Statistiques des inséminations sur femelles laitières : le croisement laitier – Campagne IA 2020-2021
Bilan des inséminations animales bovines 2021
Sommaire
- Volume des inséminations en croisement laitier
- État des lieux de la campagne 2020-2021
- Évolution du volume d’inséminations en croisement laitier
- Distribution sur le territoire des IAP croisées lait sur femelles laitières
- Les élevages qui pratiquent le croisement laitier
- Races utilisées en croisement laitier
- Races de femelle
- Races de taureau
- Quels sont les croisements entre races les plus courants ?
- Quelle utilisation de la semence sexée chez les IAP croisées lait ?
- Quelle suite donnée à une IAP en croisement laitier ?
Volume des inséminations en croisement laitier
État des lieux de la campagne 2020-2021
Parmi les inséminations sur femelles laitières par un taureau enregistré en monte publique, que ce soit en insémination première (IAP) ou sur les inséminations totales (IAT), les IA en croisement laitier représentent 6% des inséminations.
On ne constate pas d’insémination préférentielle de génisses ou vaches en croisement laitier. Pour chaque statut de femelle on retrouve 6% des inséminations premières en croisement laitier.
IA sur femelles laitières | Nb IA totales | Nb IA croisées lait | % IA croisées lait |
---|---|---|---|
Inséminations animales totales | 5 837 353 | 358 311 | 6,1% |
Inséminations animales premières | 3 097 742 | 188 510 | 6,1% |
Évolution du volume d’inséminations en croisement laitier
Depuis plusieurs années maintenant, le nombre d’inséminations totales continue de baisser, en lien notamment avec la décapitalisation du cheptel laitier français.
D’après le graphique ci-dessous, le nombre d’inséminations totales en croisement laitier fluctue selon les années mais présente une tendance à la hausse sur ces dix dernières campagnes. Depuis la campagne 2019, le nombre d’IAT croisées lait diminue. La proportion d’IA en croisement laitier augmente timidement, passant de 4% des IAT sur femelles laitières en 2011 à 6% en 2021.
Si on distingue l’évolution du nombre d’IA premières et le nombre d’IA en retour réalisées en croisement laitier, on constate des tendances inverses. On appelle « IA de retour » toutes les IA qui ont un rang d’IA supérieur à 1, soient toutes les IA qui ne sont pas des IAP. La répartition entre IAP et IA de retour est sensiblement équivalente. Si jusqu’en 2015 le nombre d’IA en croisement laitier de retour était légèrement plus élevé que des IAP de même type, après une phase 50/50 entre la campagne 2016 et 2019, depuis les deux dernières campagnes ce sont les IAP en croisement lait qui sont plus nombreuses que les IA de retour. La baisse du nombre d’IAT en croisement laitier s’explique notamment par une baisse du nombre d’IA de retour croisées lait. Le nombre d’IAP en croisement laitier est plutôt stable sur ces deux dernières années.
Distribution sur le territoire des IAP croisées lait sur femelles laitières
La carte ci-dessous présente la répartition en France du nombre d’IAP réalisées sur femelles laitières en croisement laitier par canton (dégradé violet) ainsi que l’évolution du nombre de ces inséminations par département depuis la campagne 2010-2011 (cercles de couleur).
Les inséminations premières en croisement laitier se trouvent notamment dans les zones où le nombre de femelles laitières est important, comme dans le Grand-Ouest et le Nord. Toutefois, on constate que le croisement laitier semble moins pratiqué dans l’Est de la France. Quelques cantons de Moselle et du département des Vosges font exception. De même, les femelles laitières présentent dans le Massif-Central ne sont pratiquement jamais inséminées en croisement laitier.
La grande majorité des départements montrent une évolution positive de leur nombre d’IAP croisées lait. Les départements avec une évolution négative sont surtout des départements avec peu d’élevages laitiers dans leurs zones.
Les départements de Savoie et Haute-Savoie connaissent eux une baisse de 40% malgré une activité insémination sur femelles laitières totales plutôt stable sur ces 10 dernières campagnes.
