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Caractérisation des risques liés à Clostridium perfringens et à Clostridioides difficile dans les abattoirs bovins en France

Publié le par Pierre Ledormand (Institut de l'Elevage)
Hygiène et sécurité Bovin viande
Caractérisation des risques liés à Clostridium perfringens et à Clostridioides difficile dans les abattoirs bovins en France.

Le genre Clostridium est un genre comprenant de nombreuses espèces productrices de toxines potentiellement pathogènes pour l'Homme, telles que Clostridium perfringens et Clostridioides difficile. C. perfringens est le cinquième agent pathogène le plus fréquemment suspecté dans les épidémies d'origine alimentaire en Europe. De même, C. difficile est un agent pathogène émergent, à l'origine de diarrhées nosocomiales, mais aussi d'infections potentiellement zoonotiques chez l'Homme. Les animaux d’élevage sont des porteurs sains de ces microorganismes au niveau de leur tube digestif. Bien qu'aucune donnée ne soit actuellement disponible en France, les viandes animales sont donc une source potentielle de transmission à l’Homme de ces pathogènes si elle a été contaminée lors du process d’abattage ou de découpe.

Huit campagnes de prélèvements dans trois abattoirs de bovin représentatifs de la production de viande bovine française ont été réalisées afin d'évaluer le risque associé à C. perfringens et C. difficile. A chaque campagne, 20 animaux ont été prélevés (fèces, carcasses et muscles correspondants), puis des prélèvements environnementaux (surfaces et air ambiant) dans la zone d’abattage (7) et dans la zone de découpe de la viande (6) ont été effectués. C. perfringens et C. difficile ont ensuite été recherchés par des méthodes culturales.

Au total, C. perfringens a été isolé dans 114 échantillons sur 584 analysés, la fréquence de détection était plus importante dans les fèces (33,7 %), puis sur les carcasses (16,3 %) puis sur les muscles (11,9 %). L’environnement général (surfaces et air ambiant) de l’abattoir était plus contaminé (21,4 %, dont 17,8 % pour les surfaces et 3,6 % pour l’air ambiant) que celui de la découpe (6,3 %, dont 4,2% pour les surfaces et 2,1 % pour l’air ambiant). Parmi les échantillons positifs pour les environnements des abattoirs, le tapis de panse était la surface la plus fréquemment contaminée (5 campagnes positives sur 8) alors qu’il s’agissait du tapis des muscles bruts pour la zone de découpe (2 campagnes positives sur 8).

Au final, 473 isolats bactériens correspondant à C. perfringens ont été obtenus à partir des prélèvements et seront ensuite caractérisés plus finement en déterminant leur diversité génétique et leur toxinotype.

Concernant C. difficile, aucun échantillon sur les 584 analysés ne s’est révélé positif, suggérant un faible risque de transmission à l’Homme via la viande bovine pour ce pathogène.

Les résultats de cette étude contribueront à mieux évaluer le risque de contamination de la viande bovine par C. perfringens et, dans une moindre mesure par C. difficile. Ceci permettra par la suite aux opérateurs du secteur de la viande bovine d’adapter les mesures de contrôle et, si nécessaire, de les réexaminer et de diffuser des pratiques de prévention plus efficace.

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