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Fiche n°17 - Rentrée en stabulation des génisses : comment évaluer si un traitement est nécessaire ?

Publié le par Nadine Ravinet
Santé Bovin lait Bovin viande

A la rentrée en stabulation des génisses (notamment les génisses rentrant de leur 1ère saison de pâturage), l’examen de choix pour évaluer si un traitement contre les strongles digestifs est nécessaire est le dosage de pepsinogène sérique.

L'ESSENTIEL

  • Le pepsinogène est une enzyme de la caillette qui intervient dans la digestion des protéines. Lorsque la paroi de la caillette est lésée, le pepsinogène peut passer dans la circulation sanguine, en quantité proportionnelle à l’étendue et à la gravité des lésions.

  • Le taux de pepsinogène sérique est un marqueur des lésions de la caillette, et un indicateur de la charge parasitaire chez les jeunes bovins. Savoir comment le pepsinogène passe dans le sang lors d’infestation par Ostertagia, cliquez ici.

  • Cet examen sanguin peut être utilisé sur les génisses à la rentrée en stabulation, pour évaluer l’intérêt d’un traitement anthelminthique à cette date, et évaluer rétrospectivement si le plan de contrôle de l’infestation a été efficace au cours de la saison de pâturage.

  • Sur le terrain : quand, pour quoi, et comment mettre en œuvre ce dosage de pepsinogène sérique ? voir figure n°17 ci dessous:

 

ATTENTION : Il faudra toujours faire des prises de sang (sur tube sec) sur 5 à 10 animaux provenant d’un ensemble homogène au regard de leur âge, de leur historique de pâturage, et des traitements vermifuges reçus.

Au laboratoire:

  • Un dosage sera réalisé pour déterminer la concentration en pepsinogène contenu dans le sérum des animaux prélevés. L’analyse de mélange est à éviter, ce sont donc des dosages individuels sur chacune des prises de sang envoyées (minimum 5) qui seront le plus souvent effectués. La méthode de dosage couramment utilisée est la méthode enzymatique INRA. (Pour en savoir plus sur cette méthode de dosage, cliquez ici)

  • Le résultat est donné en milli-unités de tyrosine (mUTyr).

     

     

     

     

     

ATTENTION: Tous les laboratoires n’utilisent pas la même méthode de dosage. Il est primordial de se renseigner sur la méthode employée car les résultats et seuils d’interprétation varient d’une méthode à une autre.

A la réception du résultat de dosage de pepsinogène sérique : comment interpréter ?

Le laboratoire envoie les résultats individuels, MAIS il faut faire une interprétation à l'échelle du lot. Pour cela, il faut faire la moyenne des taux de pepsinogène individuels.

Avec la méthode de dosage INRA (pour en savoir plus sur cette méthode de dosage, cliquez ici), les valeurs usuellement rencontrées à la rentrée en stabulation figurent dans le tableau ci-dessous et peuvent servir de base à l’interprétation des résultats.

 

 

Remarque : La répartition des taux individuels sur les 5 à 10 animaux testés pourra aussi être observée. En effet, il faut être prudent dans l’interprétation d’une moyenne qui apparaît assez haute à cause d’un seul individu. Par exemple, sur 5 individus testés, 4 peuvent être entre 700 et 1100 mUTyr, et un seul à 3400 mUTyr : on ne peut alors pas exclure que le seul individu présentant un niveau de pepsinogène très élevé souffre d’une atteinte de la caillette non liée aux strongles digestifs mais entraînant aussi une augmentation du taux de pepsinogène.

 

 

Interprétation des taux de pepsinogène mesurés avec la méthode de dosage INRA à la rentrée en stabulation:

Rappel de la situation dans laquelle le dosage a été fait

Moyenne des valeurs obtenues*
 (en
mUTyr)

Interprétation

Commentaires et

Conduite à tenir






Rentrée en stabulation des génisses.

Moyenne des taux de pepsinogène mesurés individuellement sur 5 à 10 génisses provenant d'un ensemble homogène en âge, en traitement anthelminthique, et en historique de pâturage.

Entre 300 et 600

Valeurs "normales"

Physiologiquement, une petite quantité de pepsinogène passe dans le sang. Les valeurs normales ne sont donc pas nulles.

ATTENTION aux valeurs proches des normes en fin de saison de pâturage: le contrôle a été trop drastique et n'a pas permis un contact favorisant le développement de l'immunité.

DONC: Si les valeurs sont trop basses en fin de saison, revoir vos pratiques de traitements anthelminthiques avec votre vétérinaire.

Un meilleur équilibre peut être trouvé pour favoriser l'installation de l'immunité tout en conservant une bonne croissance des génisses.

Autour de 1000

Faible charge parasitaire.

Absence de conséquence zootechnique ou sanitaire pour les animaux.

Installation de l'immunité.

Niveau moyen souvent constaté à la rentrée en stabulation quand le programme de contrôle de l'infestation a été efficace en cours de saison de pâturage.

DONC: Aucun traitement nécessaire à la rentrée en stabulation

Autour de 1500-1700

(parfois jusque 2000)

Charge parasitaire élevée avec une majorité de larves en hypobiose.

Risque de conséquences zootechniques même si les animaux n'ont pas de symptômes évidents d'atteinte digestive.

Les parasites enkystés dans la muqueuse de la caillette peuvent être nombreux. Attention au réveil des larves au printemps suivant (risque d'ostertagiose de type 2)

DONC: le traitement de rentrée en stabulation est nécessaire. Il sera à choisir avec votre vétérinaire (choix d'une molécule active contre les larves enkystées)