Les élevages qui pratiquent le croisement laitier
Parmi les 52 260 cheptels qui ont enregistré au moins une insémination sur femelle laitière, 38 571 ont réalisé au moins 10 IAP sur femelles laitières avec un taureau de type lait. C’est cette sous-catégorie de troupeaux qui est utilisée comme base ici. De cette façon, on corrige notre étude des trop petits troupeaux ou des troupeaux entièrement croisés en viande.
Parmi donc les troupeaux laitiers d’au moins 10 IAP sur femelles laitières toujours en activité laitière, voici comment se répartit la distribution des cheptels en fonction de leur taux d’utilisation des IAP en croisement lait.
Ratio IAP croisées lait / IAP par taureau laitier | Nb cheptels |
---|---|
[0;1[ | 18 625 |
[1;10[ | 11 270 |
[10;25[ | 4 488 |
[25;50[ | 2 272 |
[50;75[ | 837 |
[75;100[ | 704 |
[100] | 375 |
Total général | 38 571 |
On dénombre donc 19 946 cheptels réalisant au moins 1% de leurs IAP sur femelles laitières avec un taureau laitier d’une autre race que la femelle inséminée. Cela représente 52% des troupeaux étudiés. Pourtant, seuls 1 079 troupeaux en France réalisent au moins 75% de leurs IAP en croisement laitier. C’est 3% des troupeaux laitiers étudiés ici.
D’après ces chiffres, on peut supposer que le croisement laitier est une pratique qui intrigue les éleveurs laitiers : nombreux sont ceux qui s’essayent à la pratique sur quelques femelles de leurs troupeaux, mais très peu d’entre eux se sont engagés entièrement dans une stratégie de croisement sur l’intégralité de leur troupeau.
Si les 38 571 élevages laitiers étudiés ici (histogramme bleu) se répartissent de façon assez équilibrée entre des élevages pratiquant [20 ; 40[ IAP, [40 ; 60[ IAP , [60 ; 80[ IAP ou [100 ; 200[ IAP ; les 1 079 élevages avec au moins 75% IAP croisées lait sont majoritairement (+ d’un tiers d’entre eux) présents dans des élevages pratiquent entre 20 et 40 IAP sur la campagne. Ce sont donc plutôt des élevages de petite taille ou pratiquant peu l’insémination animale.
Les élevages avec au moins 75% IAP croisées lait représentent 6% des élevages dans la classe [10;20[ IAP et 5% des élevages de la classe [20 ;40[ IAP. Leur proportion dans les autres classes sont minimes (entre 2,4% et 0,9%).
Races utilisées en croisement laitier
Races de femelle
A l’échelle de ces dix dernières campagnes d’inséminations, on observe une hausse de 52% du nombre d’IAP croisées lait en France. Cette hausse n’est pas constante dans le temps. Si entre 2011 et 2016, les IAP croisées lait ont augmenté de 33%, entre 2016 et 2021 leur augmentation n’est plus que de 14%. La tendance à la hausse que l’on observait il y a quelques années sur le croisement laitier se ralentit.
Les éleveurs semblent majoritairement faire le choix d’une insémination en croisement lait sur leurs femelles elle-même croisées : 67% des IAP en croisement laitier concernent des femelles laitières de code race 39. Un peu moins d’un quart des IAP croisées sont réalisées sur des femelles de race Prim’holstein. 5% des IAP croisées lait concernent des femelles montbéliardes. Cette proportion est stable depuis 10 campagnes.
En termes de volumes, les femelles prim’holstein ont plus que doublé (x 2,3) leur nombre d’IAP en croisement laitier depuis 10 ans passant de 18 500 IAP croisées lait en 2011 à 43 500 IAP en 2021. Les femelles croisées, montbéliardes et « autres races laitières » ont respectivement vu leur volume d’IAP augmenter de 46%, 40% et 41%.
D’après le graphique suivant, on peut voir qu’en fonction de la race de femelle, l’évolution de l’activité insémination en croisement laitier est différente.
Hormis la race Pie-Rouge, toutes les races présentées ont connu une augmentation de leur nombre d’IAP croisées lait entre les campagnes 2011 et 2016. C’est entre la campagne 2016 et 2021 que les évolutions diffèrent en fonction des races.
