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Visite de traite Volet 3 : observer les pratiques des trayeurs

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Philippe Roussel (Institut de l'Elevage)
Qualité des produits laitiers Santé Traite Caprin
Au cours de la traite, de nombreuses observations vont être réalisées et touchent particulièrement aux pratiques des trayeurs que ce soit en termes d'hygiène, de manipulation des faisceaux trayeurs, de technique de traite ou encore de gestion des laits anormaux.

Examen des premiers jets et hygiène de traite   

  • Malgré leur intérêt, l’examen des premiers jets de même que le nettoyage et/ou la désinfection des trayons avant la traite sont peu répandus en raison notamment des cadences de traite. Il peut arriver néanmoins qu’en cas de bâtiment mal dimensionné, d’aire d’exercice boueuse, ou de pâturage en période humide, les mamelles soient souillées et/ou poussiéreuses et qu'un nettoyage soit nécessaire.
    Il faut garder en tête que même sur une mamelle apparemment propre, des bactéries sont présentes en surface de la peau.
    En principe, l'observation des premiers jets a pour objectif de visualiser les modifications du lait (grumeaux présents de manière persistante sur plusieurs jets de lait, couleur, consistance) et de déceler le plus tôt possible l'apparition d'une mammite clinique. De manière optimale, elle implique l'utilisation d'un bol à fond noir.
  • Le caractère généralement ponctuel des pratiques d'hygiène implique d’être d’autant plus vigilant sur leurs modalités d’application, les trayeurs n’étant pas aguerris à leur mise en œuvre.
    En ce sens, le pré-trempage ou le pré-moussage voire l’emploi de lingettes désinfectantes paraissent plus aisés à utiliser et moins générateurs d’erreurs de manipulation que des lavettes par exemple. L’organisation du chantier peut intervenir et induire des temps de contact du produit trop courts ou, plus souvent, trop longs (plus d’une minute) qui peuvent nuire à l’efficacité de la technique (notamment, difficulté d’essuyage si le produit a séché).
    Quelques éleveurs emploient des techniques de préparation à sec (paille de bois par exemple).
  • D’un point de vue général, les chèvres sont souvent rétives lorsque l’on applique des produits froids sur les trayons ce qui dissuade les éleveurs de mettre un place une hygiène de traite. La désinfection des trayons après la traite est cependant plus fréquente que les autres techniques d’hygiène. Elle peut ne concerner que certains lots, certains individus ou certaines périodes de la lactation considérées comme à risque : début de la lactation correspondant majoritairement au niveau d’incidence le plus élevé, période de pâture si elle est associée à des lésions et blessures des trayons, etc.
  • Dans tous les cas, en cas de désinfection des trayons après la traite, il s’agit de :
    • comprendre la stratégie choisie par l’éleveur,
    • d’examiner l’application de la technique choisie (pulvérisation ou trempage),
    • de noter si nécessaire l’entretien et le remplissage du gobelet de trempage
    • et de vérifier l’adéquation entre le type de produit choisi, les objectifs visés (caractère cosmétique par exemple), le mode de désinfection (pas de pulvérisation de produit iodé pour des questions de santé publique) et les autres mesures d’hygiène mises en place (irritation cutanée possible à la suite de l’emploi de produits à effet barrière en raison de l’absence d’une hygiène avant la traite permettant d’éliminer le produit).

Gestion des animaux malades ou en phase colostrale

Traite sur bidon

Photo R. de Cremoux

Il peut arriver qu’une ou plusieurs chèvres soient traites sur bidon soit consécutivement à un traitement, soit qu’il s’agisse d’écarter le lait de femelles en phase colostrale, soit encore de femelles ayant des concentrations cellulaires élevées ou identifiées comme excrétrices de germes pathogènes (S. aureus, Listeria,…).

              

Parmi les points à observer, figurent :

  • l’identification des animaux,
  • en cas de traitement, les mesures d’hygiène et de désinfection associées,
  • la nature et l’enregistrement des informations relatives au traitement ;
  • la mise en œuvre de la traite sur bidon,
  • l'entretien, le nettoyage du matériel utilisé,
  • les problèmes d'organisation éventuellement générés par la gestion de ces animaux.
 

Technique de traite

  • Les techniques de pose et de dépose des faisceaux trayeurs et les risques encourus en termes d’entrées d’air diffèrent selon le type de faisceaux-trayeurs employés. 

