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Prévisions viande bovine 2025 : La production baisse encore, bousculée par le sanitaire

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Marchés Lait et viande Circuits commerciaux Bovin viande
Après une quasi-stabilité en 2024, la production de viande bovine française devrait de nouveau baisser en 2025. Le contexte sanitaire complexe génère une surmortalité et des problèmes de fertilité, qui viennent apporter un coup supplémentaire à une production de viande déjà durablement affectée par la réduction des cheptels allaitants et laitiers, en cours depuis maintenant 8 ans. Les exportations de broutards devraient chuter plus fortement encore qu’en 2024. La baisse de consommation serait limitée et inférieure à la baisse de production, avec pour conséquence davantage d’importations. Les exportations de viande resteraient dynamiques vers un marché européen en manque de viande de jeunes bovins.

-1,8% pour la production française de viande bovine en 2025

La production de bovins finis devrait connaitre en 2025 une baisse plus marquée, à -1,8% /2024 soit 1,290 million de tonnes équivalent carcasse. La production de femelles devrait baisser nettement (-27 000 téc), une réduction dont l’ampleur exacte sera directement liée aux évolutions du contexte sanitaire, dont les impacts sont encore incertains. La baisse de production des veaux de boucherie devrait s’infléchir, à -2% en 2025. La production de taurillons et taureaux se stabiliserait, tandis que les bœufs devraient poursuivre leur progression (+5 000 téc). Ce regain de dynamique d’engraissement des mâles a pour corollaire l’accélération du reflux des exportations de broutards, estimées à -8% en 2025.

 France : Production nette de bovins finis (1 000 téc) et exportations de broutards (1 000 têtes)

Repli de la production de femelles, dans un contexte d’incertitudes sanitaires fortes

Si les abattages de femelles se sont largement moins réduits qu’attendu en 2024, c’est au prix d’une reprise de la dynamique de décapitalisation, en lien avec les problèmes de fertilité. Pour 2025, sauf aggravation de la situation sanitaire, nous attendons de moindres réformes allaitantes (-24 000 têtes) et surtout laitières (-67 000 têtes), des volumes en partie seulement compensés par davantage d’abattages de génisses (+9 500 têtes). Les poids carcasse des femelles devraient poursuivre leur hausse, résultant en une baisse de production en tonnage, de -3,6% /2024.

La décapitalisation des cheptels laitier et allaitant a continué de s’atténuer sur les 3 premiers trimestres de l’année 2024, mais le contexte sanitaire est venu accentuer la baisse des cheptels de mères depuis l’automne. Les vêlages issus de génisses ont en effet été fortement réduits en octobre et en novembre, alors même que les réformes ont au contraire été dynamiques, et que les taux de mortalité des vaches se sont trouvés renforcés tout au long de l’année. Si ces moindres entrées en production de génisses pourraient correspondre à de simples retards et donc être rattrapés dans la suite des campagnes de vêlage, de nombreuses remontées terrain font état d’avortements et nous font craindre une atteinte plus durable des cheptels.

Le cheptel de vaches laitières était en recul de -2,1% au 1er décembre 2024, contre encore -1,6% au 1er octobre 2024, du fait de ces moindres vêlages de primipares à l’automne. Nous estimons que le contexte laitier porteur devrait encourager les éleveurs à conserver les femelles pour les remettre en production et poursuivre l’atténuation de la décapitalisation, jusqu’à atteindre -1,1% fin 2025. Les génisses disponibles en ferme pour le renouvellement sont moins nombreuses ; les abattages de vaches devraient alors se limiter à 768 0000 têtes, soit 8% de moins qu’en 2024. Une légère hausse des poids carcasse pourrait atténuer la baisse en tonnage, qui se limiterait à -7,6% / 2024.

Le cheptel de vaches allaitantes connait une dynamique en apparence comparable : il enregistrait un recul de -2,0 % au 1er décembre, contre -1,6% au 1er octobre. Il est cependant plus affecté encore par le contexte sanitaire, avec des mortalités de vaches en légère hausse, et une baisse de fertilité non seulement au niveau des génisses mais également des vaches, donnant lieu à une contraction nette des naissances depuis début septembre. Dans ce contexte d’incertitudes sanitaires qui affecte le moral des éleveurs, nous supposons que l’année 2025 verra une poursuite de la dynamique de décapitalisation au rythme de 2024, avec un cheptel attendu à -1,8% fin 2025. Les effectifs de génisses seraient légèrement renforcés en ferme, mais ce surplus pourrait en partie s’orienter vers l’engraissement, avec une baisse des entrées en production de primipares. Nous attendons alors 656 000 réformes allaitantes, en baisse de 3,6% /2024.

Les abattages de génisses devraient pour leur part afficher une hausse de 9 500 têtes (ou +1,9%) , notamment du fait de la présence renforcée de génisses croisées lait x viande.

Chute des exportations de broutards (-8%)

Si le rythme du recul des exportations de broutards s’est légèrement atténué en 2024 (-5,6% /2023 contre environ -7% les deux années précédentes), il devrait à nouveau s’amplifier en 2025, autour de -8 % soit -77 000 têtes d’après nos estimations. En cause, la baisse du cheptel, les problèmes de fertilité et la réorientation des broutards vers les ateliers d’engraissement français.

