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Perception et détection des anomalies sensorielles des bovins sur le terrain

Publié le par Arnaud Delpeuch (Institut de l'Elevage), Vincent Dufour (Institut de l'Elevage), Agathe Cheype (Institut de l'Elevage)
Bien-être Bovin viande Bovin lait
Mieux comprendre les perceptions sensorielles de bovins pour faciliter la relation homme-animal

Comprendre les sens des bovins

Les relations entre les hommes, et en particulier les éleveurs, et leurs bovins jouent un rôle central dans la gestion des troupeaux et contribuent à la fois au bien-être des animaux mais aussi à celui des éleveurs qui s’en occupent. La connaissance des capacités sensorielles des bovins, qui influencent leur perception du monde et, par extension, leur comportement est un aspect parfois négligé.

Un monde sensible pour les bovins

Les bovins, comme tous les animaux, perçoivent leur environnement grâce à leurs sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Leurs capacités sensorielles diffèrent de celles des humains, ce qui impacte leur réaction aux stimuli extérieurs. Par exemple, leur champ de vision très large, associé à une bonne vision des formes et des mouvements, leur permet de détecter des mouvements à grande distance sans pour autant discerner les détails avec précision. Leur forte sensibilité à la lumière rend leur adaptation à une diminution de luminosité plus lente. Une fiche de sensibilisation aux perceptions sensorielles des bovins est disponible.

Les anomalies sensorielles : une réalité souvent ignorée

En matière de détection des anomalies sensorielles des bovins, les connaissances scientifiques sont faibles. Ces anomalies peuvent affecter la relation homme-animal, et pourtant, elles sont peu étudiées ou détectées sur le terrain. Une bonne relation permet de travailler en sécurité, de gagner du temps dans la gestion des animaux, et d’améliorer globalement sa satisfaction au travail. L'étude basée sur une enquête de terrain met en avant que les éleveurs et les vétérinaires ne disposent pas encore de tests systématiques et fiables pour identifier ces anomalies en routine. Les répondants repèrent les défauts sensoriels des animaux principalement via les signes comportementaux et posturaux, et parfois par des signes physiques. La suspicion d’un défaut sensoriel se solde très souvent par une décision de réforme de l’animal. 75% des enquêtés considèrent qu’il est crucial de s'intéresser aux anomalies sensorielles, notamment en ce qui concerne la vision.

Des pistes de tests pour la détection des anomalies à creuser

A partir des résultats des enquêtes et de la bibliographie, l'étude propose plusieurs tests pour évaluer les capacités sensorielles des bovins. Par exemple, le test de clignement à la menace vise à détecter un éventuel problème de vision en observant la réaction des yeux à un mouvement brusque. De même, un test olfactif simple pourrait concourir à évaluer la capacité des bovins à détecter des odeurs attractives ou répulsives. Ces tests ont seulement été évalués sous l’angle de la faisabilité terrain pour le moment. D’autres travaux seront nécessaires pour les rendre efficaces pour détecter des anomalies sensorielles.

Vers un élevage plus respectueux des besoins sensoriels

L'enjeu est donc de mieux comprendre ces anomalies et de former les éleveurs à leur détection. Mieux prendre en compte les perceptions sensorielles des bovins pourrait non seulement améliorer leur bien-être, mais aussi accroître leur productivité en réduisant le stress et les risques d’accidents liés à des troubles non détectés. En définitive, cette étude ouvre la voie vers un élevage plus attentif aux besoins sensoriels des animaux, un élément clé pour répondre aux attentes sociétales en matière de bien-être animal.