Ainsi, il est recommandé d’installer un système de coupure du vide telle qu’une pince sur le tuyau long à lait des faisceaux conventionnels sans clapet de fermeture du vide. Les risques d’entrées d’air subsistent avec des faisceaux conventionnels pourvus de clapets ; ils sont en principe réduits avec les faisceaux non conventionnels à valves automatiques à la condition toutefois que les valves soient maintenues en bon état de fonctionnement. Ces derniers dispositifs présentent l’avantage de permettre une traite d’un seul côté (cas de mamelle déséquilibrée) sans que de l’air soit aspiré par le faisceau laissé de côté (pas de risque de contamination).

Au moment de la dépose, il est nécessaire avec les faisceaux pourvus de billes ou de clapets, de créer une petite entrée d’air. Celle-ci ne doit pas avoir d’incidence importante si elle reste d’ampleur modérée. En revanche, l’arrachage brutal des faisceaux, souvent accompagné d’entrées d’air de plus grande ampleur, doit être évité. L’incidence de ces entrées d’air est d’autant plus importante qu’elles surviennent en fin de traite.

  • De plus en plus fréquemment, avec l’augmentation de taille des troupeaux, des systèmes de dépose automatique sont proposés. Il est important de vérifier comment la dépose se produit : durée de traite, trayons tirés vers le haut, griffes tombant sur le quai,… Un contrôle des déposes peut s'avérer nécessaire.
  • Outre les entrées d’air audibles, il s’agit d’observer le positionnement des griffes : tuyaux coudés, trayons vrillés, tirés par le poids de la griffe,…
  • Un ensemble de pratiques telles que le massage, l’égouttage ou la repasse (rebranchage des animaux) sont à éviter. Leur intérêt est d’autant plus réduit que le lait persistant dans la mamelle peut être récupéré à la traite suivante. Elles peuvent en revanche susciter des entrées d’air lors de la manipulation de la mamelle et des phénomènes d’impact auxquelles elles sont parfois associées. Si ces pratiques sont appliquées sur un nombre réduit d’animaux, il faut essayer de comprendre leur motivation. Elles peuvent également être l’indice d’un mauvais fonctionnement de la machine à traire.

Evaluation des temps de traite     

Dans les salles de traite de grande taille, les déplacements des trayeurs suivent souvent, compte tenu de la longueur des quais, une logique organisationnelle au lieu de prendre en compte les particularités des traites individuelles. La surtraite fait partie des conséquences quasi-inéluctables de cette routine de traite.

En salle de traite, l’évaluation de la surtraite passe notamment par des enregistrements de temps soit à l’échelle de lots d’individus, soit par sondage au sein des lots en tenant compte des rangs (voire stade) de lactation. Ces mesures sont informatives autant que pédagogiques.

  • L’approche par lots :
    L'approche par lot permet d’avoir une idée globale de l’organisation de la traite, des temps de manipulation ou changements de lots. Le temps de traite moyen par chèvre se déduit du temps total de traite après prise en compte du nombre de postes et du nombre de chèvres traites.
  • Les enregistrements de temps de traite individuels :
    Des enregistrements individuels nécessitent de prendre en compte la structure des lots (lots de primipares vs adultes,…) et d’être répartis tout au long de la traite.
    Ils doivent être couplés, dans la mesure du possible (griffe transparente), à une observation de l’extraction du lait, de manière à différencier des temps de traite physiologiquement longs à de la surtraite proprement dite (faisceau branché en l’absence d’écoulement de lait).

Compte tenu des temps moyens de traite chez la chèvre, on peut considérer que le temps de traite moyen des animaux contrôlés est anormalement long lorsqu’il dépasse 4 minutes. 

Attention toutefois à ne pas se focaliser exclusivement sur la surtraite : comme le suggèrent Billon et al. (2001), la surtraite semble relativement tolérée par les animaux sains. En revanche, la surtraite liée à des fonctionnements incorrects de la machine à traire exacerbela situation existante et, en conduisant à une dégradation de l’état des sphincters, expose les animaux à des risques accrus d’infections. D’où son incidence plus marquée dans des élevages dont la prévalence des infections mammaires est élevée et la nécessité de l’interpréter en fonction des autres observations réalisées.

Observation de l'organisation du travail

L'organisation du travail est un paramètre important à noter car elle peut influer sur la qualité de la traite.

ce peut être le cas lorsque les cadences de traite sont trop rapides, lorsque le trayeur est amené à quitter la salle de traite pour aller chercher du matériel, faire entrer ou sortir des lots, répondre à des sollicitations extérieures,....

Document d'intervention

Le document d'intervention proposé s'intéresse à différents aspects de la visite de traite qu'il s'agisse de l'organisation dans son ensemble, des pratiques des éleveurs, du déroulé de la traite, des incidents de traite ou encore de l'état des mamelles et des trayons.

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