Une colère compréhensible
Dans le monde de l’Elevage, le récent rapport de la Cour des comptes préconisant la réduction du cheptel pour des raisons environnementales a été perçu comme un coup de massue.
Depuis plusieurs années, l’élevage et la consommation de viande sont montrés du doigt en relation avec la problématique du réchauffement climatique. Pourtant, selon le secrétariat général à la planification écologique, l’alimentation (22%) n’est que la 3e source d’émission de gaz à effet de serre derrière le logement (23%) et le transport (30%). Alors pourquoi répéter que la composition de l’assiette des Français est LA solution ? Le leitmotiv véhiculé par certains « de consommer moins de viande en laissant voler toujours plus d’avions avec un kérosène non taxé » est un véritable chiffon rouge pour ceux dont le métier est de produire de la viande et des produits laitiers, de qualité, en respectant la nature et l’environnement. Par ailleurs, ce discours oublie complètement les services rendus par l’élevage herbivore : valorisation des co-produits, stockage de carbone par les prairies et les haies, entretien et maintien de la biodiversité, structuration et animation des paysages, régulation des crues, productions d’énergies…
Avec ces remises en cause des fondements de leur métier il est logique que les éleveurs soient en colère. La rudesse de leur métier, leurs revenus plus fragiles que dans les autres filières agricoles, les difficultés spécifiques et grandissantes pour trouver des repreneurs accentuent leur mécontentement.
Malgré cela, les éleveurs sont conscients de la réalité du réchauffement et en sont les premières victimes. Ils sont volontaires et mobilisés pour progresser et s’engager dans des démarches d’atténuation du changement climatique avec des résultats significatifs. Les questions sont bien plus complexes à résoudre que « Les vaches émettent du méthane, il faut donc les supprimer » ou bien « mangez moins de viande et vous aurez fait votre BA pour la planète !»
A Idele, nous travaillons chaque jour pour améliorer les conditions d’exercice du métier d’éleveurs. Notre activité est d’analyser le contexte, d’étudier les phénomènes, de calculer des indicateurs comme les coûts de production, d’essayer de prévoir le futur, de proposer des outils et méthodes pour progresser, d’analyser les marchés, les conséquences des accords commerciaux... Nous connaissons la complexité des phénomènes et les interdépendances de toutes les décisions.
Au-delà des revendications actuelles, à Idele, nous sommes conscients de la nécessaire transition agroécologique et même d’une certaine transformation de l’Elevage. Nous venons par exemple de créer une Direction Climat Environnement Ressources pour intégrer cette nouvelle donne.
Il ne faut pas tout attendre de la puissance publique, même si son rôle est essentiel. C’est à nous tous de faire évoluer les schémas en construisant ensemble les avenirs de l’Elevage. Encore faut-il avoir les moyens de ces actions de recherche et développement !
Nous devons aussi effectuer un important travail d’explication et d’éclairage sur le rôle indispensable de l’Elevage dans notre société, que ce soit pour l’alimentation, l’agriculture, nos sols, nos territoires et notre économie. Il nous faut retisser la compréhension réciproque entre le monde de l’Elevage et la société
Nous sommes aux côtés des éleveurs, aujourd’hui comme chaque jour. Nous comprenons leurs inquiétudes et leur colère et réaffirmons que la société comme nos territoires ont besoin d’eux.
Joël Merceron
Directeur général idele