Les femelles croisées et « autres races » continuent leur hausse mais de manière moins spectaculaire : +32% entre 2011 et 2016 contre +11% entre 2016 et 2021 pour les femelles croisées et +22% entre 2011 et 2016 et +15% entre 2016 et 2021 pour les femelles « autres races ».
Le nombre d’IAP croisées lait sur femelles montbéliardes est stable entre 2016 et 2021. Les femelles normandes qui avaient pris la même direction que les autres races entre 2011 et 2016 avec +20% d’IAP croisées lait ont finalement rebroussé chemin avec -39% d’IAP croisées lait entre 2016 et 2021. Seules les femelles de race Prim’holstein conservent une augmentation constante du nombre d’IAP croisées lait avec pour les deux périodes environ +50% d’IAP en croisement laitier.
Races de taureau
D’après le graphique ci-dessous, les différentes races de taureaux laitiers ne sont pas toutes utilisées avec la même intensité en croisement laitier. En 2021, entre 35% et 38% des IAP de taureaux de races Jersiaise, Brune et Simmental sont réalisées sur des femelles d’autres races laitières.
La race Jersiaise est intéressante en croisement laitier car elle apporte notamment des taux au lait, de la rusticité et un gabarit plus petit. La race Brune permet de garantir un bon niveau de production tout en augmentant la matière utile dans le lait et les caractères fonctionnels. La race Normande est appréciée pour sa mixité avec du gabarit et une aptitude au pâturage. La Simmental apporte aussi cette part de mixité avec un atout notamment sur les caractères fonctionnels, notamment sur la reproduction. Les races Montbéliarde et Rouge Scandinave sont deux races qui ont déjà fait leur preuve en croisement (Procross). Elles apportent des taux, de la santé et de la fertilité.
Le dossier sur le croisement laitier expose différents résultats d’études et les atouts à la pratique du croisement laitier.
On constate que malgré peu d’IAP réalisées (< 20 000), les taureaux de race Pie-rouge réalisent plus de la moitié (54%) de leurs inséminations en croisement laitier. L’activité en croisement chez cette race est à la fois forte chez les femelles mais aussi chez les taureaux.
L’utilisation des taureaux de race Rouge Scandinave est pratiquement exclusive sur des femelles d’autres races laitières. En effet, l’effectif de femelles en France de cette race est assez faible avec juste 345 femelles inséminées.
Sur ces données par race de taureau, il y a peu d’évolution par rapport à la campagne précédente. Les tendances sont stables.
Jusqu’en 2015, c’est l’augmentation du nombre d’IAP réalisées par des taureaux de race Prim’Holstein qui explique l’évolution croissante du croisement laitier. La part des IAP par des taureaux normands ou montbéliards diminue et le volume d’IAP réalisées par l’ensemble des autres races reste constant entre 18% et 19%.
A partir de 2015, la courbe du nombre d’IAP croisées lait des taureaux prim’holstein s’inverse. Entre 2015 et 2021, c’est environ 16 700 IAP réalisées en moins par cette race de taureaux. Mais le nombre total d’IAP croisées lait continu de croître, notamment entre 2016 et 2017 grâce à l’augmentation des IAP par des taureaux d’autres races comme la Jersiaise et la Rouge Scandinave.
Quels sont les croisements entre race les plus courants ?
Les inséminations premières en croisement laitier les plus fréquentes sont :
Le graphique ci-dessus expose la grande diversité de croisements réalisés dans les élevages laitiers en première insémination. Le croisement entre femelles croisées et taureaux prim’holstein est le plus populaire. Les taureaux montbéliards connaissent aussi une grande popularité. Mais on note que 40% des IAP croisées lait sont réalisées sous diverses races supports.
Le graphique ci-dessus permet de visualiser quelle race de femelle est associée à quelle race de taureau en première insémination. On constate qu’environ la moitié des inséminations croisées sur femelles croisées, montbéliardes et normandes sont réalisées avec des taureaux prim’holstein. La proportion de femelles inséminées avec un taureau Prim’Holstein est de 60% chez les femelles brunes et plus de 85% chez les femelles de race Pie-Rouge.
