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[Cap'Vert 19] Bien enrubanner pour bien se porter

Du champ à l’auge, les facteurs de réussites (et de risques) liés à la récolte de l’herbe en enrubannage.

Publié le par Jérémie Jost (Institut de l'Elevage)
Alimentation - Abreuvement Caprin
Qu’il soit utilisé régulièrement et en quantité importante dans la ration ou de façon plus opportuniste, l’enrubannage est un fourrage d’intérêt en élevage caprin, riche et appétant, qui demande cependant une véritable maîtrise technique, du champ à la ration.

Récolte et bottelage : deux étapes clefs pour un enrubannage sain et de qualité !

L’enrubannage est réputé pour avoir une conservation risquée et plus sensible aux risques sanitaires mais ce n’est pas une fatalité. S’il est bien conservé, les risques ne sont pas plus élevés que pour le foin. L’objectif de l’enrubannage est de chercher de la valeur alimentaire à un stade précoce de la plante : une semaine avant le début de l’épiaison des graminées ou du bourgeonnement des légumineuses. Il est conseillé de faucher à 7-8 centimètres, d’une part pour éviter de ramasser de la terre, donc limiter les risques de listeria, et d’autre part pour garantir un séchage plus rapide et une bonne reprise du fourrage. Un autre critère important est le pourcentage de matière sèche. Il doit idéalement être à 55-60%. Mais la fenêtre météo étant courte il vaut mieux presser avant s’il y a risque de pluie. Il faut aussi veiller à faire des balles denses et régulières afin de chasser l’oxygène au maximum. Lors du filmage des bottes, il est important de ne pas percer le film plastique. Il doit bien coller à la botte afin de ne pas laisser de bulles d’air. Aussi ne faut-il pas filmer sous la pluie. Il est indispensable de mettre le bon nombre de couches : 4-6 minimum pour les graminées et 6-8 pour les légumineuses. L’enrubannage ne doit pas se faire plus de quelques heures après le pressage afin d’éviter le développement des bactéries aérobies. Il est préférable de ne pas déplacer les bottes en dehors du jour de leur confection ou de celui de leur utilisation. L’enrubannage peut être utilisé dès que la fermentation a eu lieu, ce qui se fait en 4 à 6 semaines. Dans l’idéal, les bottes ne doivent pas être gardées plus d’un an.

L’enrubannage dans la ration des chèvres : quelques recommandations

L’enrubannage est souvent un fourrage appétant et riche. Il faudra donc adapter la ration à l’ingestion et à la valeur de ce dernier. Il ne faudra jamais hésiter à ne pas distribuer un enrubannage avec des taches de moisi. Lors de l’incorporation d’enrubannage dans la ration, il faudra prévoir une période de transition alimentaire de 1 à 2 semaines, soit 200 g d’enrubannage environ en plus par chèvre et par jour. La complémentation sera adaptée au fur et à mesure. L’enrubannage sera rationné, en visant un taux de refus inférieur à 5%. En complément, on conseille d’ajouter un foin qui sécurisera la ration. Viser un taux de refus sur le foin de 10 à 15 %. Le pilotage de la ration se fera sur les taux de refus des fourrages. Derniers conseils : ne pas conserver une botte ouverte plus de 2 jours en été (3 jours en hiver) et ne jamais jeter les refus d’enrubannage dans la litière.

Intervenants : Bertrand Bluet (Chambre d’Agriculture de l’Indre), Rémi Couvet, Quentin Benoit et Laurène Robin (Saperfel), Théophane Soulard (Seenovia)

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