La filière veau de boucherie en France : un potentiel à maintenir (429-novembre)
Dossier Economie de l'Elevage n° 429 - novembre 2012
Mais la filière française peut compter sur des éleveurs motivés et engagés dans la production. La majorité de ceux interrogés pour cette étude considère que la production de veau de boucherie est un atout pour leur exploitation, un bon choix de diversification en termes d’organisation du travail, dont les avantages financiers ne sont pas négligeables. Cependant l’évolution des méthodes d’élevage fait peser de plus en plus de contraintes, notamment l’alimentation des veaux, avec la distribution croissante de fibres. Les éleveurs, pour la plupart intégrés, demandent également à ce que leurs coûts soient mieux pris en compte dans leur rémunération. Les entreprises font, de leur côté, part de leur inquiétude quant au maintien du potentiel de production. Le recrutement et l’installation de nouveaux éleveurs ne compensent pas les départs. Les causes les plus souvent citées pour expliquer les difficultés d’installation sont les astreintes liées à l’élevage, le peu d’encouragement des pouvoirs publics, le manque de candidats dans certaines régions et l’incertitude sur le devenir de la PAC. Pour les entreprises, la relance de la dynamique dans le secteur passe, entre autres, par des actions de communication filière, aussi bien vis-à-vis des consommateurs que vers les éleveurs potentiels.
Aux Pays-Bas, la production n’a cessé de progresser depuis 40 ans. Cependant, elle pourrait être confrontée à certaines limites. Le renouvellement des éleveurs n’est pas problématique. Les agrandissements et les reprises d’ateliers par la génération suivante au sein d’une même famille compensent les départs à la retraite. En outre, les banques soutiennent le secteur. Les freins dans le développement de la filière sont à rechercher au sein même du système de production néerlandais. La forte dépendance aux importations de petits veaux, la concentration des élevages dans des zones sous fortes contraintes environnementales ainsi que la pression de la société civile contre les élevages de grande taille freinent le développement de l’élevage de veaux de boucherie. Le développement des entreprises néerlandaises pourrait s’orienter vers davantage d’engraissement en France, où elles sont déjà fortement implantées, et l’export vers les pays tiers, dont les volumes connaissent une progression constante.
En Italie, la production est en recul depuis une vingtaine d’année et la tendance ne semble pas devoir se renverser à court terme. Le pays importe un tiers de sa consommation de viande de veau des Pays-Bas et près de 10% de sa production nationale provient de petits veaux importés. Mais au-delà de la concurrence néerlandaise, qui allie bas prix et force de frappe commerciale, le déclin de la production italienne est à chercher au sein des relations entre les différents maillons de la filière. Le manque de confiance qui règne dans la production italienne mène de nombreux opérateurs à s’orienter vers une intégration verticale, dans le but de contrôler le maximum de maillons. La problématique du renouvellement des éleveurs se pose en termes proches de celle de la France. De nombreux petits éleveurs arrêtent la production et la création de nouveaux ateliers se heurte à la difficulté de trouver des investisseurs et aux problèmes d’environnement dans les zones où la densité d’élevages est déjà importante. Certains grands intégrateurs préfèrent développer leur production en propre, avec des salariés.
La France semble donc être, parmi ses concurrents, le pays où la dynamique de production apparaît la plus solide. Elle dispose de veaux, de matières premières laitières et constitue plus grand bassin de consommation en Europe. Elle a surtout le potentiel de production dont le maintien est un enjeu d’avenir pour la filière.