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Lésions des trayons - Relation avec l’aptitude et les conditions de traite

Restitution des résultats du projet CASDAR MAMOVICAP

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Jean-Louis Poulet (Institut de l'Elevage)
Santé Traite Caprin
Les lésions du trayon ont été examinées sur plus de 3000 chèvres Alpine et Saanen issues de 16 élevages. Le projet CASDAR Mamovicap s'est intéressé aux facteurs qui ont pu les favoriser et à leur impact sur les cellules

Des lésions multiples, fréquentes mais souvent discrètes

     

Un référentiel des lésions des trayons a été élaboré : présence de kystes lactés, de congestions, anneaux de compression, hyperkératoses ou pincements. Seules les formes les plus marquées sont illustrées ci-dessous (fiche complète disponible en téléchargement).

 

les lésions des trayons ont été fréquentes (plus de la moitié des mamelles concernées par des anneaux de compression par exemple) mais le plus souvent discrètes et fugaces.

 

Impact des caractéristiques d'aptitude à la traite des chèvres : aspects morphologiques et fonctionnels

  

La fréquence des kystes lactés, des anneaux de compression, des pincements et des hyperkératoses augmente avec la durée de traite (et inversement, diminue pour des débits de traite plus élevés). Certaines lésions comme les congestions, les hyperkératoses ou les anneaux de compression semblent plus fréquentes en début de lactation alors que la fréquence des pincements tend à augmenter avec le stade de lactation. La parité ou encore la race pourraient également intervenir.

 

Sur un plan morphologique, on a constaté que les formes de mamelles et trayons davantage associées à des anneaux de compression ou des pincements, différaient des types morphologiques associés à davantage de congestion.

  • Les congestions sont apparues plus marquées pour des trayons plus inclinés vers l’avant et un peu plus divergents et des mamelles plus rondes, peut-être en relation avec le positionnement plus délicat des faisceaux trayeurs lors de leur branchement à la traite.
  • Les mamelles présentant davantage d’anneaux de compression et de pincements se sont caractérisées par de moins bonnes attaches avant et des trayons plus larges et/ou plus coniques.
  • Les pincements ont été plus fréquents sur des trayons plus longs et moins divergents que la moyenne.
  • Les anneaux de compression ont été plus sévères pour des mamelles plus fendues et par conséquent des trayons moins différenciés (éventuellement favorables à une remontée plus aisée du faisceau trayeur le long du corps du trayon). 

  

  

 

Les conditions de traite en question

 

Relier les lésions de la mamelle et les conditions de traite reste délicat. Ce thème a été abordé ici au travers de l'analyse des contrôles Opti'Traite, eux-mêmes réalisés plusieurs mois avant les observations. L'étude semble confirmer le lien entre qualité de la pulsation (et donc du massage) et survenue de congestions. Un état des faisceaux insatisfaisant pourrait jouer sur l'hyperkératose (dont il faut néanmoins rappeler qu'elle est peu fréquente). Un problème de vide (niveau et/ou régulation insatisfaisants) pourrait avoir une incidence sur l'observation de pincements et d'hyperkératoses.

Si l'on excepte la surtraite ou les manipulations de la mamelle (massage, notamment), aucun lien n'a été établi entre les incidents de traite (glissements, entrées d'air ou plus rarement, chutes) et les lésions des trayons.

 

Pas d'impact significatif sur les concentrations cellulaires

     

Les concentrations cellulaires disponibles pour étudier le lien entre concentrations cellulaires et lésions des trayons ont été acquises lors des contrôles de performance de routine, jusqu'à 45 jours avant ou après l'examen des mamelles. Dans ces conditions, aucun lien significatif n'a été mis en évidence entre concentrations cellulaires et lésions du trayon (exception faite des formes kystiques les plus sévères qui peuvent avoir une incidence sur la tenue du manchon et la vidange de la mamelle). Les lésions ne constituent en effet qu'un facteur de risque des infections de la mamelle. Par ailleurs, il est vraisemblablement nécessaire de prendre en compte la durée d'exposition à des conditions de traite "agressives".

L'ensemble de ces résultats nécessitent d'être consolidées grâce à un plus grand nombre d'observations, dans des configurations de traite diversifiées.

 

Nos remerciements vont aux éleveurs qui ont accepté de nous accueillir, aux étudiantes qui ont effectué les examens cliniques et aux conseillers des entreprises de conseil en élevage des Deux-Sèvres et de Vendée qui ont réalisé l'ensemble des suivis et enregistrements.

Les données de performances laitières ont été fournies par les Chambres d’agriculture, l’INRA, les organismes de contrôle de performances et d’insémination artificielle et les organismes de sélection aux Systèmes Nationaux d’Information Génétique.