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Agriculture à conjuguer au futur - retour sur le 1er séminaire du projet RENOUER

Publié le par Christophe Perrot (Institut de l'Elevage), Jade Ballot (Institut de l'Elevage), Virginie Urrutia, Guilhem Anzalone (ESA Angers), Romain Melot Romain (INRAE), William Loveluck (Terre de Liens)
Travail Elevage et société
Le projet Casdar Co-Innovation RENOUER (RENOUvellement des actifs : CoopERation entre organisations locales pour l’accompagnement de nouveaux projets), qui ne concerne pas que l’élevage, a tenu son premier séminaire le 2 octobre 2023 à Paris, après 9 mois de travail.

Partenaires directs (Institut de l’Elevage, ESA, Chambres d’agriculture de Bretagne et Pays de la Loire, Terre de Liens, CIAP Pays de Loire, LCA, CUMA, enseignement agricole), parties prenantes de l’accompagnement à l’installation ayant soutenu le projet (JA, Chambres d’Agriculture France, TRAME, GAEC et sociétés) et personnalités invitées dont des enseignants-chercheurs, 40 personnes étaient réunies pour débattre du diagnostic de la situation après des exposés de Jean-Marie Marx ex membre du CGAAER et co-président du GT Installation-Transmission pour la concertation nationale Pacte/LOAA, ainsi que de Cécile Gazo qui vient de soutenir sa thèse sur la Multiplication des initiatives de soutien à l'installation en agriculture et la transformation de l'action publique.

Les participants ont débattu des points de consensus et de dissensus sur les freins à l’installation et les leviers d’action à mettre en place ou à renforcer de façon prioritaire en partant d’une liste établie dans le cadre du projet RENOUER.

Le concept de NIMA (Non Issu du Milieu Agricole) : est-il un concept réducteur et stigmatisant ou un rappel utile des différences de dotation en ressources (foncier, capital, connaissances, réseaux…) des différents types de porteurs de projets ?

Le trop faible renouvellement des actifs agricoles provient-il d’abord d’un problème d’attractivité (image, rémunération, qualité de vie au travail…) ou d’accessibilité (accès difficile aux facteurs de production dont foncier, capital… pour les nombreuses personnes intéressées par l’agriculture à des stades variés de leur parcours de vie) ?

L’innovation réside-t-elle dans des innovations sociales et organisationnelles, parfois anciennes, pour accéder aux facteurs de production précités ou plutôt dans des nouvelles technologies, de nouveaux modes de production et de commercialisation qui renouvellent l’exercice du métier, lui donnent du sens pour de nouveaux candidats, peuvent améliorer l’attractivité ?

Tous les projets dits agricoles (où se situe la limite entre activité et emploi agricole ?) relèvent-ils d’un accompagnement sur fonds publics ? Quel est le rôle des aides sociales qui ne transitent pas par les politiques publiques agricoles ?
L’activité agricole est-elle une activité économique générique dans laquelle on peut stimuler le développement de projets individuels d’entrepreneurs agricoles ou spécifique en raison d’enjeux collectifs (dont alimentation) et territoriaux (dont multi-usage de l’espace) ?

Va-t-on vers une banalisation des métiers agricoles (que l’on peut adopter et quitter à différents stades de son parcours de vie comme un autre métier à l’image des installations tardives, départs précoces et carrières courtes choisies) ou faut-il attirer l’attention des porteurs de projets sur les spécificités du secteur en termes de capitalisation/investissements, de risques économiques et psycho-sociaux, sans oublier les enjeux pour la stabilisation des filières longues ?

Cécile Détang-Dessendre, Directrice Scientifique Adjointe Agriculture d’INRAE, présidente du Comité d’Orientation Scientifique du RMT Filarmoni (Economie) et membre de celui du RMT Travail en agriculture qui ont parrainé le projet, a conclu la journée en soulignant notamment que l’économie publique indique que les politiques publiques ne sont pas chargées de tout résoudre, de soutenir toutes les installations. Que l’on doit soutenir certaines installations en accord avec un cadre politique (dont le Green Deal) en cherchant à orienter l’agriculture vers certains modèles qui doivent être débattus. Qu’il reste un problème important d’articulation des politiques publiques (pas seulement agricoles, celles de l’emploi également) et des dispositifs, avec les acteurs, y compris les "initiatives volontaires" d’un nouveau type présentées par Cécile Gazo. Et enfin, que la production de nouvelles connaissances quantitatives devait se poursuivre pour réconcilier les données (accueils en Point Accueil Installation aux trajectoires mal connues, installations aidées et total des nouvelles immatriculations de chefs à la MSA dont l’origine et la nature restent en partie floues) sans oublier le "ventre mou" d’installés, pour l’instant encore majoritaires, qui ne sont ni NIMA (cf. supra) ni HCF (Hors Cadre Familial).

 
 Pour en savoir + : Christophe Perrot