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Prévisions Viande Bovine 2023 – baisse de production dans le sillage du cheptel

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Conseil en élevage Marchés Lait et viande Bovin viande
La production de viande bovine devrait baisser en 2023 pour la 3e année consécutive. La réduction des cheptels laitier et allaitant depuis 6 ans 1/2 limite en effet les disponibilités de toutes les catégories de bovins. Les importations poursuivraient leur rebond, limitant l’érosion de la consommation à -0,5%. Les exportations de viande déclineraient faute de disponibilités en viande de JB. Les exportations de broutards baisseront dans le sillage du cheptel allaitant.

-1,6% pour la production française de viande bovine en 2023


Après une chute de près de -5% en 2022, la production nette de bovins finis reculerait encore en 2023 à 1,337 million de tonnes équivalent carcasse (-1,6% /2022). Les tonnages de femelles baisseraient de -13 000 téc, ceux de mâles non castrés de -3 000 téc, ceux de bœufs de -1 000 téc et ceux de veaux de boucherie de -4 000 téc. Les exportations de broutards reculeraient encore (-3%) après une chute très marquée en 2022.

Repli de la production de femelles 


Après un net recul en 2022 (-3,7% /2021), les abattages de femelles devraient continuer de baisser en 2023 (-1,7%). Les réformes laitières seront de nouveau significativement réduites. Les réformes allaitantes pourraient être quasiment stables. Mais les poids de carcasse devraient poursuivre leur déclin dans les 2 cheptels.


La décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes, entamée à l’été 2016, s’est encore accélérée en 2022. Le rythme annuel est passé de -2,8% fin 2021 à -3,0% fin 2022, le recul des entrées de primipares dans le cheptel ayant été plus fort que celui des sorties de vaches. La décapitalisation pourrait se poursuivre en 2023, suivant le rythme élevé enregistré en 2022. Le nombre de génisses de renouvellement étant quasiment stable, les réformes allaitantes seraient presque stables. Mais les poids moyens pourraient continuer leur repli (-0,7%). En effet, la proportion des races lourdes continue de se réduire dans le cheptel (les effectifs de Blondes, Charolaises, Rouges des prés ont baissé plus vite que ceux d’autres races ces dernières années, notamment de races rustiques…). Par ailleurs, bien finir les vaches restera coûteux (prix des aliments) et le différentiel de prix entre les conformations guère incitatif pour les éleveurs.
Les génisses de boucherie pourraient être un peu plus nombreuses (+0,3%) en lien avec le développement de la contractualisation, et leur poids moyen serait stable, comme ces dernières années.

Le cheptel de vaches laitières s’est fortement réduit au cours de l’année 2022, à un rythme annuel passant de -1,8% fin 2021 à - 2,3% fin 2022. Les effectifs continueront de se réduire en 2023 du fait de la restructuration toujours à l’œuvre, mais un peu moins rapidement (-2,0%) grâce à un prix du lait attractif pour les producteurs. Ce ralentissement de la baisse provoquera une rétention des vaches en élevages, d’autant que les génisses de renouvellement prêtes à entrer en production en 2023 sont peu nombreuses. Les réformes de vaches laitières devraient donc reculer significativement (-4,3% /2022). Le coût élevé de la finition conduira à la poursuite de l’érosion de leur poids moyen. Les tonnages de vaches laitières abattues reculeraient alors de -4,5% /2022.

Moins de broutards à exporter 


Après la forte baisse enregistrée en 2022, les exportations de broutards baisseraient de -3% en 2023 (-30 000 têtes) du fait de la contraction des disponibilités.
Au 1er décembre 2022, les effectifs de mâles de mère allaitante âgés de 0 à 6 mois étaient en baisse de -1% /2021. La baisse du cheptel allaitant (-3,0%) conduira à un recul des naissances prononcé sur la principale période de vêlage de décembre à avril, conduisant à un repli du disponible en broutards.
La demande pour l’engraissement en France sera par ailleurs relativement dynamique, de nombreuses initiatives étant à l’œuvre pour contrecarrer la baisse de production. Le disponible exportable devrait donc être réduit.

