la population est deux fois supérieure à celle de leurs parents. De façon idéale, il faudrait que ce niveau de consanguinité soit égal voire inférieur à la valeur des parents. Enfin, certaines races comme la Charmoise ou la Berrichon du Cher doivent maintenir voire mettre en place des actions de gestion de leur population en raison de leur base étroite de variabilité (cas de la Charmoise, race créée avec très peu de fondateurs) ou d'effectifs en déclin, associés à une forte intensité de sélection (Berrichon du Cher).

A noter que les indicateurs restent très comparables entre races rustiques et races bouchères: si, à première vue, des indicateurs comme le nombre d'ancêtres efficaces semblent plus élevés chez les rustiques, c'est avec des qualités de généalogies bien inférieures.

On peut donc penser qu'avec des connaissances de généalogies comparables ces indicateurs seraient similaires. On remarquera d'ailleurs qu'en moyenne la taille efficace des races rustiques (247) est inférieure à celle des tailles bouchères (257) - tout en restant à des niveaux hauts pour des espèces d'élevage. La taille de la population analysée en est sans doute la cause. Comme nous le disions en introduction, l'analyse porte sur la population femelle filiée, et elle reste réduite dans les races rustiques.

 

Races à petits effectifs: des efforts visibles

 

En dehors de la Bleu du Maine et Dorset Down, tous les gestionnaires de races à petits effectifs ont fait des efforts spécifiques pour mieux gérer leur population. Pour les races gérées par GEODE (hors Finnoise, Solognote, Romanov et Dorset) et OSCAR, l'Institut de l'Elevage fournit une matrice de parenté entre les béliers issus de centre d'élevage et les brebis actives des acheteurs. En Southdown, depuis 2014, une matrice de ce type est calculée pour tous les agneaux mâles futurs reproducteurs. Pour la Boulonnaise, le CRRG Nord Pas de Calais utilise le logiciel SAUVAGE pour calculer des matrices équivalentes. L'objectif de ces outils est d'orienter les acheteurs vers les béliers les moins apparentés à leur troupeau, pour éviter la consanguinité.

 

En Finnoise, Solognote et Mérinos de Rambouillet, des programmes d'accouplements spécifiques à chaque race sont utilisés.

Ces efforts se traduisent par un maintien voire une amélioration des indicateurs. On remarquera aussi que malgré l'absence de gestion spécifique, la Bleu du Maine garde des bons résultats. Elle bénéficie sans doute d'une situation démographique favorable au maintien de la variabilité génétique (une population divisée en petits troupeaux) et d'efforts produits par ses éleveurs. Quelques points de vigilance sont à signaler tout de même parmi les races: en Cotentin par exemple, l'accroissement de la consanguinité est supérieur à la connaissance des généalogies. Pour cette race, la consanguinité proche et éloignée est quasiment identique, ce qui montre que les éleveurs ont des pratiques de consanguinité. C'est également le cas en Dorset Down.

A l'inverse, la Berrichon de l'Indre a clairement redressé une situation que l'on avait signalé comme problématique en 2008, et une race comme la Hampshire ou la Solognote ont des critères de variabilité génétique de même niveau que des races de taille plus importante.

 

Ces indicateurs qui sont des outils de gestion très utiles des races sont cependant fragiles: l'érosion constante du nombre de généalogies enregistrées est un souci majeur.