Plus d’un tiers des femelles prim’holstein avec une IAP croisée lait le sont avec des taureaux montbéliards. Les taureaux de race Simmental sont assez populaires chez les femelles montbéliardes. Cela est sûrement dû à une pratique territoriale avec deux races principalement présentes dans l’Est de la France. Tout comme le croisement de femelles montbéliardes avec un taureau de race Vosgienne.
Les taureaux jersiais sont utilisés notamment sur des femelles prim’holstein, normandes et brunes. Les taureaux de race Pie-rouge sont appréciés sur les femelles prim’holstein et normandes. La plus grande diversité de taureaux utilisés se trouve chez les femelles de race Prim’Holstein. C’est attendu car c’est la race la plus présente en France et avec des performances en production laitière importante. Elle est un support intéressant pour valoriser à la fois de la quantité et de la qualité de lait en l’associant avec une autre race de taureau. Enfin, ce sont chez les femelles jersiaises que l’on trouve la plus grande part de taureaux « autres races ».
Quelle utilisation de la semence sexée chez les IAP en croisement laitier ?
Si l’activité des inséminations premières sexées en IA de race pure est comparée à celle des IA croisées lait sur femelles laitières, on constate que sur vaches il n’y a pas de différence. Que ce soit sur l’ensemble des IAP race pure ou sur les IAP croisées lait, 9% des IAP sont sexées. C’est 1% de plus que la campagne précédente pour les IAP en race pure et 2% de plus pour les IAP en croisement laitier.
Semence sexée | IAP race pure sexées | IAP croisées lait sexées | |
---|---|---|---|
Génisses | Nombre | 246 158 | 12 702 |
% IAP | 34% | 27% | |
Vaches | Nombre | 143 378 | 12 570 |
% IAP | 9% | 9% |
Chez les génisses, les IAP croisées lait sont moins propices à être sexées que les IAP en race pure. La proportion reste élevée avec 27% des IAP croisées lait sexées, mais cela représente 7% des moins que les IAP sexées en race pure.
L’un des objectifs de l’utilisation de la semence sexée étant de choisir les mères supports du futur renouvellement, on peut émettre l’hypothèse que l’absence d’évaluation génétique disponible pour les femelles croisées amène les éleveurs à ne pas forcément choisir leur renouvellement sur les veaux issus des primipares mais qu’ils préfèrent attendre une première performance de lactation pour déterminer quelles seront les vaches à utiliser comme mères des futures génisses de renouvellement.
Des travaux menés par l’UMT eBIS ont pour objectif de développer une méthode d’évaluation génétique des animaux croisés qui pourra être mise en place à GenEval, à la demande des organismes de sélection. Une présentation au congrès mondial de génétique animale (Rotterdam, juillet 2022) des premiers résultats de ces travaux sont encourageants. La méthodologie et les premiers résultats sont présentés dans un diaporama disponible à ce lien. La précision des évaluations sur des caractères de production est satisfaisante et les tests continuent pour améliorer le modèle (inclure données de taureaux de race pure, …).
Quelle suite est donnée à une IAP en croisement lait ?
En 2021, on dénombre 188 500 inséminations premières en croisement laitier, soit 6% des IAP sur femelles laitières.
32% des IAP croisées lait sont suivies d’une IA2 croisées lait. 62% des IAP croisées lait ne sont pas suivies d’une nouvelle insémination.
Au global, on retrouve des tendances équivalentes à la stratégie observée pour les IA de race pure sur femelles laitières : environ 30% de retour du même type d’IA, à chaque nouveau rang d’IA, et une proportion croissante d’IA en croisement viande lorsque le rang d’IA augmente. A la différence près, entre une stratégie IAP en race pure et IAP en croisement lait, que le taux d’IA de retour en croisement viande augmente moins vite et la proportion de non-retour plus vite pour une stratégie d’IAP en croisement lait.
Mais est-ce le résultat de meilleures performances de reproduction des femelles inséminées en croisement lait ? Ou les femelles inséminées en croisement lait en première intention font plus souvent parties d’élevages utilisant des taureaux de monte naturelle pour les retours ?