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Identification électronique des bovins : Test des boucles en Lecture-Ecriture

Essai pratique sur bovins allaitants dans le cadre du projet WelHBeeF

Publié le par Sébastien Duroy (Institut de l'Elevage), Béatrice Mounaix (Institut de l'Elevage), Elise Vanbergue (Institut de l'Elevage)
Identification / RFID Bien-être Bovin viande Bovin lait
Développée initialement pour les puces électroniques des animaux de compagnie et des équins, la technologie de lecture-écriture a été testée pour la première fois sur des boucles électroniques bovines. L'essai a porté sur des jeunes bovins. Des données à caractère sanitaires ont été inscrites dans les boucles avant la sortie de l'élevage pour être valorisées à l'entrée en engraissement.

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Intérêt de la lecture-écriture

Au lancement des travaux de normalisation (ISO-2010), les puces électroniques « lecture-écriture » ne suscitaient pas une forte attente pour une utilisation en élevage.

Grâce à l’internet mobile, interroger une base de données à partir d’un numéro d’identification permet facilement de consulter à distance des informations individuelles d’un animal. Les inscrire dans la boucle d’oreille pouvait paraître redondant si les données sont disponibles, validées, sauvegardées et consultables dans des bases de données accessibles. De ce point de vue,  l’usage des puces  en  « lecture seule » (c-à-d les boucles officielles actuelles) répondait à l’essentiel des besoins.

Toutefois, la lecture-écriture présente un réel intérêt pour un accès à des informations individuelles d’usage immédiat, et ce dans 2 cas de figure :

  1. lorsque l’accès au réseau est impossible (cas des zones blanches par exemple),
  2. lorsque les bases de données n’existent pas, ou que leur accès est limité et non accessible à l’ensemble les détenteurs d’un animal au cours de sa carrière.

C’est dans ce second cas que se situe le contexte du projet WelHBeeF. A l’entrée en engraissement, avoir connaissance des vaccinations prodiguées à l’animal et de son régime alimentaire dans son élevage de naissance est essentiel pour l’éleveur-engraisseur en vue d’une gestion plus raisonnée de la transition alimentaire, des traitements et de la vaccination.

A défaut d’organisation dédiée à la traçabilité de ce type d’information, écrire dans la boucle d’identification constituait un moyen intéressant qu’il convenait de tester en conditions réelles. Le projet WelHBeeF a constitué un cadre expérimental parfaitement approprié pour tester la lecture-écriture des boucles électroniques pour la premières fois sur des bovins.

Comment ça marche ?

L’écriture des données s’effectue au moyen d’un lecteur portable piloté en bluetooth par une application smartphone.

La saisie, l’ajout, la consultation des données s’effectue sur le smartphone avec l'application. Le lecteur portable ne constitue qu’une passerelle entre le smartphone et la boucle.

La « lecture/écriture » requiert des matériels (boucles et lecteurs) conformes à la norme ISO 14223-3. Cette norme est compatible avec les matériels ISO en « lecture seule » utilisés aujourd'hui sur toutes les espèces animales.

Confronter la technologie aux conditions de terrain

La technologie étant encore assez récente (norme ISO de mars 2018), il était indispensable de la soumettre aux conditions du terrain et à minima vérifier qu’ :

  • écrire sur une puce était compatible avec les mouvements d’un bovin, 
  • écrire en plusieurs étapes, au gré des évènements sanitaires, était réalisable,
  • encoder une puce assurait une stabilité et une disponibilité des données dans le temps,
  • modifier des données était possible (en cas d’erreur de saisie par exemple).

Projet WelHBeeF

Ce projet portait sur l’étude de la préparation des broutards avant leur départ de l’élevage naisseur vers l’atelier d’engraissement. Des lots témoins et des lots d’animaux préparés ont été constitués dans chaque élevage. Les animaux préparés ont été vaccinés contre les troubles respiratoires et ont suivi un régime de transition alimentaire. Ces informations ont été enregistrées dans les boucles de tous les animaux du projet. Pour les besoins de l’essai, il a été choisi d’encoder : le nom du vaccin, les dates de 1ère et 2ème injection et un code « type de régime alimentaire » : 

 Pour les animaux témoins, les données ont été renseignées  à « xxx » et T0.

Le test a porté sur 170 broutards issus de 8 élevages naisseurs et destinés à 4 ateliers d’engraissement. Les boucles ont été posées et encodées chez les naisseurs pendant la phase de préparation, et au centre de rassemblement dans le cas des animaux témoins.

Une partie des animaux préparés a fait l’objet de deux écritures, une après chaque injection de vaccin. Pour les autres animaux, l’encodage a eu lieu en une seule étape (après la deuxième injection, ou au centre de rassemblement pour les témoins).

107 animaux ont pu faire l’objet d’une lecture de contrôle en fin de période d’engraissement. Une partie des boucles a également été récupérée après abattage pour un dernier contrôle au bureau.

Les enseignements

Contention

L’écriture des données s’effectue dans les conditions d’usage d’un lecteur portable, c’est-à-dire à une distance de 15 centimètres environ entre le lecteur et la boucle. Il est donc nécessaire de travailler sur des animaux bloqués, en cage de contention ou au cornadis.

Ecriture des données

L’écriture des données nécessite une durée de moyenne de 7 secondes  (cf. copie d’écran ci-contre). Le processus d’écriture est plutôt stable. Si l’animal s’écarte du lecteur par un mouvement de tête, le processus d’écriture ralentit légèrement mais va toutefois à son terme si l’opérateur maintient le lecteur dans la distance fonctionnelle des 15 centimètres.

Les points d’amélioration

L’application utilisée était dans sa première version et manquait malheureusement un peu
de stabilité. Il a été nécessaire de la relancer assez fréquemment ce qui a perturbé une quinzaine de lectures de contrôle réalisées en fin d’engraissement parmi les 107 animaux contrôlés.
C’est pourquoi un contrôle après abattage a été réalisé pour identifier l’origine du problème. Parmi les 15 boucles non lues au contrôle, les boucles expertisées après abattage se sont avérées lisibles et contenant bien les infos encodées. Cela confirmait que les problèmes de lecture constatés chez les engraisseurs étaient liés à l’application et non à un problème au niveau de la puce, ou de la communication avec le lecteur.

Les sujets non traités

La quantité maximale de données à enregistrer dans la puce devra faire l’objet de tests complémentaires. Considérant que :

  • la quantité de données à enregistrer détermine la durée de la phase d’écriture,
  • qu’une durée d’écriture trop longue nuirait à l’intérêt de l’outil,

le choix a été fait de n’enregistrer que les 4 données décrites ci-dessus afin de maximiser les chances de succès pour ce premier essai.

La question de la sécurisation des données n’a pas été traitée. L’intérêt principal était de vérifier la faisabilité d’écrire sur des boucles électroniques en conditions d’élevage. Le matériel utilisé a répondu aux besoins du test en permettant l’enregistrement, la lecture et le cas échéant la modification des données. Dans le cas de données plus sensibles, les fabricants seront probablement amenés à proposer des solutions de sécurisation et/ou de signature numérique.

Initialement créée pour le secteur vétérinaire (animaux de compagnie et équins), la technologie encore récente est donc également utilisable sur des animaux de rente. Ce test a montré que la boucle électronique constituait un support d’information possible circulant avec l’animal et consultable au long de sa carrière par ses détenteurs successifs.

Remerciements aux partenaires du projet WelHBeeF en particulier aux éleveurs et à EMC2 Elevage,
et à la société Datamars.