Baisse des sorties de taurillons (-1%)


La production française de mâles non castrés baisserait de près de -1% en 2023. 
L’engraissement de jeunes bovins de type lait poursuit son déclin. Les effectifs mis en place pour des sorties en 2023 sont en baisse toujours significative, même si moindre que les années précédentes. En effet, quelques initiatives voient le jour pour enrayer la baisse, comme la contractualisation de sevrage auprès d’anciens éleveurs de veaux.  
La production de jeunes bovins de type viande pourrait être quasi stable, avec un peu plus de sorties au 1er semestre mais un peu moins au second.
Le poids moyen des carcasses des jeunes bovins progresserait légèrement, du fait d’une plus grande proportion de JB de type viande, plus lourds que les laitiers et croisés.


Baisse du poids moyen des bœufs 


Les effectifs de bœufs abattus seraient stables d’un an sur l’autre. En effet, les effectifs en BDNI au 1er décembre 2022 de mâles de 24 à 36 mois de races laitières et croisés de tout type étaient stables par rapport à 2021. Leur poids moyen poursuivrait toutefois sa baisse, en lien avec le rajeunissement des animaux, la moindre proportion de bœufs de race à viande pure au profit de croisés, la hausse de la proportion de bœufs bio et le coût élevé de la finition.

Toujours moins de veaux de boucherie 


Après une très forte baisse en 2022 (-7,4% /2021), la production de veaux de boucherie devrait poursuivre sa baisse structurelle en 2023 (-2,5%). 
La très forte hausse des coûts alimentaires et énergétiques pèse sur les charges de ces élevages, supportées à la fois par éleveurs et intégrateurs.  Cette situation a amené à réduire drastiquement les mises en place dès le printemps 2022, ce qui a conduit à une très forte baisse des sorties de veaux de boucherie. En 2023, la baisse sera moindre, mais restera significative (-2,5% /2022). En effet, les coûts alimentaires et énergétiques restent très élevés et les intégrateurs régulent par ailleurs la production pour maintenir un marché fluide. La production de veaux sous la mère est par ailleurs en difficulté et poursuivra sa baisse, d’autant que la réforme de la PAC qui s’applique depuis le 1er janvier lui est défavorable.


Après un recul en 2022 (-0,9%) lié à un marché plus fluide, mais aussi à la hausse de la part des fibres dans l’alimentation, les poids carcasse des veaux devraient être stables en 2023 si le marché reste fluide. 

Hausse des importations pour une quasi-stabilité de la consommation

En 2023 la consommation de viande bovine pourrait être quasiment stable, toujours tirée par la consommation de haché. Cette stabilité sous-entend toutefois une hausse des importations et une baisse des volumes exportés. 


La consommation totale calculée par bilan pourrait être quasiment stable en 2023 (-0,5% /2022). En effet, le bœuf reste attractif pour les consommateurs face aux autres protéines animales dont les prix de vente ont davantage augmenté, surtout le bœuf haché toujours très demandé pour la consommation à domicile comme en RHD. La consommation de viande française (VBF) se réduirait (-1,5%) compte tenu de la baisse des abattages en France.  
Les importations devraient poursuivre leur rebond pour remonter à plus de 390 000 téc. On se rapprocherait ainsi des volumes d’importations de 2006 à 2010. La viande importée viendrait ainsi compenser le recul des abattages de vaches laitières. Le différentiel de prix entre les vaches françaises et les vaches européennes reste en outre conséquent début 2023, ce qui est favorable aux imports.
Les exportations de viande s’éroderaient, en ligne avec la baisse de production de jeunes bovins. Par ailleurs, la demande pourrait se réduire sur le marché allemand où le pouvoir d’achat est mis à mal par une très forte inflation. Sur les marchés d’Europe du Sud, la viande espagnole restera très présente et continuera de concurrencer la viande française.
 

NOTA : Toutes ces prévisions ont été élaborées par le GEB-Département Economie de l’Institut de l’Elevage après concertation avec le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et FranceAgriMer.

Crédit photo : Michel Blossier

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.