Les naissances issues du cheptel allaitant se contractent durablement sous l’effet de la décapitalisation, pénalisant le disponible en mâles et génisses de type viande. Les problèmes sanitaires viennent se superposer et affecter les naissances d’automne, habituellement stables d’une année à l’autre. Ainsi au 1er décembre 2024, les mâles âgés de 6 à 12 mois affichaient une baisse de 15 000 têtes (-2%), tandis que les moins de 6 mois reculaient de 51 000 têtes, soit -9% /2023.

Les engraisseurs français sont parvenus à stabiliser leurs achats en 2024, malgré les faibles disponibilités, et ce au détriment des exportations de broutards qui ont baissé de 5,6% en 2024. Ce dynamisme de l’engraissement français devrait se poursuivre au 1er semestre 2025, mais les tensions déjà fortes sur le marché européen du broutard devraient s’amplifier au 2nd semestre, et conduiraient à exporter une proportion un peu plus forte des mâles disponibles. Au total sur l’année, les exportations de broutards devraient connaitre une baisse inédite, autour de -8,2% /2024.

Consolidation des sorties de taurillons (+0,3%)

La production de mâles non castrés devrait être stable en 2025, malgré de fortes tensions sur le broutard.

Si la baisse de production de jeunes bovins de type laitier a été plutôt modeste en 2024 (-2,5 %/2024, - 3 000 têtes), elle devrait s’accentuer de nouveau en 2025. Les effectifs de mâles laitiers de plus de 6 à 18 mois présents en BDNI sont en effet en baisse marquée. Nous attendons ainsi une production en baisse d’environ 8 000 têtes en 2025.

La production de jeunes bovins de type viande est en revanche dynamique, relativement aux mâles disponibles pour engraissement. Les effectifs présents en fermes laissent attendre une production en hausse au 1er semestre, mais probablement légèrement baissière au 2nd semestre ; au total nous attendons une légère hausse des sorties de jeunes bovins de type viande sur l’année, autour de +6 000 têtes.

La production de mâles non castrés devrait ainsi afficher une légère baisse en têtes, baisse toutefois compensée par la hausse du poids moyen liée d’une part à la plus grande proportion d’animaux de type viande, et d’autre part à la progression génétique des poids des bovins de races à viande.

Par ailleurs, même si elle reste secondaire en tonnages, la production de bœufs marque un retour inattendu en 2024, avec +4% /2023. La forte hausse des effectifs en ferme de mâles âgés de plus de 2 ans nous laisse présager d’une hausse des abattages encore plus marquée en 2025, autour de +10%.

Baisse moins prononcée pour les veaux de boucherie

La production de veaux de boucherie a enregistré une baisse moins marquée en 2024, limitée à 4% contre 7% les deux années précédentes. La production pourrait encore mieux résister en 2025 (-2%).

La production de veaux de boucherie est en baisse structurelle, mue d’une part par le recul de consommation qui incite les intégrateurs à réduire chaque année la production pour maintenir un marché fluide, et d’autre part par le difficile renouvellement de la production (départs en retraite, hausse des coûts de construction des bâtiments). L’évolution des coûts alimentaires et énergétiques avait conduit les intégrateurs à réduire drastiquement les mises en place et donc la production en 2022 et 2023, Les niveaux de charges de l’atelier se sont stabilisés en 2024 et la production de veaux a ainsi retrouvé une dynamique moins baissière (-4,3% en 2024 /2023), et a même montré quelques signaux positifs en particulier au niveau du remplacement des départs en retraite. Nous attendons ainsi en 2025 une baisse encore ralentie, autour de -2% en têtes et en tonnages.

La consommation baisserait moins que la production

En 2025, la consommation de viande bovine pourrait baisser moins fortement que la production. Par ailleurs les volumes exportés resteraient relativement dynamiques, compte tenu de la demande chez nos partenaires européens. Ces deux évolutions se traduiraient par des importations en légère hausse.

Nous prévoyons une baisse limitée de la consommation par bilan en 2025 (-1,0% /2024). Les volumes consommés ont déjà reculé significativement en 2023 et 2024 sous l’effet de l’inflation et de la contraction du pouvoir d’achat. Après avoir ralenti en 2024, l’inflation devrait rester faible en 2025. Le bœuf reste par ailleurs une viande très appréciée des familles et bien mise en avant en restauration. Cela devrait limiter la baisse des volumes consommés. Toutefois, la consommation de viande française (VBF) se réduirait plus fortement (-2,5% /2023) compte tenu de la baisse des abattages de femelles, principale viande consommée en France.

Les importations devraient rebondir (+3%) pour compenser le recul des abattages et notamment ceux de femelles. La viande importée devrait toutefois arriver à un prix plus élevé que l’an dernier étant donnée la baisse des cheptels en UE.

Les exportations de viande augmenteraient légèrement (+1%), stimulées par un marché européen qui a retrouvé du dynamisme et qui manque de jeunes bovins. La production est en effet attendue en baisse significative en Italie et en Allemagne. 

France : Bilan d’approvisionnement en viande bovine – veau inclus (1 000 téc) 

 

Toutes ces prévisions ont été élaborées par le GEB-Département Économie de l’Institut de l’Élevage

Pour plus d’information : Éva GROSHENS Caroline MONNIOT

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.